Jacqueline Pascal

(1625 – 1661)

 

Notice biographique extraite de :

Jeannine MOULIN, La poésie féminine, Seghers, 1966.

 

 

 

« C’est qu’un grand désir ne trouve point d’obstacle », a écrit Jacqueline Pascal. Certitude qui explique toute son existence.

 

Dès son jeune âge, Jacqueline « met tout en vers » écrit sa sœur. En 1639, elle joue dans une pièce devant Richelieu et profite de l’occasion pour obtenir du Cardinal qu’il mette fin à la disgrâce de son père. Peu après, elle est défigurée par la petite vérole et voit dans cette épreuve un signe de la prédilection divine. À quinze ans, sur le conseil de Corneille, la fillette participe au concours des Palinods de Rouen où ses Stances remportent le premier Prix. Mais son amour de la poésie va s’effacer devant l’appel de la foi. Sortie de l’enfance, Jacqueline Pascal n’eut qu’un but : être religieuse à Port-Royal. Son père y était hostile et, après la mort de celui-ci, son frère Blaise, également. Il fit même en sorte que sa sœur ne pût recevoir immédiatement toute sa part d’héritage, l’espérant trop fière pour entrer en pauvresse dans une communauté. Farouchement résolue, la jeune fille obtint néanmoins la somme nécessaire et prit le voile en 1652. En 1661, quand il fallut signer le célèbre mandement qui permettait aux jansénistes de ne pas répudier ouvertement leur doctrine, elle se rebiffa avec indignation : « Je sais bien, écrit-elle, qu’on dit que ce n’est pas à des filles de défendre la vérité; quoi qu’on pût dire, par une triste rencontre du temps et du renversement où nous sommes, que puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d’évêques. Mais si ce n’est pas à nous à défendre la vérité, c’est à nous à mourir pour la vérité. »

Contrainte de signer, Jacqueline en fut si déchirée, qu’elle tomba malade et mourut quelques mois plus tard. Elle « était bien de celles qui n’ont pas reçu leur âme en vain », comme le dit Sœur Angélique dans Port Royal de Montherlant.

1656 marqua à la fois la date des premières persécutions contre les jansénistes et celle d’un miracle qui prolongea la vie de ceux-ci de quatre ans : une épine de la Sainte Couronne qui se trouvait à Port-Royal guérit les yeux malades de la jeune Marguerite Périer, la nièce de Pascal. L’événement bouleversa l’opinion; Jacqueline sortit du mutisme qu’elle s’était imposé pour le célébrer dans un poème. Puis Sœur Jacqueline de Sainte-Euphémie s’en retourna au silence et à la contemplation.

 

OEUVRES : in Recueil Sercy, 1653; in Lettres, Opuscules et mémoires de Madame Périer et de Jacqueline Pascal, par P. Faugères, Paris, A. Vaton, 1845; in Jacqueline Pascal, premières études sur les femmes illustres et la société du XVIIe s., par Victor Cousin, Paris, Didier, 1856; in Une scéance à l’Académie des Palinods en 1640, par Édouard Frère, Rouen, Aug. Le Brument, 1867.

 

 

 

 

 

 

 

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