La justice de Dieu

ou loi des conséquences

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Édouard DÉCHAUD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dieu ne punit ni ne récompense, dans le sens matériel de la vision terrestre, parce que les lois qui régissent le monde et tout ce qui existe dans l’univers sont établies, de toute éternité, sur des bases d’après lesquelles le bonheur et le malheur dans ce monde et dans l’autre sont la conséquence de l’observation ou de la violation de ces lois.

L’homme subit inévitablement le choc de ses bonnes ou mauvaises actions. Il jouit de l’ordre et de l’harmonie qu’il produit et il subit les fâcheuses conséquences du désordre et de la disharmonie qu’il cause par sa mauvaise conduite.

Son bonheur et son malheur présents sont donc la conséquence de sa vie passée et le facteur certain et inévitable de son avenir. Son bonheur ou son malheur dépendent donc de lui-même.

Mais la justice de Dieu, plus rationnelle et plus équitable que celle des hommes, est basée, non sur les actes mêmes, mais sur les intentions conscientes et sur le discernement qui les ont dirigés.

Il est certain, d’ailleurs, et rationnel, que celui qui méconnaît les lois du monde universel, par ignorance ou inconscience, ne peut être rendu coupable des fautes qu’il a commises sans discernement, mais à mesure du développement de l’intelligence de chacun, la responsabilité individuelle augmente dans les mêmes proportions.

Le châtiment des mauvaises actions, prétendu imposé aux coupables par Dieu, constitue une erreur ou une méconnaissance de la vérité. C’est donc à tort que les matérialistes et les sceptiques assimilent la justice de Dieu à celle des hommes, qui est généralement injuste, et souvent l’injustice formulée.

Mais la durée des peines subies par ceux qui s’abandonnent au vice ou, enfin, à une conduite déréglée, n’est que temporaire et proportionnée à l’intensité et à la persévérance des coupables dans le vice.

Chacun peut donc atténuer et abréger même sa souffrance en s’amendant et en revenant dans la voie de l’harmonie universelle et de la vérité divine.

Le mal étant de sa nature essentiellement transitoire, le coupable peut donc toujours revenir à de meilleurs sentiments et entrer dans la voie de la vérité ; car l’éternité des peines détruirait l’élément essentiel de l’harmonie universelle, qui constitue la grande loi du progrès des êtres et des inondes.

La peine éternelle serait d’ailleurs une absurdité et une anomalie contraires à toutes les lois de la nature ; elle serait, en outre, un blasphème contre la bonté infinie de Dieu.

De tels enseignements ne peuvent émaner que d’esprits primitifs ou inconscients ou, enfin, d’hommes perfides qui ne cherchent qu’à égarer les peuples par des principes absurdes que la seule raison repousse.

Mais à mesure que la lumière pénétrera parmi les peuples, les absurdités qui les circonviennent, inventées par ceux qui les exploitent à leur profit, disparaîtront devant le progrès des civilisations, la diffusion de la science et de la lumière intellectuelle et morale.

Quelles que soient les convulsions populaires qui se produisent au détriment de l’harmonie universelle des peuples et des individus, le jour viendra où l’amour fraternel de l’humanité terrestre dominera toutes les aspirations. Alors la charité, ce soleil brillant de l’union et de la solidarité, apportera la paix et le bonheur sur la terre. À cette heure bénie, l’amour de nos semblables aplanira toutes les divisions qui se manifestent de toutes parts.

Pour atteindre ce but essentiel, il est nécessaire de bien se rappeler que les devoirs réciproques des individus consistent surtout à se prêter un mutuel concours ; car chacun doit bien se persuader que les actes de la vie n’ont une véritable valeur durable que s’ils tendent à améliorer le présent et à préparer le bonheur de l’humanité, et que les hommes ne sont réellement grands et dignes d’éloges que par leurs actes de bienfaisance envers leurs semblables. Il est certain d’ailleurs que le concours mutuel des hommes se soutenant les uns les autres constitue la véritable voie qui conduit au bonheur.

Si la loi de Dieu, qui est celle des conséquences, est rationnelle dans toutes ses dispositions, c’est parce qu’elle repose sur les principes immuables et éternels.

D’après cette loi, l’homme inconscient qui viole celle-ci n’est pas rendu coupable des fautes qu’il a commises par inadvertance ou par ignorance, car la justice divine est basée non sur nos actes mêmes, mais uniquement sur les intentions et le discernement qui les ont dirigés. Cette justice n’a donc rien de semblable à celle des hommes.

D’autre part, chaque individu s’incarne généralement en vue de remplir une tâche consistant, soit en une réparation, amélioration morale, ou comme missionnaire de Dieu sur la terre ou dans d’autres planètes. Dans ces diverses situations, il est appelé à remplir une mission déterminée, qui constitue sa destinée.

