Socialisme et devoir social

 

 

 

 

 

 

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Georges PICOT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’est rien de plus difficile que de s’entendre sur la valeur des mots : d’une fausse interprétation, d’une équivoque sont sorties de longues querelles scientifiques, philosophiques ou religieuses. Dans l’ordre des sciences politiques, le problème est bien autrement compliqué, puisque de tous les éléments qui le composent il n’en est aucun qui soit fixe : c’est l’homme avec sa perpétuelle mobilité, ce sont les institutions qui changent, ce sont les évènements qui bouleversent à l’improviste toutes les données du calcul. Comment le sens des mots échapperait-il à ce mouvement perpétuel ?

Il y a de longues années, un de nos plus regrettés confrères, M. Louis Reybaud, a prononcé pour la première fois le mot de socialisme : il l’appliquait à ces réformateurs de la société, fort éloignés de la pratique, qui s’étaient plu à tracer le plan de révolutions idéales, tout en étant les plus désintéressés des hommes. Mais les idées fausses, c’est le châtiment de ceux qui les conçoivent, ne sont jamais stériles : elles germent et produisent des fruits empoisonnés. Aux rêveurs succédèrent des théoriciens tout prêts à appliquer leurs principes : une révolution éclata, et, en 1848, le socialisme, prenant une forme précise, poursuivant un but, fit dans le monde une entrée bruyante qui devait faire de la nouvelle école une des manifestations les plus directes de l’esprit révolutionnaire.

Dans le langage usuel, pendant longtemps, la « révolution sociale » et le « socialisme » demeurèrent deux termes identiques, entraînant à leur suite tous les maux de l’anarchie, n’éveillant dans l’esprit que l’image de confiscations, de violences et de ruines.

Depuis une quinzaines d’années, nous assistons à une tentative accomplie en vue de transformer le sens de ce mot : ce n’est plus une doctrine, c’est un procédé destiné à modifier l’organisation sociale.

Tels ont été, en notre siècle, le progrès des sciences, la soudaineté de leurs découvertes, les merveilles qu’elles ont réalisées, que tout ce qui vient d’elles agit sur l’imagination. Cherche-t-on une épithète qui serve de passeport à une idée ? Elle se présente d’elle-même. Le socialisme « scientifique » s’est fait une place et a été accepté assez légèrement de ceux qu’aurait indignés le socialisme révolutionnaire.

Au milieu des systèmes opposés, entre les efforts qui se produisent et les défis qui se croisent, prêtons l’oreille et nous distinguerons un petit nombre de théories socialistes qui se retrouvent presque identiques sous des formes dissemblables.

Elles ont toutes ce trait commun : demander à l’État le soulagement des maux de la société. L’État a cessé de nos jours d’être une formule vague, en quelque sorte inaccessible au vulgaire ; il est devenu populaire dans tous les sens du mot. C’est lui qui, après avoir promulgué les lois, sera chargé d’encaisser, d’administrer, de distribuer, comme une Providence laïque, les sommes colossales qui entreront dans ses caisses, grâce aux impôts nouveaux, et qui ne manqueront pas de guérir la plupart des maux de l’humanité.

Le mot d’ordre des socialistes se résume aujourd’hui en deux formules : « Nous souffrons, donc la société est mal faite. » – « L’État peut tout : c’est à lui à faire une nouvelle répartition des richesses. »

Il est vrai que, sur le choix des moyens, ils se divisent. Les uns veulent encore que l’État s’empare violemment de la propriété pour réaliser plus vite le bien général ; les autres préconisent les lois de succession, les lois d’impôt, les taxes de tous genres afin d’opérer plus sûrement la mutation qui assurera le bonheur du plus grand nombre.

De là, suivant les tendances, suivant l’impatience plus ou moins vive, les expressions nouvelles et bizarres de socialistes de la chaire, socialistes conservateurs, socialistes chrétiens, voulant tous, sous une apparence de modération, faire intervenir l’État afin de régler les conditions de travail et de mieux répartir la fortune publique.

