DOCTRINE

 

DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

 

SUR

 

L’ÉCRITURE SAINTE

 

_____

 

 

PUBLIÉE EN LATIN

 

PAR

 

EMMANUEL SWEDENBORG

 

EN

 

1 7 6 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ÉCRITURE SAINTE OU LA PAROLE EST LE DIVIN VRAI MÊME

 

 

1. On dit généralement que la Parole est de Dieu, qu’elle a été Divinement inspirée, et que par suite elle est Sainte ; mais on a toujours ignoré, jusqu’à présent, où réside en elle le Divin ; car la Parole, dans la lettre, paraît comme un Écrit vulgaire, d’un style étrange, n’ayant ni la sublimité, ni l’éclat que présentent en apparence les Écrits du siècle. De là vient que l’homme, qui adore la nature au lieu de Dieu, et qui par suite tire ses pensées de lui-même et de son propre, et non du Seigneur par le ciel, peut facilement tomber dans l’erreur au sujet de la Parole, avoir du mépris pour elle, et dire en lui-même quand il la lit : Qu’est-ce que ceci ? Qu’est-ce que cela ? Est-ce que ceci est Divin ? Est-ce que Dieu, dont la Sagesse est infinie, peut parler ainsi ? Où est la Sainteté de ce Livre et d’où vient-elle, sinon d’une religiosité et de la persuasion qui en résulte ?

2. Mais celui qui pense ainsi ne considère pas que Jéhovah Lui-même, qui est le Dieu du Ciel et de la Terre, a prononcé la Parole par Moïse et par les Prophètes, et que par suite elle ne peut être que le Divin Vrai Même, car ce que Jéhovah prononce Lui-Même est ce Vrai ; il ne considère pas non plus que le Seigneur, qui est le même que Jéhovah, a prononcé la Parole contenue dans les Évangélistes, la plus grande partie de sa propre bouche, et le reste d’après l’Esprit de sa bouche, qui est l’Esprit Saint. De là vient qu’il dit Lui-même que dans ses Paroles il y a la Vie, qu’il est Lui-même la Lumière qui éclaire et qu’il est la Vérité. Que Jéhovah Lui-Même ait prononcé la Parole par les Prophètes, cela a été montré dans la DOCTRINE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM SUR LE SEIGNEUR, Nos 52, 53. Que les paroles que le Seigneur Lui-Même a prononcées dans les Évangélistes soient la vie, on le voit dans Jean :

 

« Les paroles que Moi je vous dis sont Esprit, et sont Vie. » – VI. 63.

 

Dans le Même :

 

« Jésus dit à la femme qui était près de la fontaine de Jacob : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui (en) aurais demandé, et il t’aurait donné de l’Eau vive. Celui qui boira de l’Eau que Moi je lui donnerai n’aura point soif durant l’éternité ; mais l’Eau que je lui donnerai deviendra en lui une fontaine d’Eau qui jaillira jusqu’à la vie éternelle. » – IV. 6, 10, 14.

 

Par la fontaine de Jacob est signifiée la Parole, comme aussi au Deutéronome, – XXXIII. 28 ; – c’est même pour cela que le Seigneur s’assit là, et parla avec la femme ; et par l’eau est signifié le vrai de la Parole.

 

Dans le Même :

 

« Jésus dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi et qu’il boive. Quiconque croit en Moi, comme dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de lui. » – VII. 37, 38.

 

Dans le Même :

 

« Pierre dit à Jésus : Tu as les paroles de la vie éternelle. » – VI. 68.

 

C’est pourquoi le Seigneur dit dans Marc :

 

« Le Ciel et la Terre passeront, mes paroles ne passeront point. » – XIII. 31.

 

Que les Paroles du Seigneur soient la Vie, c’est parce qu’il est Lui-Même la Vie et la Vérité, comme il l’enseigne dans Jean :

 

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » – XIV. 6.

 

Et dans le Même :

 

« Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et la Parole était Dieu, en Elle était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes. » – I. 1, 4.

 

Ici, par la Parole est entendu le Seigneur quant au Divin Vrai, dans lequel seul est la Vie et la Lumière. C’est de là que la Parole, qui vient du Seigneur, et qui est le Seigneur, est appelée :

 

« Fontaine d’eaux vives », – Jérém., II. 13. XVII. 13. XXXI. 9 ; – « Fontaine de salut », – Ésaïe, XII. 2, 3 ; – « Fontaine », – Zachar., XIII. 1 ; – et « Fleuve d’eau vive », – Apoc. XXII., 1 ; – et qu’il est dit que « l’Agneau, qui (est) au milieu du trône, les paîtra et les conduira aux Sources Vives des eaux. » – Apoc.,  VII. 17.

 

Il y a en outre d’autres passages où la Parole est appelée le Sanctuaire et le Tabernacle dans lequel le Seigneur habite avec l’homme.

3. Mais néanmoins l’homme naturel ne peut, par ce qui précède, être amené à croire que la Parole est le Divin Vrai même et qu’elle renferme la Sagesse et la Vie Divines ; en effet, il ne s’occupe que de son style dans lequel il ne voit ni cette sagesse ni cette vie. Cependant le Style de la Parole est le Style Divin même, avec lequel tout autre style, quelque sublime et quelque excellent qu’il paraisse, ne peut être mis en comparaison, car ce serait comparer l’obscurité à la lumière. Le Style de la Parole est tel, que le Saint est dans chaque sens, dans chaque mot, et même en certains endroits dans les lettres elles-mêmes ; c’est par là que la Parole conjoint l’homme avec le Seigneur et ouvre le Ciel. Il y a deux choses qui procèdent du Seigneur, le Divin Amour et la Divine Sagesse, ou, ce qui revient au même, le Divin Bien et le Divin Vrai, car le Divin Bien appartient au Divin Amour du Seigneur, et le Divin Vrai appartient à sa Divine Sagesse ; la Parole dans son Essence est l’un et l’autre ; et comme elle conjoint l’homme avec le Seigneur et ouvre le Ciel, ainsi qu’il a été dit, c’est pour cela que, lorsque l’homme la lit en ayant recours au Seigneur, et non pas seulement à ses propres lumières, elle le remplit du bien de l’amour et des vrais de la sagesse ; elle remplit sa volonté du bien de l’amour, et son entendement des vrais de la sagesse ; c’est ainsi que l’homme a la vie par la Parole.

4. C’est pourquoi, afin que l’homme ne puisse douter que la Parole ne soit telle qu’il vient d’être dit, le Seigneur m’en a révélé le Sens interne, qui, dans son Essence, est Spirituel. Ce Sens interne est renfermé dans le Sens externe ou Naturel, comme l’âme dans le corps ; il est l’Esprit qui vivifie la lettre ; aussi peut-il être un témoignage de la Divinité et de la Sainteté de la Parole, et convaincre même l’homme naturel, s’il veut être convaincu.

 

 

 

 

DANS LA PAROLE IL Y A UN SENS SPIRITUEL IGNORÉ JUSQU’À PRÉSENT.

 

 

Ce sujet sera exposé dans l’ordre suivant : I. Ce que c’est que le Sens spirituel. II. Ce Sens spirituel est dans toute la Parole et dans chacune de ses parties. III. C’est en raison de ce Sens que la Parole a été divinement inspirée et qu’elle est Sainte dans chacune de ses expressions. IV. Ce sens a été ignoré jusqu’à présent. V. Et il ne sera désormais donné qu’à celui qui est par le Seigneur dans les vrais réels.

5. I. Ce que c’est que le Sens Spirituel : Le sens qui se dégage d’après le sens de la lettre de la Parole, quand quelqu’un scrute et explique la Parole pour confirmer quelque dogme de l’Église, n’est pas le sens spirituel ; c’est le sens littéral de la Parole. Le sens spirituel ne se montre pas dans le sens de la lettre ; il est au-dedans de lui, comme l’âme dans le corps, comme la pensée dans les yeux, et l’affection dans la face, choses qui font un comme la cause et l’effet. C’est surtout par ce Sens que la Parole est spirituelle, non seulement pour les hommes, mais encore pour les Anges ; c’est pourquoi, par ce sens, la Parole communique avec les Cieux.

6. Du Seigneur procèdent, l’un après l’autre, le CÉLESTE, le SPIRITUEL et le NATUREL. On appelle CÉLESTE ce qui procède de son Divin Amour, c’est le Divin Bien ; on appelle SPIRITUEL ce qui procède de sa Divine Sagesse, c’est le Divin Vrai ; le NATUREL vient de l’un et de l’autre, il les contient dans le dernier (degré). Les Anges du Royaume céleste du Seigneur, qui composent le Troisième Ciel ou Ciel Suprême, sont dans le Divin qui procède du Seigneur et qui est appelé Céleste, car ils sont, par le Seigneur, dans le bien de l’amour. Les Anges du Royaume spirituel du Seigneur, qui composent le Second Ciel ou Ciel Moyen, sont dans le Divin qui procède du Seigneur et qui est appelé Spirituel, car ils sont, par le Seigneur, dans les vrais de la Sagesse 1. Mais les hommes de l’Église dans le Monde sont dans le Divin Naturel, qui procède aussi du Seigneur. Il suit de là que le Divin, procédant du Seigneur jusqu’à ses derniers, descend par trois Degrés, et se nomme Céleste, Spirituel et Naturel. Le Divin, qui descend du Seigneur vers les hommes, descend par ces trois Degrés, et lorsqu’il est descendu, il contient en lui ces trois Degrés : tout Divin procède de la sorte ; c’est pourquoi, quand il est dans son Dernier degré, il est dans sa plénitude. Telle est la Parole. Dans son dernier sens, elle est Naturelle ; dans son sens intérieur, elle est Spirituelle ; dans son sens intime, elle est Céleste ; et dans chaque sens, elle est Divine. Que telle soit la Parole, cela ne paraît pas dans le sens de sa lettre, qui est Naturel, par cette raison que l’homme du monde jusqu’à présent n’avait rien su des Cieux, et que par suite il ignorait ce que c’est que le Spirituel et ce que c’est que le Céleste, et par conséquent la différence entre eux et le Naturel.