Soyons donc les ouvriers laborieux de l’œuvre divine ; efforçons-nous de combattre les erreurs populaires qui retiennent les hommes et les peuples dans l’ignorance des grandes vérités éternelles.

N’oublions pas que l’homme de bien, qui remplit fidèlement sa Destinée, s’élève par ses bonnes œuvres vers les régions infinies des mondes éthérés, se rapprochant de l’Infini.

Armés d’un courage invincible et soutenus par nos protecteurs, soyons toujours bienfaisants, charitables et généreux à l’égard de nos frères souffrants, et fermes dans toutes les épreuves de la vie.

Pour nous, spirites éclairés et réellement convaincus, pour qui les lois qui règlent notre destinée nous montrent l’avenir rayonnant d’espérance, résistons aux embûches semées sous nos pas dans les sentiers périlleux de la vie terrestre ; marchons tous unis dans la voie de l’union fraternelle qui rattache les hommes à l’harmonie universelle, qui nous conduit au véritable bonheur.

Ce monde, où nous vivons péniblement, est dominé par les illusions irréfléchies qui nous éloignent de la voie qui peut seule nous rapprocher de Dieu, centre de toutes les félicités ; car la vie terrestre est un triste séjour de deuil et de déceptions.

Notre destinée nous présente un livre composé de pages blanchis où sont inscrits les titres des vertus que nous devons acquérir. Malheureusement, il arrive souvent que ces pages restent blanches, faute de pratiquer les vertus qui y sont inscrites.

La bienfaisance, qui élève l’âme au-dessus des visions matérielles de la terre et qui est la clef d’or des mondes supérieurs, est généralement négligée. L’égoïsme étroit qui absorbe les aspirations des hommes les retient captifs dans une fausse voie, qui leur fait oublier les perspectives infinies des mondes éthérés, centre du véritable bonheur.

Secouons donc tes entraves qui paralysent notre essor vers l’Infini ; soyons les apôtres de la bienfaisance à l’égard de nos frères malheureux. Ne perdons pas de vue surtout que le mal a été créé par l’homme et que lui seul doit le détruire par ses efforts persévérants vers la voie du bien.

Les liassions et les vices de toutes sortes sont assurément les causes des tourments et de toutes les tribulations qui affligent les hommes sur la terre ; mais la conscience, cette voie intime qui nous guide, est un impitoyable justicier qui nous rappelle sans cesse nos faiblesses et nos erreurs.

Mais, l’homme qui est attentif aux aspirations de son cœur est incité à élever son âme vers les sphères supérieures pour y chercher le rayonnement de l’Infini ; car tout ce qui est grand, noble et beau, plane au-dessus des mondes matériels.

Il importe d’ailleurs de rappeler souvent aux hommes dévoyés sur la route de l’harmonie universelle les sentiments humanitaires, destinés à unir tous tes hommes, de leur montrer leurs devoirs réciproques et de bien les pénétrer de la grande vérité morale, d’après laquelle les actes de la vie n’ont de valeur que s’ils améliorent le présent et préparent l’avenir, et que les hommes ne sont réellement grands et dignes que par le bien qu’ils font à leurs semblables. Cet appel émane de la voix harmonique qui nous montre les sentiers qu’il faut suivre pour arriver au véritable bonheur futur. C’est assurément en s’aidant les uns les autres que nous nous faciliterons réciproquement la mission que nous sommes appelés à remplir sur la terre.

Il est essentiel d’ailleurs de ne jamais perdre de vue que, d’après l’ordre immuable de la nature universelle, l’homme est le seul artisan de son bonheur ou de son malheur ; car il est un principe qui ne varie jamais : c’est que la bienfaisance et la vertu produisent le bonheur et que l’égoïsme et tous les vices qui affligent l’humanité causent seuls le malheur et la souffrance.

Ceux qui mettent en cause la divinité dans les fâcheux évènements de la vie sont des aveugles qui ne voient pas ou qui méconnaissent les lois de l’harmonie universelle et des conséquences.

Ceux qui sont bien pénétrés de la vérité immuable que le bien produit le bonheur et que le mal engendre le malheur ne peuvent se méprendre sur la voie qu’ils doivent suivre pour remplir fidèlement leur destinée.

N’oublions pas surtout que tous les hommes sont frères par leur commune origine, et que, dès lors, ils doivent se soutenir mutuellement dans tous les évènements de la vie terrestre.

 

 

DÉCHAUD, publiciste à Oran.

 

Paru dans La Vie future en décembre 1906.

 

 

 

 

 

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