Cette évolution du socialisme est un fait très grave qui modifie à lui seul tous les éléments du problème. Contre les révolutionnaires qui voulaient la confiscation générale, puis le partage des biens, toutes les classes attachées à la défense de la société étaient unies. Contre les théoriciens, tout aussi dangereux, qui demandent à l’État de modifier par des lois la répartition des richesses, il n’y a plus la même union. Parmi les adversaires habituels de l’anarchie, un désaccord profond se manifeste.

Quelles sont donc les forces que nous pouvons opposer à l’assaut qui nous menace ? Énumérons-les rapidement.

L’école économique, qui a lutté vaillamment et n’a pas laissé passer une utopie sans la combattre, sera la première sur la brèche, prête à la défendre jusqu’au bout. Elle a eu en notre siècle un mérite rare dont on ne saurait se montrer trop reconnaissant. Mieux que personne, elle a su défendre l’individu et la liberté. Par elle, les principes ont été professés et elle a conservé au foyer de la science toutes les vérités. Telle a été sa mission hier, tel sera son honneur demain.

Mais quelle que soit la valeur des principes, il ne suffit pas de les professer pour remporter la victoire ; il faut encore une force qui les applique, les transforme en réalités vivantes, se serve d’eux pour agir et triompher. Les économistes ont eu ce mérite d’exprimer la doctrine, de nous montrer comment les phénomènes se produisaient, à quelles conditions ils étaient féconds en conséquences, pourquoi il ne fallait ni les troubler dans leurs manifestations, ni intervenir pour en changer le cours. C’étaient les découvertes et l’œuvre propre de la science.

À l’époque où ils posaient les fondements de l’économie politique, ils avaient raison de concentrer leurs efforts autour de formules très simples, de demander aux pouvoirs publics la liberté et de répéter qu’elle suffirait à tout. Ils avaient tout autour d’eux des obstacles à renverser, des chaînes à briser ; leur œuvre a été de délier d’abord l’individu des entraves qui arrêtaient son essor. Cette tâche achevée, et elle le sera par une bonne loi sur les Associations, l’individu sera libre. Que restera-t-il à faire ? Une seconde œuvre non moins difficile et qui seule préparera le triomphe : lui inspirer la volonté d’agir.

Supposez une nation engourdie par un long esclavage. L’affranchir serait le premier souci. Serait-il le seul ? Et croit-on qu’il suffirait de dire à cette société paralysée par une incurie héréditaire : « Soyez-en paix ; vous possédez la panacée universelle. Confiez-vous au jeu naturel des forces. Avec le temps, le mal sera vaincu et le bien prévaudra ? »

Nous assistons, de notre temps, à un malentendu de ce genre. On répète à plaisir que la liberté n’a pas tenu ses promesses, qu’elle a manqué à son programme, déçu ses plus fidèles adeptes, en un mot qu’elle a échoué. On l’a si longtemps tenue pour une idole qu’on sent un malin plaisir à crier à la trahison ! Comment ne voit-on pas que la liberté toute seule ne peut rien donner ? Elle est en elle-même un fait négatif, elle est le signe de l’affranchissement, elle représente l’obstacle renversé, la barrière ouverte qui laissera entrer dans la carrière, selon les lieux, le cheval le mieux dressé ou la bête fauve. Que m’importe la liberté d’association si les hommes ne savent pas se réunir pour en mettre à profit la puissance ? Que vaut la liberté de la presse si la plume qui en use est corrompue ? La liberté de la tribune elle-même, cet instrument de la dignité humaine dans nos sociétés modernes, que peut-elle si l’Assemblée des élus ne contient que des esprits médiocres au service de cœurs tièdes ?

Tout revient donc ceci : un peuple n’est digne de la liberté, n’en sait jouir et n’en profite largement que dans la mesure où chacun sait agir. Il faut donc avant tout inspirer aux hommes le goût de se servir de leur liberté. Il faut leur montrer les maux à guérir, le bien à faire, les faibles à défendre, les pauvres à relever, la mission qui pèse sur nous tous en une société réglée, en un mot – le devoir social.

