Un sanctuaire marial en Hongrie

LA VIERGE PLEURANTE DE MARIAPOCS

L’histoire de 250 ans

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Nicolas LADOMERSZKY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes à Mariapocs, village gracieux en Hongrie Orientale, célèbre par l’image de la «Vierge Pleurante» que représente la Mère de Dieu. Son histoire, déjà ancienne de 250 ans, mérite d’être connue aussi dans les pays éloignés de Hongrie.

Après un parcours de trois kilomètres, partant de la station de chemin de fer, on arrive dans le petit village de Mariapocs enseveli dans la plaine sablonneuse. Une grande église de style roman constitue le centre du village. Ses deux tours donnent au sanctuaire un aspect somptueux. À l’intérieur, la grande nef est de dimensions particulièrement étendues. Au-dessus de l’autel, se trouve l’image miraculeuse de la Mère de Dieu. L’église est sous la direction des Pères Basiliens de Saint Josafat de rite byzantin. Leur couvent moderne est contigu à l’église.

Une visite faite au sanctuaire un jour de fête mariale produit une impression qu’on n’oublie jamais. Dizaines de milliers de pèlerins de rite romain et de rite byzantin viennent rendre leur hommage filial à la Mère de Dieu. Ils implorent tous la miséricorde de la Mère Céleste pour les misères humaines.

L’histoire de ce sanctuaire marial est vieille de 250 ans. Les guérisons miraculeuses sont innombrables durant cette période. Les origines de cette image remontent au XVIIe siècle. Nous sommes en 1696. La Hongrie est dévastée par l’invasion musulmane. La population meurt de faim et de maladies infectes. Le calvinisme, introduit de la Suisse, fait ses progrès parmi les habitants. L’image de la Mère de Dieu vénérée dans l’église de Pocs 1 commence à verser des larmes. Elle ne cesse de pleurer pendant dix-huit jours. Les larmes coulent des deux yeux de la Vierge pendant le mois de novembre et de décembre de l’année 1696. Un soldat turc de passage, ému par ce spectacle merveilleux, se fait baptiser. Un soldat protestant touche les larmes orgueilleusement et aussitôt il est pris d’un violent malaise. Une forte fièvre envahit tout son organisme. L’image s’obscurcit et prend une couleur brune. Le soldat est immensément ému, il fait pénitence de son insolence. Il fait publiquement profession de religion catholique. Les miracles se succèdent d’une manière croissante. L’autorité ecclésiastique ordonne un sévère examen. L’évêque d’Eger, Mgr Georges Fenessy, charge l’évêque Mgr Andrée Pettes de conduire l’enquête. Celui-ci s’adjoint un chanoine et un curé. La commission ainsi composée termine ses travaux par une relation détaillée du 2 janvier 1698. Après avoir écouté la déposition de cinquante-trois témoins, on y déclare la réalité de ces faits extraordinaires. Les larmes versées par l’image de la Vierge ne peuvent pas s’expliquer d’une manière naturelle.

La nouvelle de la lacrymation de l’image de Pocs ne tarda pas à arriver à Vienne à la cour impériale. Aussitôt l’empereur Léopold donna l’ordre de porter l’icône à Vienne. L’ordre fut exécuté. Une copie faite sur l’original fut laissée à Pocs. Le transport de l’image à Vienne fut triomphal. Les Viennois en masse accourent implorer le secours de la Vierge. En effet, la situation de la ville était désastreuse : l’invasion musulmane menaçait Vienne. Le chef des armées chrétiennes, Eugène de Savoie, suppliait la Vierge de protéger la ville, de sauver ses habitants. Il s’agissait de sauver la religion et la culture chrétiennes du péril imminent. La Vierge a exaucé les suppliques des Viennois, les Turcs furent vaincus et l’Europe chrétienne sauvée. Il s’est produit, en outre, un grand changement dans les cœurs des Viennois.