7. La différence entre ces Degrés ne peut être connue, si l’on ne connaît pas la Correspondance ; car ces trois Degrés sont entièrement distincts entre eux, comme la Fin, la Cause et l’Effet, ou comme l’Antérieur, le Postérieur et le Dernier, mais ils font un par les correspondances ; en effet, le Naturel correspond au Spirituel, et aussi au Céleste. Ce que c’est que la Correspondance, on peut le voir dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, où il a été question de la Correspondance de toutes les choses du Ciel avec toutes celles de l’homme, Nos 87 à 102 ; et de la Correspondance du Ciel avec toutes les choses de la terre, Nos 103 à 115 ; et de plus on le verra par les exemples tirés de la Parole, qui seront rapportés ci-après.

8. C’est parce que la Parole est Spirituelle et Céleste intérieurement qu’elle a été écrite par de pures Correspondances ; et ce qui a été écrit par de pures Correspondances a été écrit, dans le sens dernier, d’un style tel que celui des Prophètes et des Évangélistes qui, malgré son apparence vulgaire, renferme en soi la Sagesse Divine et toute Sagesse Angélique.

9. II. Le Sens Spirituel est dans toutes et dans chacune des choses de la Parole : on ne saurait mieux le voir que par des exemples ; soient les suivants : Jean dit, dans l’Apocalypse :

 

« Je vis le Ciel ouvert, et voici un Cheval blanc ; et Celui qui était monté dessus est appelé Fidèle et Véritable ; et en justice il juge et combat. Et ses yeux, comme une flamme de feu. Il avait sur sa tête beaucoup de diadèmes ; et un Nom écrit que personne ne connaît que Lui-Même ; et Il était revêtu d’un vêtement teint de sang ; et Il s’appelle : LA PAROLE DE DIEU. Ses armées dans le Ciel Le suivaient sur des Chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et net. Il a sur son vêtement et sur sa cuisse un Nom écrit ; ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES SEIGNEURS. Et je vis un Ange se tenant dans le Soleil, et il cria d’une voix grande : Venez et assemblez-vous pour le souper du Grand Dieu, afin que vous mangiez chairs de rois, et chairs de kiliarques, et chairs de puissants, et chairs de chevaux et de ceux qui les montent, et chairs de tous, libres et esclaves, et petits et grands. » – XIX. 11 à 18.

 

Ce que ces choses signifient, personne ne peut le voir que d’après le Sens Spirituel de la Parole, et personne ne connaît le Sens Spirituel que d’après la Science des correspondances ; car tous les mots sont des correspondances, et aucun mot n’y est inutile. La Science des correspondances enseigne ce qui est signifié par le Cheval blanc, par Celui qui était monté dessus, par ses yeux qui étaient comme une flamme de feu, par les diadèmes qui étaient sur sa tête, par le vêtement teint de sang, par le fin lin blanc dont étaient vêtus ceux qui sont de son armée dans le Ciel, par l’Ange qui se tenait dans le Soleil, par le grand Souper pour lequel on doit venir et s’assembler, et par les chairs de rois, de kiliarques, etc., que l’on doit manger. Quant à ce que signifie chacune de ces choses dans le sens spirituel, on le voit dans l’Opuscule sur le CHEVAL BLANC, où elles ont été expliquées ; il serait donc inutile d’en dire davantage sur ce sujet. Dans cet Opuscule, il a été montré que le Seigneur est décrit ici quant à la Parole ; que par ses yeux qui étaient comme une flamme de feu, par les diadèmes sur sa tête, et par le Nom que personne ne connaît que Lui-Même, il est entendu le sens spirituel de la Parole, et que Personne ne le connaît que le Seigneur et celui à qui il veut le révéler ; puis aussi, que par le vêtement teint de sang, il est entendu le sens naturel de la Parole, qui est le sens de la lettre, auquel il a été fait violence. Que ce soit la Parole qui est ainsi décrite, cela est très évident, car il est dit : ET IL S’APPELLE : LA PAROLE DE DIEU ; et que ce soit le Seigneur qui est entendu, cela est encore très évident, car il est dit que le Nom de Celui qui était monté sur le cheval est : ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES SEIGNEURS. Que le sens spirituel de la Parole dût être ouvert à la fin de l’Église, cela est signifié, non seulement par ce qui vient d’être dit du Cheval et de Celui qui était monté dessus, mais encore par le grand souper auquel tous ont été invités par l’Ange, qui se tenait dans le soleil, à venir et à manger chairs de rois, de kiliarques, de puissants, de chevaux et de ceux qui les montent, et de tous, libres et esclaves. Toutes ces expressions seraient des paroles vaines privées de Vie et de spiritualité, si le spirituel n’était intérieurement en elles, comme l’âme est dans le corps.

10. Dans l’Apocalypse, Chap. XXI, la Sainte Jérusalem est ainsi décrite :

 

« Sa lumière était semblable à une pierre très précieuse, telle qu’une pierre de jaspe resplendissant comme du cristal. Elle avait une muraille grande et élevée, ayant douze portes, et sur les portes douze Anges, et des Noms inscrits qui sont (ceux) des douze Tribus d’Israël. Sa muraille était de cent quarante-quatre coudées, mesure d’Homme, laquelle est (mesure) d’Ange. La muraille était bâtie de jaspe, et ses fondements de toute pierre précieuse, de jaspe, de saphir, de calcédoine, d’émeraude, de sardonyx, de sardoine, de chrysolithe, de béryl, de topaze, de chrysoprase, d’hyacinthe et d’améthyste. Les douze Portes (étaient) douze perles. La Ville elle-même (était) d’or pur semblable à un verre pur. Elle était quadrangulaire ; sa longueur, sa largeur et sa hauteur étaient égales, de douze mille stades, etc. » – (11, 12, 16, 17, 18, 19, 20, 21.)

 

Que toutes ces choses doivent être entendues spirituellement, on peut le voir en ce que par la Sainte Jérusalem est signifiée une Nouvelle Église qui doit être établie par le Seigneur, comme il a été montré dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, Nos 62 à 65 ; et comme par Jérusalem il est signifié ici l’Église, il s’ensuit que tout ce qui est dit de Jérusalem, comme Ville, de ses portes, de sa muraille, des fondements de la muraille, et de leurs mesures, contient un sens spirituel, car ce qui appartient à l’Église est spirituel. Quant à ce que signifie chacune de ces choses, cela a été expliqué dans le TRAITÉ DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM, publié à Londres en 1758, No 1 ; il serait donc superflu de l’expliquer davantage. Il suffit qu’on sache que le sens spirituel est au dedans de chaque partie de la description, comme l’âme est au dedans du corps, et que sans un pareil sens, on ne pourrait appliquer à l’Église aucune des choses qui y sont écrites ; par exemple, que cette ville était d’or pur, ses portes de perles, sa muraille de jaspe, les fondements de la muraille de pierres précieuses, que la muraille était de cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, laquelle est mesure d’Ange, et que la ville était d’une longueur, d’une largeur et d’une hauteur de douze mille stades, etc. Mais celui qui, d’après la Science des Correspondances, connaît le sens spirituel, comprend ces choses ; par exemple, il comprend que la Muraille et ses fondements signifient la Doctrine d’après le sens littéral de la Parole ; et que les nombres douze, cent quarante-quatre, douze mille signifient des choses semblables, à savoir, tous les vrais et tous les biens de l’Église dans leur ensemble.

11. Dans l’Apocalypse, Chap. VII, il est dit :

 

« Qu’il y eut cent quarante-quatre mille marqués d’entre toutes les Tribus d’Israël, douze mille de chaque Tribu ; à savoir, des Tribus de Juda, de Ruben, de Gad, d’Asser, de Nephthali, de Manassé, de Siméon, de Lévi, d’Issacar, de Zabulon, de Joseph et de Benjamin. » – (4 à 8.)

 

Le sens spirituel de ces paroles, c’est que tous ceux chez qui par le Seigneur il y a l’Église sont sauvés ; en effet, dans le sens spirituel, par être marqué au front ou recevoir l’empreinte d’un sceau, il est signifié être reconnu par le Seigneur et être sauvé ; par les douze Tribus d’Israël sont signifiés tous ceux qui sont de cette Église ; par douze, douze mille et cent quarante-quatre mille, tous ; par Israël, l’Église, et par chaque Tribu, quelque partie spéciale de l’Église. Celui qui ne connaît pas le spirituel de ces paroles peut penser que ceux qui doivent être sauvés ne dépasseront pas le nombre fixé, et qu’ils seront seulement de la nation Israélite et Juive.