En face du socialisme, cette expression a un sens tellement étendu, elle embrasse un tel développement de l’initiative humaine, elle contient une suite d’obligations si fécondes que vous me permettrez d’arrêter quelques instants votre pensée sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle peut.

À personne ne revient le mérite d’avoir créé l’expression ; elle est née d’un besoin. Hier, un de nos plus distingués confrères, M. Frédéric Passy, la prenait pour sujet d’un discours. Il y a peu d’années, elle était appliquée à la nécessité qui s’imposait aux propriétaires de construire des logements sains pour les ouvriers. Un livre vient de paraître qui est exclusivement consacré au devoir social. L’auteur montre à chaque page que l’initiative très intelligente et très active de l’homme peut seule contribuer à guérir les maux de la société. À côté du rôle impersonnel de l’État, il place avec raison l’action efficace des patrons, plus rapprochés des ouvriers, suivant leurs efforts, connaissant leurs besoins, et très capables d’alléger leurs maux. M. Léon Lefébure a vu en Alsace le développement admirable du patronage subvenant à toutes les crises de la vie ouvrière ; il l’a observé, dès 1867, à l’Exposition universelle ; il l’a suivi en France où, d’années en années, le progrès s’est manifesté jusqu’au jour où, grâce à l’Exposition d’économie sociale de 1889, nul n’a pu ignorer ce qu’avaient accompli les patrons français pour l’établissement de la paix dans les ateliers.

Le devoir social dans ses rapports avec les souffrances et la misère, voilà l’objet spécial de l’excellent livre de M. Lefébure.

Il n’y a pas un chapitre qui ne soit inspiré par le sentiment le plus juste et le plus élevé. « Le dévouement véritable, dit-il, a un rayonnement sans limites. » Ce mot aurait dû servir d’épigraphe au volume.

À côté de descriptions terribles, de faits odieux, il place toujours le remède, et il le demande, non à des réformes légales, mais à des œuvres spontanées et vivantes. Il a une confiance inébranlable en l’action du christianisme sur les âmes ; il ne s’en cache pas, mais il repousse toute transaction avec les doctrines périlleuses qu’à l’étranger on décore du nom de socialisme chrétien. Je ne connais pas de livre moins chimérique.

Dans la lutte entamée contre le socialisme, ce serait une grande faute de se borner à attaquer les utopies : il ne faut pas se lasser de montrer, à côté du mal que ferait l’intervention de l’État, le salut dû à l’initiative privée. Prenons un exemple : il est excellent d’expliquer pourquoi le paupérisme légal et la taxe des pauvres tels qu’ils ont été pratiqués en Angleterre sont de tous les systèmes le plus décevant ; mais plus le tableau de cet échec satisfait notre raison et plus nous nous sentons inquiets. Nous avons besoin d’un remède. Nous serions tentés d’en vouloir à la critique qui nous enlève l’espérance. L’auteur le sent et il nous offre l’expérience d’une ville où l’assistance privée est organisée d’une manière remarquable.

« À New York, les œuvres fondées en vue de toutes les misères, dans tous les quartiers, par toutes les confessions religieuses, par toutes les sectes s’étaient multipliées de telle sorte qu’elles avaient formé, suivant une expression qui eut cours à ce moment, « le chaos de la charité ». Faire appel pour y remédier, aux autorités civiles, aux administrations municipales, à l’État, c’eût été évidemment aller à rencontre de l’esprit des institutions américaines. On jugea qu’il fallait recourir à la coopération et à l’organisation volontaire des Sociétés existantes. Une agence centrale fut établie, sorte de bureau de contrôle des pauvres qui éclairait les Associations charitables et permettait d’éviter le cumul des secours. On y examinait la moralité de ceux qui demandaient, en utilisant le concours d’agents visiteurs et de conseils de districts... La Société de New York, qui ne fonctionne que depuis cinq ans, n’a pas cessé de grandir dans la faveur populaire. À la fin de l’année 1886, 288 Sociétés se servaient d’elle comme de centre de communication ; un nombre considérable de particuliers avaient recours à son office pour se renseigner sur ceux à qui s’appliquent leurs aumônes. Le bureau d’enregistrement de la Société a reçu 137 938 rapports. Elle a donné des informations sur 88 333 familles qui comprennent 352 000 personnes [1]. »