La cause de la lacrymation de la Vierge va être cherchée dans les temps particulièrement tristes que traversait en ce moment la Hongrie et surtout la région de Pocs. À côté des catholiques de rite byzantin, nombreux étaient aussi les schismatiques qui s’obstinaient dans leur erreur. L’hérésie de Calvin faisait aussi ses ravages. La Vierge a arrêté ce péril et un très grand nombre de non-catholiques ont accepté la vraie religion. En outre, le niveau moral et intellectuel de la région se releva beaucoup grâce à l’action providentielle des Pères Basiliens. Depuis ce temps, Mariapocs est devenu un centre d’irradiation de la religion catholique, de la culture et de la morale.

L’image restée à Mariapocs s’est glorifiée par une nouvelle lacrymation en 1715. La vénération des fidèles n’était jamais déficiente. De nombreux miracles ont eu lieu jusqu’à nos jours. Nous citerons quelques-uns de ceux qui sont particulièrement connus.

Un meurtre fut commis dans un village voisin de Mariapocs. L’assassin fut introuvable. Pourtant, tous les soupçons aggravants pesaient sur un paysan. Malgré ses protestations désespérées, il fut condamné à mort. Sa dernière demande fut d’être conduit dans l’église de Mariapocs. Ainsi fut fait. Au moment même où il mettait les pieds dans l’église de Mariapocs, les chaînes qui liaient ses mains tombèrent par terre. Les chaînes sont exposées encore aujourd’hui dans l’église de Mariapocs.

L’historie des abeilles est aussi très sympathique. Un homme de religion protestante souffre beaucoup des pieds. Au lieu de supporter avec résignation ses souffrances, il ne cessait de blasphémer. Un de ses amis, avec grande patience, réussit à le persuader qu’il lui serait plus utile d’aller à l’église de Mariapocs et de demander miséricorde à la Vierge. Ses blasphèmes ne pouvaient aucunement améliorer ses souffrances. Notre homme se rend au sanctuaire. Pendant le voyage, il promet de donner à l’église de Mariapocs, en cas de guérison, une ruche d’abeilles. La Vierge exauce ses prières et ses pieds sont complètement guéris. Sa guérison fut si parfaite qu’il put rentrer chez lui sans aucune aide. Durant son voyage de retour, il regrette cependant vivement d’avoir promis à l’église la ruche d’abeilles. C’est une promesse, pense-t-il, complètement inutile. À quoi serviraient les abeilles à la Vierge ? Il décide de ne pas porter les abeilles à l’église. Rentré chez lui, sa première pensée est d’aller voir les abeilles. Immense est sa surprise de voir celles-ci sortir de la ruche et de se diriger vers l’église de Mariapocs. L’homme pouvait les suivre pas à pas. Arrivées à l’église, les abeilles se cachèrent dans une scissure du mur nordique qui entoure l’église. Encore de nos jours, après plus de cent ans, les abeilles vivent dans le mur de l’église.

Ce fameux Sanctuaire Marial est rempli de pèlerins pendant les fêtes de la Vierge. Les pèlerins viennent en nombre incroyable. Ils se mettent en route déjà plusieurs jours avant la fête. Les routes et les forêts résonnent des plus beaux cantiques chantés en l’honneur de la Mère de Dieu. Le peuple, en costume national, s’achemine en procession vers le Sanctuaire. Mariapocs ressemble à une immense fourmilière humaine. En 1946, lors du 250e anniversaire de la première lacrymation, le nombre de pèlerins a atteint les 250 000 personnes. La manifestation religieuse fut d’une telle beauté et intimité filiale envers la Vierge qu’on ne peut pas le décrire.

Même aujourd’hui, aux temps particulièrement difficiles, la Vierge veille sur ses enfants et son intercession est plus que jamais providentielle. La protection de la Mère de Dieu ne cesse point, mais il faut recourir à elle avec dévotion filiale et confiance illimitée. Prions la Vierge de Mariapocs ; ouvrons-lui nos cœurs et nous sommes sûrs qu’elle nous exaucera.

Ô Vierge Pleurante de Mariapocs, ô chère Mère de Dieu, souviens-toi de moi auprès de Jésus, maintenant et à l’heure de ma mort. Ainsi soit-il.

 

 

 

Nicolas LADOMERSZKY, Rome, le 8 décembre 1948.

 

Paru dans la revue Marie en mai-juin 1949.

 

 

 

 

 

 



1 La dénomination « Mariapocs » est plus récente.

 

 

 

 

 

 

 

 

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