12. Dans l’Apocalypse, chap. VI, il est dit :

 

« Que lorsque l’Agneau eut ouvert le Premier sceau du Livre, il sortit un Cheval blanc ; que celui qui était monté dessus avait un arc, et qu’il lui fut donné une couronne ; que lorsqu’il eut ouvert le Second sceau, il sortit un Cheval roux, et qu’une grande épée fut donnée à celui qui était monté dessus : que lorsqu’il eut ouvert le Troisième sceau, il sortit un Cheval noir, et que celui qui était monté dessus avait une balance en sa main ; et que lorsqu’il eut ouvert le Quatrième sceau, il sortit un Cheval pâle, et que celui qui était monté dessus avait nom la Mort. » – (1 à 8.)

 

La signification de ces choses ne peut être donnée que par le sens spirituel ; on en a une notion complète quand on sait ce que signifie l’ouverture des sceaux, le cheval, etc. Ce passage renferme une description des états successifs de l’Église, depuis son commencement jusqu’à sa fin, quant à l’entendement de la Parole. L’ouverture des sceaux du Livre par l’Agneau signifie la manifestation de ces états de l’Église par le Seigneur ; le Cheval signifie l’entendement de la Parole ; le Cheval blanc l’entendement du vrai d’après la parole dans le premier état de l’Église ; l’arc de celui qui est monté sur ce cheval signifie la Doctrine de la charité et de la foi combattant contre les faux ; la couronne signifie la vie éternelle, récompense de la victoire ; le Cheval roux signifie l’entendement de la Parole entièrement perdu, quant au bien, dans le second état de l’Église ; la grande épée signifie le faux combattant contre le vrai ; le Cheval noir l’entendement de la Parole entièrement perdu, quant au vrai, dans le troisième état de l’Église ; la balance, l’estimation du vrai si petite qu’elle est presque nulle : le Cheval pâle signifie l’entendement de la Parole rendu nul, par les maux de la vie et par les faussetés qui en proviennent, dans le quatrième ou dernier état de l’Église ; la mort signifie la damnation éternelle. Que ce soit là ce qui est signifié dans le Sens Spirituel, c’est ce qui ne se manifeste pas dans le sens littéral ou naturel ; c’est pourquoi, si le Sens Spirituel n’était pas une fois ouvert, la Parole, quant à ce passage et quant à tout le reste dans l’Apocalypse, serait tellement fermée, qu’enfin personne ne saurait où la Sainteté Divine serait cachée. De même personne ne saurait ce qui est signifié par les quatre Chevaux et les quatre Chars qui sortent d’entre deux montagnes d’airain, dans Zacharie, Chap. VI. Vers. 1 à 8.

13. Dans l’Apocalypse, Chap. IX, on lit :

 

« Le cinquième Ange sonna de la trompette, et je vis une Étoile, tombée du Ciel sur la terre, et il lui fut donné la clef du puits de l’abîme. Et elle ouvrit le puits de l’abîme, et il monta du puits comme une fumée d’une grande fournaise, et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. Et de la fumée sortirent des Sauterelles sur la terre ; et il leur fut donné un pouvoir, de même qu’ont un pouvoir les scorpions de la terre. Et ces Sauterelles ressemblaient à des chevaux préparés pour la guerre ; et sur leurs têtes, comme des couronnes semblables à de l’or ; et leurs faces, comme des faces d’hommes. Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes ; et leurs dents étaient comme de lions. Et elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer ; et la voix de leurs ailes, comme une voix de chariots à plusieurs chevaux courant en guerre. Et elles avaient des queues semblables à des scorpions, et il y avait des aiguillons à leurs queues ; et leur pouvoir (était) de nuire aux hommes pendant cinq mois. Et elles avaient sur elles pour roi l’Ange de l’abîme, lequel a nom, en hébreu, Abaddon, et en grec Apollyon. » – (1, 2, 3, 7, 8, 9, 10, 11.)

 

Nul ne pourrait comprendre ces paroles, si le Sens Spirituel ne lui en avait été révélé, car rien n’y a été dit en vain ; tout, jusqu’à la moindre particularité, a sa signification. Il s’agit là de l’état de l’Église, lorsque toutes les connaissances du vrai d’après la Parole ont été entièrement perdues, et que par suite l’homme devenu sensuel se persuade que les faussetés sont des vérités. Par l’étoile tombée du ciel sont signifiées les connaissances du vrai entièrement perdues ; par le soleil et l’air obscurcis est signifiée la lumière du vrai devenue obscurité ; par les sauterelles, qui sortiront de la fumée du puits, sont signifiés les faux dans les extrêmes, tels qu’ils sont chez ceux qui sont devenus sensuels, et qui voient et jugent tout d’après des illusions ; par le scorpion est signifié leur persuasif ; les sauterelles, qui apparurent comme des chevaux préparés pour la guerre, signifient leurs raisonnements qui semblent provenir de l’entendement du vrai ; les couronnes semblables à de l’or que les sauterelles avaient sur leurs têtes, et leurs faces comme des faces d’hommes, signifient qu’il leur semble être victorieux et sages ; leurs cheveux, comme des cheveux de femmes, signifient qu’ils se croient dans l’affection du vrai ; leurs dents comme de lions, signifient que les sensuels, qui sont les derniers de l’homme naturel, apparaissent comme ayant la puissance sur toutes choses ; leurs cuirasses comme des cuirasses de fer, signifient les argumentations tirées des illusions, par lesquelles ils combattent et ont de la force ; la voix de leurs ailes, comme une voix de chariots à plusieurs chevaux courant en guerre, signifie les raisonnements qui semblent fondés sur les vérités de la doctrine tirées de la Parole, pour lesquels on doit combattre ; leurs queues semblables à des scorpions signifient les persuasions, les aiguillons à leurs queues signifient les artifices pour tromper par la persuasion ; leur pouvoir de nuire aux hommes pendant cinq mois signifie qu’ils produisent de la stupeur chez ceux qui sont dans l’entendement du vrai et dans la perception du bien ; elles avaient sur elles pour roi l’ange de l’abîme, lequel a nom Abaddon ou Apollyon, signifie que leurs faux venaient de l’enfer, où habitent ceux qui sont purement naturels et dans la propre intelligence. Tel est le sens spirituel de ces paroles, et rien de ce sens ne se montre dans le sens de la lettre. Il en est de même partout dans l’Apocalypse. Il faut qu’on sache que, dans le sens spirituel, tout se tient par un enchaînement continu que chaque mot du sens littéral ou naturel contribue à former ; c’est pourquoi, si le moindre mot était retranché, l’enchaînement serait rompu et la liaison détruite ; en conséquence, pour empêcher que cela n’arrivât, il a été ajouté à la fin de ce Livre prophétique, « qu’on ne doit pas en retrancher un mot » – Apoc., XXII. 19. – Il en est de même des Livres des Prophètes de l’Ancien Testament ; et pour que rien n’en fût retranché, il est arrivé, par la Divine Providence du Seigneur, que les Massorètes ont signalé les particularités que renferment ces Livres, jusqu’à en compter les lettres.

14. Le Seigneur, parlant devant ses Disciples de la Consommation du siècle, qui est le dernier temps de l’Église, dit à la fin des prédictions sur ses changements d’état successifs :

 

« Aussitôt après l’affliction de ces jours, le Soleil sera obscurci, et la Lune ne donnera point sa clarté, et les Étoiles tomberont du Ciel, et les puissances des Cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra le signe du Fils de l’homme dans le Ciel, et alors gémiront toutes les tribus de la terre ; et elles verront le Fils de l’homme venir dans les nuées du Ciel avec puissance et beaucoup de gloire. Et il enverra ses Anges avec trompette et voix grande : et ils assembleront ses élus des quatre vents, d’une extrémité des cieux à l’(autre) extrémité. » – Matth., XXIV. 29, 30, 31.

 

Par ces paroles, dans le sens spirituel, il n’est pas entendu que le Soleil et la Lune s’obscurciraient, ni que les étoiles tomberaient du Ciel, ni que le signe du Seigneur apparaîtrait dans le Ciel, ni qu’on le verrait lui-même dans les nues, et en même temps les Anges avec des trompettes ; mais par chacune des paroles de ce passage il est entendu des spirituels qui concernent l’Église, dont l’état final est ici décrit ; en effet, dans le sens spirituel, par le Soleil qui sera obscurci, il est entendu le Seigneur quant à l’amour ; par la lune qui ne donnera point sa clarté, le Seigneur quant à la foi ; par les Étoiles qui tomberont du Ciel, les connaissances du bien et du vrai qui doivent périr ; par le signe du Fils de l’homme dans le Ciel, l’apparition du Divin Vrai ; par les tribus de la terre qui gémiront, le manque de tout vrai qui appartient à la foi et de tout bien qui appartient à l’amour ; par l’avènement du Fils de l’homme dans les nuées du Ciel avec puissance et gloire, la présence du Seigneur dans la Parole et la révélation ; par les nuées, le sens littéral de la Parole, et par la gloire son sens spirituel ; par les Anges avec trompette et voix grande, le Ciel d’où vient le Divin Vrai ; par assembler les élus des quatre vents d’une extrémité des Cieux à l’autre extrémité, un renouvellement de l’Église quant à l’amour et à la foi. Qu’il ne soit entendu ici ni obscurcissement du soleil et de la lune, ni chute des étoiles sur la terre, on le voit clairement par les Prophètes qui ont dit de semblables choses à propos de l’état de l’Église à la venue du Seigneur dans le monde ; ainsi on lit dans Ésaïe :

 

« Voici, le jour de Jéhovah vient, cruel, et d’emportement de colère ; les Étoiles des cieux et leurs astres ne brilleront point de leur lumière ; le Soleil sera obscurci à son lever, et la Lune ne fera point resplendir sa clarté ; je châtierai le monde pour sa méchanceté. » – XIII. 9, 10, 11.