Cet exemple ne doit-il pas éveiller notre attention et nous prouver que nous pouvons beaucoup sans l’intervention de l’État ? Les œuvres existent à Paris ; elles couvrent la capitale et la province ; mais elles sont isolées ; on ne sait comment s’adresser à elles. Le rôle de l’office serait donc considérable. Un malheureux père de famille vient de mourir, laissant des orphelins. Où les placer ? Des personnes charitables sont prêtes à donner les fonds, mais ne savent à quelle porte frapper. Si l’agence centrale était organisée, en quelques heures, renseignements de tous genres, prix de la pension, situation de l’orphelinat, seraient obtenus ; bien plus, l’agence, si elle en était chargée, s’occuperait du placement, de l’encaissement et du payement de la pension. « Manuel vivant, le bureau central économise le temps qui vaut de l’argent pour les riches et les travailleurs et abrège les souffrances des malheureux qui attendent un soulagement. »

Voilà une œuvre qui manque à notre ville de Paris. Si d’ici à peu elle est créée, ce ne sera pas un des moindres mérites de ce livre d’avoir servi de berceau à une organisation d’une remarquable fécondité.

Plus nos sociétés deviennent démocratiques et plus il est nécessaire que l’ancienne élite multiplie les services. Disons-le hardiment avec l’auteur que nous avons cité : « C’est aux classes élevées, éclairées qu’incombe surtout cette grande tâche ; elles doivent poursuivre sans relâche ce but et elles peuvent l’atteindre, en donnant à la nation une éducation nouvelle, par l’exemple. Qu’elles se mettent en contact constant avec le travailleur, qu’elles entrent dans ses préoccupations, dans ses souffrances, dans ses aspirations, que les mains se touchent, que les cœurs s’ouvrent, et, non seulement, elles empêcheront l’abîme de se creuser, mais elles le combleront ; elles rétabliront les liens brisés et feront renaître peu à peu cette réciprocité de dévouement qui est l’idéal et qui est aussi la force d’une société. »

Il n’y a pas seulement du mérite à concevoir de telles idées, il y a du courage à les exprimer. Nous sommes à une heure critique où l’abstention est une faute impardonnable, le silence une désertion.

« Nous allons à la ruine, dit le financier, si l’État doit tout entreprendre à la fois, le budget tout supporter. » Le financier a raison : mais avec quelle autorité le philosophe ne peut-il pas s’écrier à son tour : « Si l’État se charge du bien universel, s’il remplace l’initiative, absorbe la charité, supprime la prévoyance, nous courons aussi sûrement vers la banqueroute morale » ? Il ne faut donc pas se lasser de le dire, de l’écrire, de le publier sous toutes les formes. Nous avons un devoir impérieux, celui d’agir sur nos semblables, et, pour cela, il faut répéter le mot décisif de M. Jules Simon : « Le mal dont nous souffrons est surtout un mal moral ; ce sont les âmes qu’il faut guérir. »

