Citations et extraits

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Ludwig von BEETHOVEN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Résignation, résignation profonde à ton sort ! Seule, elle te permettra d’accepter les sacrifices que demande le « service ». Oh, lutte pénible ! Prépare le lointain voyage par tous les moyens. Fais tout ce qui est nécessaire pour réaliser ton vœu le plus cher, et tu finiras par réussir.

 

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Ne sois plus homme que pour autrui, renonce à l’être pour toi-même ! Pour toi, il n’est plus de bonheur, hormis en toi, par ton art. Oh Dieu ! donne-moi la force de me vaincre ! Rien, désormais, ne doit plus m’enchaîner à la vie.

 

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...Et les nuages feraient-ils pleuvoir des torrents de vie,

Jamais le saule ne portera de dattes.

Ne gaspille pas ton temps avec de mauvaises gens :

Une canne ordinaire ne te donnera jamais de sucre.

Peux-tu te forger une bonne lame avec de la molle argile ?

La nature du loup, fût-il élevé par l’homme, sera-t-elle jamais changée ?

N’est-ce pas la même pluie qui, en sol salin,

Fait pousser les ronces et les épines et, dans les jardins, éclore des fleurs ?

Ne gaspille ni les semences ni les soins précieux :

Faire du mal à ce qui est bon et du bien à ce qui est mauvais, c’est la même chose.

 

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Veux-tu savoir pour quelle raison les étoiles se lèvent et se couchent au firmament ? Ici-bas, le fait seul est évident, le pourquoi sera révélé au jour suprême de la résurrection.

 

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Il y a beaucoup à faire sur cette terre. Hâte-toi !

 

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Car le sort a donné à l’homme cette faculté : le courage de tout supporter jusqu’à la fin.

 

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La haine rejaillit sur ceux qui l’ont engendrée.

 

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Perfectionner, si possible, l’appareil auditif, et puis voyager. C’est ton devoir envers toi, envers les hommes et envers Lui, le Tout-Puissant ; ainsi seulement tu pourras développer un jour tout ce qu’il te faut dissimuler en toi. Et une petite Cour, une petite chapelle, où le chant écrit par moi sera exécuté à la gloire du Tout-Puissant, de l’Éternel, de l’Infini !

 

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Prenez place dans ma chambre, portraits de Haendel, de Bach, de Gluck, de Mozart, de Haydn ! Vous pouvez m’aider à accepter mes souffrances.

 

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Sous la dent du tigre, j’ai entendu prier la victime : « Je Te rends grâce, Très-Haut, je meurs dans la douleur et non dans le péché. »

 

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Voudrais-tu savourer le miel sans souffrir des piqûres de l’abeille ?

Désirerais-tu te parer des couronnes de la victoire sans affronter le danger de la bataille ?

Le plongeur pourra-t-il ramener la perle du fond de la mer si la terreur du crocodile le retient sur la rive ?

Ainsi, ose ! ce que Dieu t’a réservé, personne ne te le ravira.

Mais il te l’a réservé à toi, homme courageux.

 

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Celui qui aime Dieu n’estime pas le monde plus qu’il ne le mérite.

Il sait bien que celui-ci ne lui offre aucune sécurité.

Cultive la science : il n’est pas de sentier plus sûr pour l’homme

Que celui dont toujours les sages ont fait choix...

Épargne-toi la douleur d’offenser un ami,

Et surtout l’Ami incomparable.

 

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Agis au lieu de demander,

Sacrifie-toi sans espoir de gloire ni de récompense

Fais d’abord des miracles si tu veux les dévoiler.

Ainsi, seulement, tu pourras accomplir toute ta destinée.

 

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Dieu est immatériel ; aussi sommes-nous dans l’impuissance à nous représenter son image ; parce qu’invisible, il est amorphe. Mais, par ce qu’il nous est donné de voir dans ses œuvres, il nous est permis de conclure à son caractère éternel, omniscient, omnipotent, à sa présence universelle. Au Tout-Puissant, à lui seul, l’envie, la cupidité sont étrangères ; sa grandeur n’a point d’égale.

Brahma : il a absorbé son propre esprit. Lui, le Puissant, nous retrouvons partout sa présence. Son omniscience émane de sa propre inspiration et sa conception comprend toutes les autres. De toutes les qualités polycompréhensives, la plus grande est l’omniscience ; pour elle, il n’est pas de Trinité, elle est absolument indépendante. Oh ! Dieu, tu es la lumière véritable, bénie, éternelle, de tous les temps, dans tous les lieux. Ta sagesse accepte mille et mille lois, cependant que toujours tu agis librement, à ton honneur. Tout ce que nous adorons, tu l’as précédé : à toi nos louanges, à toi notre adoration. Toi seul tu es le Bienheureux (Bhagavan), toi, l’essence de toutes les lois, l’image de la sagesse. Tous, nous sentons ta présence ; tu portes toute chose !...

1815

 

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Tout ce que créa Dieu était pur et sans tache. Si, plus tard, aveuglé par la passion, j’ai sombré dans le mal, après avoir longuement expié et m’être purifié, je suis revenu à la source originelle, pure, noble, à la Divinité et à mon art. Je n’y fus point poussé par égoïsme : qu’il en soit ainsi, toujours ! Les arbres ploient sous l’abondance du fruit ; gonflés d’une pluie bénie, les nuages s’inclinent vers la terre et les bienfaiteurs du genre humain portent sans orgueil le poids de leurs richesses. Si la larme tremble au bord des beaux cils, oppose-toi énergiquement à son premier effort, ne la laisse pas tomber. Pendant ton pèlerinage sur cette terre, où les sentiers abrupts tantôt montant, tantôt descendant, rendent le bon chemin difficile à reconnaître, la trace de tes pas sera parfois inégale, mais la vertu te guidera dans la voie juste.