 

Dans Joël :

 

« Il vient, le jour de Jéhovah, jour de ténèbres et d’obscurité ; le Soleil et la Lune seront obscurcis, et les Étoiles retireront leur lumière. » – III. 4. IV. 15.

 

Dans Ézéchiel :

 

« Je couvrirai les Cieux et j’obscurcirai les Étoiles ; je couvrirai le Soleil d’une nuée et la Lune ne fera point luire sa lumière ; je couvrirai tous les luminaires de lumière et je mettrai des ténèbres sur la terre. » – XXXII. 7, 8.

 

Par le jour de Jéhovah est entendu l’Avènement du Seigneur ; cet Avènement eut lieu quand il n’y eut plus dans l’Église aucun reste de bien, ni de vrai, ni aucune connaissance du Seigneur.

15. Afin qu’on puisse voir que les écrits prophétiques de l’Ancien Testament sont inintelligibles en beaucoup d’endroits si l’on n’a recours au sens spirituel, j’ajouterai quelques passages, tels que celui-ci dans Ésaïe :

 

« Alors Jéhovah agitera le fouet contre l’Assyrien, comme lors de la plaie de Madian au rocher de Horeb ; et il lèvera son bâton sur la mer, dans le chemin de l’Égypte. Et il arrivera en ce jour-là que son fardeau se retirera de dessus ton épaule, et son joug de dessus ton cou. Il viendra contre Hajath, il passera à Migron, contre Miemas il donnera des ordres par ses armes ; ils passeront par Mébarah ; Guébah (sera) notre hôtellerie ; elle tremblera, Rama ; Guibhath de Saül s’enfuira. Gémis de ta voix, fille de Gallim ; écoute Laïs, ô malheureuse Anathoth ! Errante sera Madména ; les habitants de Guébim se rassembleront. (Est-il) encore un jour dans Nob pour s’arrêter ? Elle agitera sa main, la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem. Jéhovah coupera les fourrés de la forêt avec le fer, et le Liban sera renversé par le Magnifique. » – X. 26 à 34.

 

On ne rencontre là que des Noms, dont on ne peut rien tirer sans le secours du Sens Spirituel, dans lequel tous les Noms, dans la Parole, signifient des choses du Ciel et de l’Église : d’après ce Sens, ces mots signifient que toute l’Église a été dévastée par les Scientifiques, qui pervertissent tout vrai et confirment tout faux. Ailleurs, dans le même Prophète :

 

« En ce jour-là cessera la jalousie d’Éphraïm, et les ennemis de Juda seront retranchés. Éphraïm ne jalousera point Juda, et Juda ne resserrera point Éphraïm. Mais ils voleront sur l’épaule des Philistins vers la mer ; ensemble ils pilleront les fils de l’Orient ; ils porteront leur main sur Édom et Moab. D’un autre côté Jéhovah fera disparaître la langue de mer de l’Égypte, et il agitera sa main sur le fleuve avec la véhémence de son souffle ; et il le frappera en sept ruisseaux pour faire chemin avec les souliers. Alors il y aura un sentier pour les restes de son peuple, qui seront de reste d’Assur. » – XI. 13 à 16.

 

Ici encore, à moins qu’on ne sache ce que chacun de ces noms signifie, rien de divin n’apparaît, alors cependant qu’il s’agit là de l’Avènement du Seigneur et des circonstances qui l’accompagnèrent, comme cela résulte évidemment des versets 1 à 10. Comment donc, sans le secours du sens spirituel, verrait-on que par ces mots d’après leur enchaînement il est signifié que ceux qui sont dans les faux par ignorance, et qui ne se sont pas laissé séduire par les maux, s’approcheront du Seigneur, et que les faux ne leur seront plus nuisibles, et qu’alors l’Église comprendra la Parole. Il en est de même pour les passages qui ne renferment pas de noms propres, comme dans Ézéchiel :

 

« Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : Fils de l’homme, dis aux oiseaux de toute plume et à toutes bêtes des champs : Assemblez-vous, et venez. Assemblez-vous de toutes parts pour mon Sacrifice, que je sacrifie pour vous, sacrifice grand sur les montagnes d’Israël, afin que vous mangiez de la chair et que vous buviez du sang. Chair des forts vous mangerez et sang des princes de la terre vous boirez. Voies mangerez de la graisse à satiété, et boirez du sang jusqu’à l’ivresse, de mon sacrifice que je sacrifie pour vous. Vous serez rassasiés sur ma table, de cheval et de char, et de fort et de tout homme de guerre. C’est ainsi que je donnerai ma gloire parmi les nations. » – XXXIX. 17 à 21.

 

Celui qui ne sait pas, d’après le sens spirituel, ce qui est signifié par le sacrifice, par la chair et le sang, par le cheval, le char, le fort et l’homme de guerre, ne peut que savoir qu’ils doivent manger et boire de telles choses ; mais le sens spirituel enseigne que, par manger la chair et boire le sang du sacrifice que le Seigneur Jéhovih fera sur les montagnes d’Israël, il est signifié s’approprier le Divin Bien et le Divin Vrai d’après la Parole ; car il s’agit de la convocation de tous pour le Royaume du Seigneur, et spécialement de l’instauration de l’Église parmi les Gentils par le Seigneur. Qui ne peut voir qu’ici par chair il n’est pas entendu de la chair, ni par sang du sang, par exemple, qu’ils boiront du sang jusqu’à l’ivresse, et qu’ils seront rassasiés de cheval, de char, de fort et de tout homme de guerre ? Pareillement en mille autres passages dans les Prophètes.

16. Sans le Sens Spirituel, personne ne saurait pourquoi il a été ordonné au Prophète Jérémie de s’acheter une ceinture et de la mettre sur ses reins, de ne la point passer par l’eau, et de la cacher dans un trou du rocher vers l’Euphrate, – Jérém., XIII. 1 à 7 ; – pourquoi il a été ordonné au Prophète Ésaïe de délier le sac de dessus ses reins, d’ôter son soulier de son pied, et d’aller nu et déchaussé pendant trois ans, – Ésaïe, XX. 2, 3 ; – pourquoi il a été ordonné au Prophète Ézéchiel de passer un rasoir sur sa tête et sur sa barbe, de diviser ensuite ce qui aurait été rasé, d’en brûler un tiers au milieu de la ville, d’en frapper un tiers par l’épée, de disperser au vent l’autre tiers et d’en lier quelques brins dans les pans de son manteau, et enfin d’en jeter au milieu du feu, – Ézéch., V. 1 à 4 ; – pourquoi il a été ordonné au même Prophète de coucher trois cent quatre-vingt-dix jours sur son côté gauche, et quarante jours sur son côté droit ; de se faire un gâteau de froment, d’orge, de millet et d’épeautre avec des excréments de bœuf, et de le manger, et de faire pendant ce temps-là un retranchement et un rempart contre Jérusalem, et de l’assiéger, – Ézéch., IV. 1 à 15 ; – pourquoi il a été ordonné deux fois au Prophète Osée de prendre pour épouse une femme prostituée, – Osée, I. 2 à 9. III. 2, 3 ; – et pourquoi tant d’autres choses semblables ont été ordonnées. En outre, qui saurait, sans le Sens Spirituel, ce qui est signifié par toutes les choses du Tabernacle ; par exemple, par l’Arche, le Propitiatoire, les Chérubins, le Chandelier, l’Autel des parfums, les Pains des faces sur la table, les Voiles et les Rideaux ? Sans le Sens Spirituel, qui saurait ce que signifient les vêtements de sainteté d’Aharon, la Tunique, le Manteau, l’Éphod, l’Urim et le Thumim, la Tiare et plusieurs autres parties de son vêtement ? Sans le Sens Spirituel, qui saurait ce qui est signifié par toutes les choses qui ont été commandées au sujet des Holocaustes, des Sacrifices, des Minchahs et des Libations ; puis, au sujet des Sabbats et des Fêtes ? La vérité est qu’il n’a pas été fait le moindre commandement qui n’ait signifié quelque chose concernant le Seigneur, le Ciel et l’Église. Par ce peu d’exemples, on peut voir clairement qu’il y a un Sens Spirituel dans toutes et dans chacune des choses de la Parole.