La volonté de nos contemporains est vacillante, parce que l’homme ne sait où trouver un appui. Dans une vieille société où les classe sont marquées, les rangs et la hiérarchie définis, chacun marche à sa place plus ou moins lentement, mais avec la régularité d’un régiment à la parade. Il se produit un phénomène tout contraire dans les premiers temps qui suivent l’émancipation d’une démocratie. Ainsi qu’aux jours de fête populaire la foule tout entière est en mouvement, sans ordre et par masses ; le torrent est irrésistible. Comme le nombre est tout-puissant, qu’il règle le sort de l’État, distribue les faveurs, dit en tout le dernier mot, la foule devient l’objet de la flatterie universelle. Elle aurait besoin d’être guidée, instruite, préparée à exercer le pouvoir par une forte éducation ; au lieu de cela, elle est encensée, adulée par des ambitieux qui la corrompent. Elle est naturellement mobile, on la rend capricieuse ; elle est ignorante, on lui dit que ses instincts sont infaillibles. Elle éprouve des souffrances et réclame un remède ; elle aurait besoin d’un régime sain, d’une hygiène sévère, d’un exercice régulier ; pour lui plaire, les charlatans accourent et la dispensent de tout effort en lui promettant une guérison subite. À y regarder de près, le socialisme d’État n’a pas eu en notre temps d’autre origine. Les courtisans du peuple n’osent plus lui parler de confiscation générale. La formule est passée de mode ; on n’y croit plus. Il y a, grâce à Dieu, trop de propriétaires en France, pour qu’un bouleversement de la propriété y pût devenir populaire. De là, cette métamorphose du socialisme cherchant à s’insinuer dans les lois, se disant conservateur, affirmant que l’avenir lui appartient, prenant pour instrument et pour complice cette autorité illimitée de l’État devant laquelle s’incline le peuple parce qu’il s’identifie avec elle.

Le caractère des sociétés démocratiques est d’émanciper l’individu, de lui reconnaître tous les droits, puis, cette première œuvre accomplie, de tendre à créer en face de lui un pouvoir démesuré qui réunit ces droits et en absorbe l’exercice. Le citoyen isolé, rapprochant sans cesse de la toute-puissance de l’État sa propre impuissance, comparant sa misère au budget qui l’éblouit, prend l’habitude d’appeler en toute circonstance l’État à son aide. Ni les plus éloquents orateurs, ni les plus habiles publicistes ne suffiront à l’empêcher de réclamer en tous ses maux l’intervention du législateur. En vain, les livres et les discours se multiplieront. Si l’action efficace ne succède pas assez promptement à la parole, il est très probable que les voix de ceux qui réclament le socialisme deviendront une clameur universelle. Quand certains besoins se produisent, quand ils prennent un caractère de généralité, c’est en vain que la raison parle : ils emportent tous les obstacles d’un mouvement irrésistible. La sagesse consiste à les prévoir et à leur donner satisfaction.

Il faut qu’entre l’individu et la puissance publique se créent ces forces intermédiaires qui assurent l’équilibre des sociétés. C’est à l’association sous toutes ses formes qu’il appartient de servir le faible, de parer aux besoins, de multiplier les services. À l’heure présente, elle doit pourvoir aux retraites, s’occuper de la vieillesse, former des caisses de secours, s’occuper des ouvriers et de tous leurs besoins légitimes.

Les patrons français, les grandes industries dont s’honore notre pays, Anzin, le Creusot, Montceau-les-Mines, Saint-Grobain, les Compagnies de chemins de fer et cent autres Sociétés puissantes qu’a vues l’an dernier l’exposition d’économie sociale, se préoccupent constamment du sort de leurs ouvriers. Il faut que la France entière marche dans cette voie, que des combinaisons nouvelles de l’esprit d’association viennent en aide aux souffrances et qu’à chaque projet d’intervention de l’État on oppose, non une critique froide, mais un projet bien étudié d’initiative privée.

En face du socialisme qui aboutirait dans un délai très court à la ruine financière et morale, il ne faut pas cesser de montrer l’action spontanée de l’individu, comprenant son temps, sentant ses maux, souffrant de ses épreuves, s’associant pour centupler ses forces et n’hésitant pas, quels que soient ses travaux, la nature de ses études, ses préférences ou ses goûts, à sacrifier une part de son repos et de sa vie pour accomplir le « devoir social ».

 

 

 

Georges PICOT (1838-1909), 1890.

 

Extrait du compte rendu de l’Académie des Sciences morales et politiques,

par MM. Henry VERGÉ et P. de BOUTAREL,

sous la direction de M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie.

 

 

 

 

 



[1] Le Devoir social, pages 74-76.

 

 

 

 

 

 

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