 

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Bienheureux celui qui, ayant appris à triompher de toutes les passions, met son énergie dans l’accomplissement des tâches qu’impose la vie sans s’inquiéter du résultat. Le but de ton effort doit être l’action et non ce qu’elle donnera. Ne sois pas de ceux qui, pour agir, ont besoin de ce stimulant : l’espoir de la récompense. Ne laisse pas tes jours s’écouler dans l’oisiveté. Sois laborieux, accomplis ton devoir, sans te soucier des conséquences, du résultat bon ou mauvais ; cette indifférence ramènera ton attention vers les considérations spirituelles. Cherche un refuge dans la sagesse seule, car s’attacher aux résultats est cause de malheur et de misère. Le vrai sage ne s’occupe pas de ce qui est bon ou mauvais dans ce monde. Raisonne toujours dans ce sens : c’est le secret de la vie.

 

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Dieu des forêts, Dieu tout-puissant ! Je suis béni, je suis heureux dans ces bois, où chaque arbre me fait entendre ta voix. Quelle splendeur, oh, Seigneur ! Ces forêts, ces vallons respirent le calme, la paix, la paix qu’il faut pour te servir !

 

1816

 

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 « Considérons les difficultés de l’existence, qui jalonnent notre route, comme des guides vers une vie meilleure. » Pour maintenir les autres dans la soumission et l’obéissance, le moyen le plus sûr est de leur imposer la foi en la supériorité de notre sagesse. C’est en lui faisant verser des pleurs que le père fera pénétrer la vertu dans le cœur de son enfant, que le maître inculquera à son élève les éléments utiles de chaque science ; et c’est au prix de larmes que la loi, elle aussi, contraint le citoyen à se maintenir dans l’observance de la justice.

 

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Les vaillants, les hommes supérieurs nous incitent à accomplir des actes nobles et méritoires ; les lâches, les mauvais, des choses basses, indignes. Car le vice passe par des chemins attrayants pour la volupté, engageant ainsi l’homme à le suivre. La vertu, au contraire, choisit des sentiers abrupts et ne peut nous séduire aussi vite et facilement, surtout si nous sommes invités à prendre un chemin doux et agréable.

 

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Atteint d’un mal sans remède, porté ainsi peu à peu au seuil de la mort, que celui dont la vie aurait dû être plus longue pense bien à ceci : le meurtre ou une autre cause aurait pu amener sa fin plus rapidement encore. Ô, heureux celui qui ne...

 

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Soumission – Résignation – Résignation !

Et sachons ainsi tirer encore un profit moral de la détresse la plus profonde et nous rendre dignes du pardon de Dieu.

 

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Les conditions actuelles de ta vie sont dures, mais il existe, Celui qui est Là-Haut, et, sans Lui, il n’y a rien.

 

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La marque essentielle qui distingue un homme digne de ce nom, c’est de persévérer malgré les circonstances difficiles et contraires.

 

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Ne nous réfugions pas dans la pauvreté pour nous prémunir contre la perte de la fortune ; ne nous privons pas d’avoir des amis pour nous épargner la douleur de les perdre ; ne craignons pas, enfin, d’engendrer des enfants dans la crainte que la mort ne nous les ravisse. Trouvons un préservatif à ces maux dans notre seule raison.

 

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Le monde n’a pas été formé par la réunion fortuite d’atomes : des forces et des lois établies, ayant leur source dans l’intelligence la plus sensée, ont été l’origine de cet ordre immuable et ont pu, nécessairement, et non pas fortuitement, découler de ces atomes ; l’ordre et la beauté que reflète l’organisation de l’Univers nous démontrent l’existence de Dieu. Cependant la thèse contraire n’en est pas moins fondée : si cette harmonie a pu émaner des lois organiques générales, alors la nature entière est forcément un produit de la Sagesse suprême.

 

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Sans l’union des âmes, la jouissance des sens sera toujours un acte bestial. Elle ne nous laisse aucune impression de nature élevée, rien que le remords.

 

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Immole à ton art, une fois encore, toutes les mesquineries de la vie sociale. Dieu au-dessus de tout !

Car, dans son omniscience,

La Providence éternelle régit le bonheur et le malheur des mortels.

 

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C’est avec calme et résignation que, plaçant ma confiance, ô Seigneur, dans ta bonté immuable, je veux me soumettre à toutes les éventualités du Destin.

À toi, toujours dans le même esprit, éternellement à toi.

Que mon âme se réjouisse !

Sois mon roc, ô Dieu ! Sois ma lumière !

Sois à jamais le refuge où viendra s’abriter ma confiance !

 

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 « Je suis ce qui est. »

« Je suis tout ce qui est, ce qui a été et ce qui sera. Aucun mortel n’a soulevé mon voile. »

« Il est le Seul, l’Unique, il n’a pas été engendré, et tout ce qui est lui doit son existence. »

 

 

 

 

Ludwig von BEETHOVEN,

Carnets intimes, 1812-1818.

 

 

 

 

 

 

 

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