17. Que le Seigneur, quand il était dans le monde, ait parlé par correspondances ainsi spirituellement en même temps qu’il parlait naturellement, on peut le voir d’après ses Paraboles, dans chaque mot desquelles il y a le Sens Spirituel. Soit pour exemple la parabole des dix Vierges : il dit :

 

« Le Royaume des Cieux est semblable à dix Vierges, qui, prenant leurs lampes, sortirent à la rencontre du Fiancé. Cinq d’entre elles étaient prudentes, et cinq folles ; celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, n’avaient point pris d’huile ; mais les prudentes avaient pris de l’huile dans leurs lampes. Or, comme le Fiancé tardait, elles s’assoupirent toutes, et elles s’endormirent ; mais au milieu de la nuit, un cri se fit : Voici, le Fiancé vient, sortez à sa rencontre ! Alors toutes ces Vierges furent réveillées et elles préparèrent leurs lampes. Or, les insensées disaient aux prudentes : Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes sont éteintes ; mais les prudentes répondaient en disant : Peut-être qu’elle ne suffirait pas pour nous et pour vous ; allez plutôt vers ceux qui (en) vendent, et achetez-(en) pour vous-mêmes. Or, pendant qu’elles allaient (en) acheter, arriva le Fiancé ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec Lui aux noces, et la porte fut fermée. Et enfin vinrent aussi les autres Vierges, disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ; mais Lui, répondant, dit : En vérité, je vous dis : Je ne vous connais point. » – Matth., XXV. 1 à 12.

 

Que dans chacun de ces mots il y ait un Sens Spirituel, et par suite une Sainteté Divine, personne ne le voit que celui qui sait qu’il existe un sens spirituel, et quel est ce sens. Dans le Sens Spirituel, par le Royaume des Cieux il est entendu le Ciel et l’Église ; par le Fiancé, le Seigneur ; par les Noces, le mariage du Seigneur avec le Ciel et l’Église par le bien de l’amour et de la foi ; par les Vierges, ceux qui sont de l’Église ; par dix, tous ; par cinq, une partie ; par les lampes, les vrais de la foi ; par l’huile, le bien de l’amour ; par dormir et être réveillé, la vie de l’homme dans le monde, vie qui est naturelle, et sa vie après la mort, vie qui est spirituelle ; par acheter, acquérir pour soi-même ; par aller vers ceux qui vendent et acheter de l’huile, acquérir des autres pour soi-même le bien de l’amour après la mort ; et comme alors il n’est plus possible de l’acquérir, voilà pourquoi, bien qu’avec leurs lampes et l’huile qu’elles avaient achetée, elles fussent venues à la porte du lieu où se faisaient les noces, le Fiancé cependant leur dit : « Je ne vous connais point » ; et cela, parce que l’homme, après la vie dans le monde, reste tel qu’il a vécu dans le monde. D’après cela, il est bien évident que le Seigneur a parlé par de pures correspondances, et cela, parce qu’il parlait d’après le Divin qui était en Lui et qui Lui appartenait. Que par le Fiancé il soit signifié le Seigneur ; par le Royaume des Cieux, l’Église ; par les Noces, le mariage du Seigneur avec l’Église par le bien de l’amour et de la foi ; par les Vierges, ceux qui sont de l’Église ; par Dix, tous ; par Cinq, une partie ; par Dormir, l’état naturel ; par Acheter, acquérir pour soi ; par la Porte, l’entrée dans le Ciel ; et que par ne pas connaître, quand cela est dit par le Seigneur, ce soit ne pas être dans Son Amour, on peut le voir par beaucoup de passages dans la Parole Prophétique où ces expressions signifient de semblables choses. Comme les Vierges signifient ceux qui sont de l’Église, c’est pour cela que, dans la Parole Prophétique, il est si souvent dit la Vierge et la Fille de Sion, de Jérusalem et d’Israël ; et comme l’Huile signifie le bien de l’amour, c’est pour cela que toutes les choses saintes de l’Église Israélite étaient ointes d’huile. Il en est de même pour toutes les autres Paraboles, et pour toutes les paroles que le Seigneur prononça, et que les Évangélistes écrivirent ; de là vient que le Seigneur dit que ses Paroles sont Esprit et Vie, – Jean VI. 63. – Il en est de même de tous les Miracles du Seigneur, qui étaient Divins, parce qu’ils ont signifié les différents états de ceux chez lesquels l’Église devait être instaurée par le Seigneur ; ainsi, par les aveugles qui recouvraient la vue, il était signifié que ceux qui avaient été dans l’ignorance du vrai recevraient l’intelligence ; par les sourds qui recouvraient l’ouïe, il était signifié que ceux qui auparavant n’avaient rien entendu au sujet du Seigneur et de la Parole écouteraient et obéiraient ; par les morts qui étaient ressuscités, il était signifié que ceux qui, autrement, auraient péri spirituellement deviendraient vivants ; et ainsi du reste : cela est entendu par la réponse du Seigneur aux disciples de Jean, qui lui faisaient demander s’il était Celui qui devait venir :

 

« Rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez : Les Aveugles voient, les Boiteux marchent, les Lépreux sont nettoyés, les Sourds entendent, les Morts ressuscitent et l’Évangile est annoncé aux pauvres. » – Matth., XI. 3, 4, 5.

 

De plus, tous les Miracles rapportés dans la Parole contiennent en eux de semblables choses qui se réfèrent au Seigneur, au Ciel et à l’Église ; c’est ainsi qu’ils sont des Miracles Divins, et qu’on les distingue des Miracles qui ne sont pas Divins. Ces quelques explications permettent de voir ce qu’est le Sens Spirituel, et de montrer aussi que ce sens est dans toute la Parole et dans chacune de ses parties.

18. III. C’est à cause du Sens Spirituel que la Parole est divinement inspirée, et qu’elle est Sainte dans chacune de ses expressions : on dit, dans l’Église, que la Parole est Sainte ; et cela, parce que Jéhovah Dieu l’a prononcée ; mais comme ce qui est Saint ne se manifeste pas dans la lettre seule, il en résulte que celui qui, à cause de cela, doute une fois de sa Sainteté, se confirme ensuite dans ce doute par plusieurs passages de la Parole quand il la lit ; car il dit alors en lui-même : Est-ce que ceci est Saint ? est-ce que cela est Divin ? Afin donc d’éviter qu’une telle pensée pénètre dans l’esprit de plusieurs, qu’elle s’y établisse et qu’ainsi périsse la conjonction du Seigneur avec l’Église dans laquelle est la Parole, il a plu au Seigneur de révéler maintenant le Sens Spirituel de la Parole pour qu’on sache où cette Sainteté est cachée. Mais des exemples vont mettre cela en lumière : Dans la Parole, il est question tantôt de l’Égypte, tantôt d’Assur, tantôt d’Édom, de Moab, des fils d’Ammon, de Tyr et de Sidon, de Gog ; celui qui ne sait pas que par ces Noms sont signifiées des choses du Ciel et de l’Église peut être induit en erreur et croire que la Parole s’occupe beaucoup des nations et des peuples, et fort peu du Ciel et de l’Église, ainsi beaucoup des choses terrestres et fort peu des choses célestes ; mais quand celui-là sait ce qui est signifié par ces nations et ces peuples ou par leurs noms, il peut être ramené de l’erreur à la vérité. Il en est de même, lorsque dans la Parole il voit qu’il est si souvent parlé de Jardins, de Bocages, de Forêts ; puis, de leurs Arbres, tels que l’Olivier, la Vigne, le Cèdre, le Peuplier, le Chêne ; et si souvent question d’Agneaux, de Brebis, de Boucs, de Veaux et de Bœufs, et aussi de Montagnes, de Collines, de Vallées, et des Fontaines, Fleuves et Eaux qui s’y trouvent, et de beaucoup d’autres objets naturels ; celui qui ne sait rien du Sens Spirituel de la Parole ne peut faire autrement que de croire que ce sont seulement ces objets qui sont entendus ; car il ne sait pas que par le jardin, le bocage et la forêt, sont entendues la sagesse, l’intelligence et la science ; que par l’olivier, la vigne, le cèdre, le peuplier et le chêne, sont entendus le bien et le vrai de l’Église, sous leurs différents caractères de céleste, spirituel, rationnel, naturel et sensuel ; que par l’agneau, la brebis, le bouc, le veau, le bœuf sont entendues l’innocence, la charité et l’affection naturelle ; que par les montagnes, les collines et les vallées, sont entendus les supérieurs, les inférieurs, et les infimes de l’Église ; que par l’Égypte il est signifié la science ; par Assur, la raison ; par Édom, le naturel ; par Moab, l’adultération du bien ; par les fils d’Ammon, l’adultération du vrai ; par Tyr et Sidon, les connaissances du vrai et du bien ; par Gog, le culte externe sans l’interne ; mais, quand il connaît ces significations, il peut alors penser que la Parole ne traite que de choses célestes, et que ces objets terrestres ne sont que les sujets dans lesquels elles sont renfermées. Mais un exemple pris dans la Parole va encore éclaircir cela ; on lit dans David :

 

« La voix de Jéhovah (est) sur les eaux, le Dieu de gloire fait tonner, Jéhovah (est) sur les grandes eaux. La voix de Jéhovah brise les cèdres, Jéhovah broie les cèdres du Liban et les fait sauter comme un veau, le Liban et Scirjon comme un faon de licorne. La voix de Jéhovah tranche comme une flamme de feu. La voix de Jéhovah fait trembler le désert, elle fait trembler le désert de Kadès. La voix de Jéhovah fait mettre bas les biches et dépouille les forêts ; mais dans son Temple chacun publie sa gloire. » – Ps. XXIX. 3 à 9.

