Nuit de printemps

 

 

 

Quand la nuit descend sur la terre fatiguée, quand les oiseaux des bois et les petites fleurs de mon jardin vont se reposer après une longue journée, quand l’Occident est en feu ; quand, des vallées et des ruisseaux, pleines de mélancolie parviennent jusqu’à moi tes voix, ô nature ! oh ! que mon regard se repose avec bonheur sur ce spectacle !

 

Voici la lune pleine qui commence à l’Orient sa carrière superbe. On entend de doux chuchotements dans les hêtres et les tilleuls, et, là-bas, dans le vert berceau, au fond du jardin, là-bas, près de ce parc de roses, tant de fois choisi par les amants comme une douce retraite, on entend des gazouillements merveilleux.

 

Silence ! car c’est l’heure de prier, l’heure de repos et d’amour. Si l’ennemi qui froissait notre âme était là devant nous, nous lui donnerions maintenant la main, nous l’étreindrions dans nos bras, pardonnant ses offenses, nous comblerions le fossé (qui nous sépare) et, de cet instant, toute pensée haineuse serait loin de nous.

 

La rosée tombe sur les campagnes, et de loin on entend beugler les vaches des fermes cachées dans le feuillage, on écoute le chant du pâtre ; les blondes herbes frémissent, on voit briller dans le ciel d’azur les astres superbes, qui disent à l’homme : C’est dans ces salles splendides qu’est la d meure de l’Éternel.

 

Et le hameau dans la vallée, le bruissement du feuillage, les chants des oiseaux, et le parfum des fleurs, ces merveilles sublimes, l’éclat argenté de la reine des nuits et l’étoile du soir disent à mon âme : Le Père n’est pas loin ; comme le grand Dieu est bon !...

 

... Oh ! mon cœur est si pur, si rempli de nobles pensées ! J’adore le rire cristallin des enfants, et les rayons du printemps éclairent mes sentiers ! Mon âme déborde de reconnaissance, et, dans cette nuit printanière, ma prière s’élève vers toi, Père, pour les êtres qui me sont chers et que je recommande à ta bonté...

 

 

G.-F. VAN DUYL.

 

Paru dans La Jeune France en 1882.

 

 

 

 

 

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