 

Celui qui ne sait pas que dans chacun de ces mots il y a une Divine Sainteté, peut dire en lui-même, s’il est purement naturel : Qu’est-ce que cela ? Jéhovah se tient sur les eaux ! par sa voix il brise les cèdres ! il les fait sauter comme un veau, et le Liban comme un faon de licorne ! il fait mettre bas les biches ! etc. ; en effet, il ne sait pas que la puissance du Divin Vrai ou de la Parole a été décrite par ces expressions dans le Sens Spirituel ; car dans ce Sens, par la voix de Jéhovah, qui là est le tonnerre, est entendu le Divin Vrai ou la Parole dans sa puissance ; par les grandes eaux sur lesquelles se tient Jéhovah sont entendus ses vrais ; par les cèdres et le Liban, qu’il brise et qu’il broie, sont entendus les faux de l’homme rationnel ; par le veau et le faon de la licorne, les faux de l’homme naturel et sensuel ; par la flamme de feu il est entendu l’affection du faux ; par le désert et par le désert de Kadès, l’Église où il n’y a aucun vrai ni aucun bien ; par les biches, que la voix de Jéhovah fait mettre bas, sont entendues les nations qui sont dans le bien naturel, et par les forêts qu’elle dépouille sont entendues les sciences et les connaissances que la Parole leur ouvre ; c’est pour cela qu’il est dit ensuite que dans son Temple chacun publie sa gloire, par quoi il est entendu que dans chaque chose de la Parole il y a des Divins Vrais ; car le Temple signifie le Seigneur, et par suite la Parole, puis le Ciel et l’Église ; et la gloire signifie le Divin Vrai. D’après ces explications, il est évident qu’ici il n’y a pas un mot qui ne décrive la Divine puissance de la Parole contre les faux de tout genre chez les hommes naturels, et sa Divine puissance pour réformer les nations.

19. Il y a dans la Parole un Sens plus intérieur qui est appelé CÉLESTE, dont il a déjà été dit quelque chose ci-dessus, N° 6 ; mais ce Sens ne peut être facilement exposé, car il ne tombe pas dans la pensée de l’entendement comme il tombe dans l’affection de la volonté. S’il y a dans la Parole un Sens encore plus intérieur, qui est appelé céleste, c’est parce que du Seigneur procèdent le Divin Bien et le Divin Vrai ; le Divin Bien d’après son Divin Amour ; et le Divin Vrai, d’après sa Divine Sagesse ; il y a l’un et l’autre dans la Parole, car la Parole est le Divin Procédant ; et comme il y a l’un et l’autre, c’est pour cela que la Parole vivifie ceux qui la lisent saintement. Mais il en sera dit davantage sur ce sujet dans l’Article où il sera démontré que dans chaque chose de la Parole il y a le mariage du Seigneur et de l’Église, et par suite le mariage du bien et du vrai.

20. IV. Le Sens Spirituel de la Parole a été ignoré jusqu’à présent. Que toutes et chacune des choses qui sont dans la nature correspondent à des choses spirituelles, et qu’il en soit de même de toutes et de chacune des choses qui sont dans le corps humain, c’est ce qui a été montré dans le traité du CIEL ET DE L’ENFER, Nos 87 à 115. Mais qu’est-ce que la correspondance ? Jusqu’à présent on l’a ignoré ; cependant, dans les temps Très-Anciens elle était bien connue ; car pour ceux qui vivaient alors, la Science des Correspondances était la Science des sciences, et si universelle que tous leurs Codes et tous leurs Livres ont été écrits par Correspondances. Le Livre de Job, qui est un Livre des Anciens, est plein de correspondances. Les Hiéroglyphes des Égyptiens, et aussi les fictions fabuleuses de l’Antiquité, ne furent pas autre chose ; toutes les Églises Anciennes furent des Églises Représentatives des Célestes ; leurs rites, et aussi les statuts, selon lesquels leur culte avait été institué, consistaient en pures correspondances ; de même toutes les choses de l’Église chez les fils de Jacob ; les Holocaustes et les Sacrifices, avec tout ce qui y avait rapport, étaient des Correspondances ; pareillement le Tabernacle avec tout ce qu’il renfermait ; puis aussi leurs Fêtes, telles que la Fête des azymes, la Fête des tabernacles et la Fête des prémices ; de même le Sacerdoce d’Aharon et des Lévites, et aussi les Vêtements de Sainteté d’Aharon et de ses fils ; de plus, tous les Statuts et Jugements qui concernaient leur culte et leur vie. Or, comme dans le monde les Divins se manifestent par des correspondances, voilà pourquoi la Parole a été écrite par de pures correspondances ; c’est pour cela que le Seigneur, parce qu’il parlait d’après son Divin, parla par des Correspondances, car ce qui vient du Divin tombe dans la nature dans des choses qui correspondent aux Divins, et qui alors renferment dans leur sein les Divins qui sont appelés Célestes et Spirituels.

21. J’ai su que les hommes de la Très-Ancienne Église, qui exista avant le Déluge, étaient d’un génie si céleste, qu’ils parlaient avec les Anges du Ciel, et qu’ils pouvaient parler avec eux par les correspondances ; de là l’état de leur sagesse devint tel, que tout ce qu’ils voyaient sur la terre, non seulement ils y pensaient naturellement, mais encore en même temps spirituellement, aussi par conséquent conjointement avec les Anges. De plus, j’ai su que Chanoch, dont il est parlé dans la Genèse, – V. 21 à 24, – et ceux de sa société, recueillirent de leur bouche les correspondances, et en transmirent la Science à leur postérité, d’où il arriva que la science des Correspondances fut non seulement connue, mais encore cultivée dans un grand nombre de Royaumes de l’Asie, surtout dans la terre de Canaan, dans l’Égypte, l’Assyrie, la Chaldée, la Syrie, l’Arabie, à Tyr, à Sidon, à Ninive, et que des côtes maritimes elle fut transportée en Grèce ; mais là elle fut changée en récits fabuleux, comme on peut le voir par les écrits des plus anciens Auteurs de cette contrée.

22. Mais lorsque les Représentatifs de l’Église, qui étaient des Correspondances, eurent été, avec le temps, changés en idolâtrie et aussi en magie, cette Science, d’après la divine Providence du Seigneur, tomba successivement dans l’oubli, et chez la nation Israélite et Juive elle fut entièrement perdue et anéantie. À la vérité, le culte de cette nation consistait en pures Correspondances, et par suite était représentatif des choses célestes ; mais néanmoins les Israélites et les Juifs ne savaient pas ce que ce culte signifiait ; car c’était des hommes tout à fait naturels, et par suite ils ne voulaient et ils ne pouvaient rien savoir des Spirituels, ni par conséquent rien des Correspondances.

23. Si, dans les temps anciens, les Idolâtries des Nations ont tiré leur origine de la Science des Correspondances, cela vient de ce que toutes les choses que l’on voit sur la terre correspondent ; ainsi, non seulement les arbres, mais encore les bêtes et les oiseaux de tout genre, et aussi les poissons, etc. Les Anciens, qui étaient dans la Science des Correspondances, s’étaient fait des images qui correspondaient aux choses célestes, et trouvaient du plaisir à voir ces images, parce qu’elles signifiaient des choses qui appartenaient au Ciel et par suite à l’Église, et en conséquence ils les plaçaient, non seulement dans leurs temples, mais aussi dans leurs maisons, non pour en faire des objets d’adoration, mais pour rappeler à leur souvenir la chose céleste qu’elles signifiaient ; de là, en Égypte et ailleurs, il y eut, en image, des veaux, des bœufs, des serpents ; puis des enfants, des vieillards, des vierges, parce que les veaux et les bœufs signifiaient les affections et les forces de l’homme naturel ; les serpents, la prudence de l’homme sensuel ; les enfants, l’innocence et la charité ; les vieillards, la sagesse ; et les vierges, les affections du vrai, et ainsi du reste. Quand la Science des correspondances eut été oblitérée, les descendants commencèrent à adorer comme choses Saintes les images et les simulacres placés par les Anciens, parce qu’ils les trouvèrent dans les Temples et près des Temples, et enfin à les adorer comme des Divinités. Il en fut de même chez les autres nations ; ainsi, les Philistins dans Ascdod adorèrent Dagon, – I Samuel, V. 1 à 12, – dont la partie supérieure ressemblait à un homme, et la partie inférieure à un poisson ; cette image avait été inventée parce que l’homme signifie l’intelligence, et le poisson la science, choses qui font un. C’est aussi de là que les Anciens avaient un culte dans des jardins et dans des bocages, selon les espèces d’arbres ; puis aussi, sur des montagnes et sur des collines ; car les jardins et les bocages signifiaient la sagesse et l’intelligence, et chaque arbre quelque chose de la sagesse et de l’intelligence ; par exemple, l’olivier le bien de l’amour, la vigne le vrai d’après ce bien, le cèdre le bien et le vrai rationnels, la montagne le Ciel suprême, et la colline le Ciel qui est au-dessous. Que la Science des correspondances soit restée chez plusieurs Orientaux jusqu’à l’Avènement du Seigneur, on peut le voir d’après les sages de l’Orient qui vinrent à la naissance du Seigneur ; c’est pourquoi une étoile allait devant eux, et ils portaient avec eux des présents, de l’Or, de l’Encens et de la Myrrhe, – Matth., II. 1, 2, 9, 10, 11 ; – en effet, l’Étoile qui allait devant eux signifiait la connaissance venant du Ciel : l’or signifiait le bien céleste, l’encens le bien spirituel, et la myrrhe le bien naturel, tout culte dépendant de ces trois biens. Néanmoins la Science des Correspondances était entièrement nulle chez la nation Israélite et Juive, quoique toutes les choses de leur culte, tous les jugements et tous les statuts qui leur avaient été donnés par Moïse, et toutes les choses de la Parole, fussent de pures correspondances : cela venait de ce qu’ils étaient idolâtres de cœur, et par suite tels, qu’ils ne voulaient pas même savoir que quelque chose de leur culte signifiait le Céleste et le Spirituel ; car ils voulaient que toutes les choses de leur culte fussent saintes par elles-mêmes et pour eux seuls. Si donc les célestes et les spirituels leur eussent été découverts, non seulement il les auraient rejetés, mais ils les auraient même profanés ; c’est pour cela que le Ciel fut si bien fermé pour eux, qu’ils savaient à peine qu’il y avait une vie éternelle ; que cela fût ainsi, on le voit clairement en ce qu’ils ne reconnurent point le Seigneur, quoique toute l’Écriture Sainte eût prophétisé sur Lui, et eût prédit son avènement ; ils le rejetèrent pour cette seule raison qu’il leur parlait d’un Royaume céleste et non d’un Royaume terrestre ; car ils voulaient un Messie qui les élevât au-dessus de toutes les nations du monde, et non un Messie qui pourvût à leur salut éternel. De plus, ils affirment que la Parole contient en elle beaucoup d’arcanes qu’ils nomment mystiques, mais ils ne veulent pas savoir que ces arcanes concernent le Seigneur ; cependant ils les veulent savoir quand on leur dit qu’il y est question d’or.

24. Si la Science des Correspondances, par laquelle est donné le Sens Spirituel de la Parole, n’a pas été dévoilée dans les temps postérieurs, c’est parce que les Chrétiens dans la primitive Église étaient d’une trop grande simplicité pour qu’elle pût être découverte devant eux ; car si elle leur avait été découverte, elle ne leur aurait été d’aucun usage, et n’aurait pas été comprise. Depuis cette première époque du Christianisme, des ténèbres s’élevèrent sur toute la Chrétienté par suite de la Domination papale ; et ceux qui sont sous cette domination, et qui se sont confirmés dans ses faux, ne peuvent et ne veulent rien comprendre de spirituel, ni par conséquent saisir ce que c’est que la correspondance des choses naturelles avec les choses spirituelles dans la Parole ; en effet, ils seraient ainsi convaincus que par Pierre il est entendu, non pas Pierre, mais le Seigneur comme étant la Pierre, et ils seraient encore convaincus que la Parole est Divine jusque dans ses intimes, et que relativement à elle les décrets du Pape ne sont rien. Après la Réformation, comme on se mit à distinguer entre la foi et la charité, et à adorer Dieu sous trois Personnes, ainsi trois Dieux qu’on imaginait ne faire qu’un, les vérités célestes restèrent encore cachées ; et si elles eussent été découvertes, on les aurait falsifiées, et on les aurait employées à confirmer la foi seule, sans en appliquer aucune à la charité et à l’amour ; ainsi l’on se serait même fermé le Ciel.

25. Si le Sens Spirituel de la Parole est aujourd’hui dévoilé par le Seigneur, c’est parce que la Doctrine du vrai réel est maintenant révélée ; or, cette Doctrine seule s’accorde avec le sens spirituel de la Parole et aucune autre ne peut s’accorder avec lui. Ce sens aussi est signifié par l’apparition du Seigneur dans les nuées du Ciel avec gloire et puissance, – Matth., XXIV. 30, 31. ; – dans ce Chapitre, il s’agit de la consommation du siècle, par laquelle est entendu le dernier temps de l’Église. L’ouverture de la Parole quant à son Sens spirituel a été aussi promise dans l’Apocalypse ; là, ce sens est entendu par le Cheval blanc, et par le grand Souper auquel tous seront invités – XIX. 11 à 18. – Que pendant longtemps le sens spirituel ne sera pas connu, et que cela sera uniquement dû à l’influence de ceux qui sont dans les faussetés de la doctrine, surtout au sujet du Seigneur, et qui par conséquent n’admettent pas les vérités, c’est ce qui est entendu par la Bête et par les Rois de la terre qui doivent faire la guerre contre celui qui est assis sur le Cheval blanc, – Apoc., XIX. 19 ; – par la Bête sont entendus les Catholiques-Romains, comme dans le Chapitre XVII, Vers. 3 ; et par les Rois de la terre, les Réformés qui sont dans les faussetés de la doctrine.

26. V. Le Sens Spirituel de la Parole ne sera donné désormais qu’à celui qui est par le Seigneur dans les vrais réels. En voici la cause : On ne peut voir le sens spirituel que par le Seigneur Seul, et si l’on est par Lui dans les vrais réels ; en effet, dans le Sens Spirituel de la Parole, il ne s’agit que du Seigneur et de son Royaume, et c’est dans ce sens que sont ses Anges dans le Ciel ; car c’est là que réside Son Divin Vrai. L’homme peut violer ce vrai s’il est dans la Science des Correspondances, et qu’il veuille par elle explorer le Sens Spirituel de la Parole sans autre aide que sa propre intelligence ; il peut, en effet, par la connaissance de quelques correspondances en pervertir le sens et l’appliquer à confirmer même le faux, ce qui serait faire violence au Divin Vrai, et au Ciel ; c’est pourquoi, si quelqu’un veut ouvrir ce sens par lui-même et non par le Seigneur, le Ciel se ferme, et dès qu’il est fermé, ou l’homme ne voit rien de vrai, ou il tombe dans des extravagances spirituelles. Il y a aussi une autre cause, c’est que le Seigneur enseigne chacun par la Parole, et il le fait par le moyen des vérités qui sont chez l’homme, sans en répandre immédiatement de nouvelles ; si donc l’homme n’est pas dans les Divins Vrais, ou s’il est seulement dans un petit nombre de vrais et en même temps dans des faux, il peut par ceux-ci falsifier les vrais, ce que fait aussi, comme on le sait, tout hérétique pour le sens de la lettre de la Parole : c’est pourquoi, afin que personne n’entre dans le sens spirituel de la Parole, ou ne pervertisse le vrai réel qui dépend de ce sens, le Seigneur a placé des gardes qui sont entendus par les Chérubins dans la Parole. Que des Gardes aient été placés, c’est ce qui m’a été représenté comme il suit : « Il m’a été donné de voir de grandes bourses, qui ressemblaient à des sacs, dans lesquelles on avait renfermé une grande quantité d’argent, et comme elles étaient ouvertes, il me semblait que chacun pouvait en retirer l’argent qui s’y trouvait, et même l’emporter ; mais auprès de ces bourses étaient assis deux Anges qui les gardaient ; le lieu où elles étaient déposées ressemblait à une crèche dans une étable : dans une Chambre voisine je vis des Vierges modestes avec une Épouse chaste ; et près de cette Chambre se tenaient deux Enfants ; il me fut dit qu’avec eux il ne fallait pas jouer d’une manière enfantine, mais avec sagesse ; après cela il apparut une Femme débauchée, puis un cheval étendu mort. Après avoir vu ces choses, j’appris qu’elles représentaient le sens de la lettre de la Parole, dans lequel est le sens spirituel. Ces grandes bourses pleines d’argent signifiaient les connaissances du vrai en grande abondance ; qu’elles fussent ouvertes, et cependant gardées par des Anges, signifiait que chacun pouvait en tirer les connaissances du vrai, mais qu’il avait été pris soin que personne ne falsifiât le sens spirituel, dans lequel sont les vérités pures ; la crèche dans l’étable, où les bourses étaient placées, signifiait l’instruction spirituelle pour l’entendement ; la crèche a cette signification, parce que le cheval, qui mange là, signifie l’entendement ; les vierges modestes, qui furent vues dans la Chambre voisine, signifiaient les affections du vrai ; l’épouse chaste la conjonction du bien et du vrai ; les enfants signifiaient l’innocence de la sagesse dans cette conjonction ; c’était des Anges du troisième Ciel, où tous apparaissent comme des enfants ; la femme débauchée avec le Cheval mort signifiait la falsification de la Parole par un grand nombre aujourd’hui, falsification par laquelle périt tout entendement du vrai ; la femme débauchée signifie la falsification, et le cheval mort l’entendement du vrai devenu nul. »

 

 

 

 

LE SENS DE LA LETTRE DE LA PAROLE EST LA BASE, LE CONTENANT ET LE SOUTIEN

DE SON SENS SPIRITUEL ET DE SON SENS CÉLESTE.

 

 

27. Dans toute œuvre Divine il y a un Premier, un Moyen et un Dernier, et le Premier va par le Moyen jusqu’au Dernier, et par cela même existe et subsiste ; de là le Dernier est la BASE. Le Premier aussi est dans le Moyen, et par le Moyen dans le Dernier, ainsi le Dernier est le CONTENANT. Et comme le Dernier est le Contenant et la Base, il est aussi le SOUTIEN.

28. L’homme érudit comprend qu’on peut appeler ces TROIS : Fin, Cause et Effet, puis aussi : Être, Devenir et Exister, et que la Fin c’est l’Être, la Cause le Devenir, et l’Effet l’Exister ; en conséquence que dans toute chose complète il y a un Trine, qu’on appelle : Premier, Moyen et Dernier, et aussi : Fin, Cause et Effet, puis encore : Être, Devenir et Exister. Quand on a compris cela, on comprend aussi que toute Œuvre Divine est complète et parfaite dans le Dernier, et qu’aussi dans le Dernier, qui est le Trine, Tout est compris parce que le Premier et le Moyen s’y trouvent.

29. De là vient que, dans la Parole, par le nombre TROIS est entendu dans le sens spirituel le complet et le parfait, puis le tout ensemble ; et comme ce nombre a cette signification, voilà pourquoi il est employé dans la Parole toutes les fois qu’il s’agit de désigner une chose complète et parfaite, comme dans ces passages :

 

« Ésaïe marcha nu et déchaussé TROIS ANS. » – Ésaïe, XX. 3. – « Jéhovah appela TROIS FOIS Samuel, et Samuel courut TROIS FOIS vers Élie, et ce fut à la TROISIÈME FOIS qu’Élie comprit. » – I Samuel, III. 1 à 8. – « Jonathan dit à David de se cacher TROIS JOURS dans le champ ; puis Jonathan lança TROIS FLÈCHES sur le côté de la pierre ; et après cela David se prosterna TROIS FOIS devant Jonathan. » – I Samuel, XX. 5, 12 à 41. – « Élie s’étendit TROIS FOIS sur le fils de la veuve. » – I Rois, XVII. 21. – « Élie ordonna de répandre TROIS FOIS de l’eau sur l’holocauste. » – I Rois, XVIII. 34. – « Jésus dit que le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu’une femme, après l’avoir pris, cacha dans TROIS MESURES de farine jusqu’à ce que le tout eût fermenté. » – Matth., XIII. 33. – « Jésus dit à Pierre qu’il le renierait TROIS FOIS. » – Matth., XXVI. 34. – « Le Seigneur dit TROIS FOIS à Pierre : M’aimes-tu ? » – Jean, XXI. 15, 16, 17. – « Jonas fut dans le ventre de la baleine TROIS JOURS et TROIS NUITS. » – Jonas, II. 1. – « Jésus dit que si on détruisait le Temple, Lui le rebâtirait en TROIS JOURS. » – Jean, II. 19. Matth., XXVI. 61. – « Jésus pria TROIS FOIS dans Gethsémané. » – Matth., XXVI. 39 à 44. – « Jésus ressuscita le TROISIÈME JOUR. » – Matth., XXVIII. 1.

 

Et en outre dans beaucoup d’autres passages où le nombre Trois est mentionné ; et il est mentionné quand il s’agit d’une œuvre finie et parfaite, parce que c’est là ce qui est signifié par ce nombre.

30. Ces préliminaires ont pour but de faciliter l’intelligence de ce qui va suivre, et ici en particulier de faire comprendre que le Sens naturel de la Parole, qui est le Sens de sa lettre, est la Base, le Contenant et le Soutien de son Sens spirituel et de son Sens Céleste.

31. Il a été dit ci-dessus, Nos 6 et 19, que dans la Parole il y a trois sens ; puis aussi, que le Sens Céleste est son Premier, le Sens Spirituel son Moyen, et le Sens Naturel son Dernier ; de là l’homme rationnel peut conclure que, dans la Parole, le Premier qui est céleste, va par son Moyen, qui est spirituel, à son Dernier qui est naturel ; et qu’ainsi son Dernier est la BASE ; puis aussi, que son Premier, qui est céleste, est dans son Moyen qui est spirituel, et par celui-ci dans son Dernier qui est naturel ; que par suite son Dernier, qui est naturel et est le sens de la lettre de la Parole, est le CONTENANT, et qu’étant le Contenant et la base, il est aussi le SOUTIEN.

32. Mais comment se font ces choses, c’est ce qui ne peut pas être dit en peu de mots ; ce sont même des Arcanes dans lesquels sont les Anges du Ciel ; ils seront développés, autant que possible, dans les Traités dont il a été parlé dans la Préface de la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, à savoir, dans les Traités de la Sagesse Angélique sur LA DIVINE PROVIDENCE, LA TOUTE-PUISSANCE, LA TOUTE-PRÉSENCE, LA TOUTE-SCIENCE, sur LE DIVIN AMOUR ET LA DIVINE SAGESSE, et sur LA VIE. Pour le moment il suffit que, d’après ce qui vient d’être dit, on puisse conclure que la Parole, – l’œuvre Divine Même pour le Salut du Genre Humain, – quant à son dernier sens, qui est Naturel et est appelé Sens de la lettre, est la Base, le Contenant et le Soutien des deux Sens intérieurs.

33. Il suit de là que la Parole, sans le Sens de sa lettre, serait comme un Palais sans fondement, ainsi comme un Palais dans l’air et non sur terre, ce qui ne serait que l’ombre d’un palais et s’évanouirait. Sans le Sens de sa lettre, la Parole serait aussi comme un Temple, dans lequel il y a plusieurs choses Saintes et dans son milieu un Sanctuaire, sans Toit et sans Murailles qui en sont les Contenants ; si ces contenants n’existaient pas ou étaient enlevés, les choses Saintes du temple seraient pillées par des voleurs, ou dévastées par les bêtes de la terre et par les oiseaux du ciel, et ainsi seraient dissipées. Pareillement, elle serait comme le Tabernacle, dans l’intime duquel il y avait l’Arche d’alliance, et dans le milieu duquel il y avait le Chandelier d’or, l’Autel d’or des parfums et la Table des pains des faces, ce qui en constituait les choses Saintes, si ce Tabernacle n’eût pas eu ses derniers, qui étaient les Rideaux et les Voiles. De plus, sans le sens de sa lettre, la Parole serait comme le Corps humain sans ses Téguments qui sont appelés Peaux, et sans ses Supports qui sont appelés Os ; sans les uns et les autres, tous ses Intérieurs se répandraient de côté et d’autre. Elle serait aussi comme le Cœur et le Poumon dans la Poitrine, sans leur tégument qui est appelé Plèvre, et sans leurs supports qui sont appelés Côtes ; ou, comme le Cerveau sans son enveloppe qui est appelée Dure-Mère, et sans son Tégument commun, son Contenant et son Soutien qui est appelé Crâne. Il en serait de même de la Parole sans le sens de sa lettre ; c’est pourquoi il est dit, dans Ésaïe, que Jéhovah crée sur toute gloire une couverture. – IV. 5.

34. Il en serait de même des Cieux où sont les Anges, sans le Monde où sont les Hommes ; le Genre Humain en est la Base, le Contenant et le Soutien, et la Parole est chez les hommes et dans eux. En effet, tous les Cieux ont été distingués en deux Royaumes, qui sont appelés Royaume Céleste et Royaume Spirituel ; ces deux Royaumes sont fondés sur le Royaume Naturel, dans lequel sont les hommes ; il en est donc de même de la Parole, qui est chez les hommes et dans les hommes. Que les Cieux Angéliques aient été distingués en deux Royaumes, le Céleste et le Spirituel, on peut le voir dans le Traité du CIEL ET DE L’ENFER, Nos 20 à 28.

35. Les Prophètes de l’Ancien Testament représentaient le Seigneur quant à la Parole, et par suite signifiaient la Doctrine de l’Église, tirée de la Parole. De là vient qu’ils furent appelés Fils de l’homme, comme il est montré plus haut dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, No 28 ; il suit de là que par les différents traitements qu’ils souffrirent et supportèrent, ils ont représenté la violence faite par les Juifs au sens de la lettre de la Parole. Ainsi, le Prophète Ésaïe a reçu l’ordre de délier le sac de dessus ses reins, et d’ôter son soulier de son pied, et d’aller nu et déchaussé pendant trois ans, – Ésaïe, XX. 2, 3. – Pareillement, le Prophète Ézéchiel a reçu l’ordre de passer un rasoir des barbiers sur sa tête et sur sa barbe ; de brûler un tiers des poils dans le milieu de la ville, d’en frapper un tiers par l’épée, et d’en disperser un tiers au vent ; d’en serrer un petit nombre dans les pans de son manteau, et enfin d’en jeter dans le milieu du feu et de les brûler, – Éz., V. 1 à 4. – Comme les Prophètes, ainsi qu’il a été dit, représentaient la Parole, et par là signifiaient la Doctrine de l’Église d’après la Parole, cet ordre fut donné à Ézéchiel parce que la tête signifiait la sagesse qui vient de la Parole et par suite la chevelure et la barbe signifiaient le Dernier du vrai. C’est à cause de cette signification que c’était un signe de grand deuil et aussi un grand déshonneur de raser sa chevelure et de paraître chauve : c’est pour ce motif, et non pour un autre que le Prophète, afin de représenter l’état de l’Église Juive quant à la Parole, rasa les cheveux de sa tête et sa barbe : c’est pour ce motif, et non pour un autre, que les quarante-deux enfants « qui appelaient Élisée chauve » furent déchirés par deux ourses, – II Rois. 23, 24 ; – car le Prophète, ainsi qu’il a déjà été dit, représentait la Parole, et chauve signifiait la Parole privée de son dernier sens. Que les Nazaréens aient représenté le Seigneur quant à la Parole dans ses derniers, on le verra dans un Article suivant, No 49 ; c’est pourquoi, il fut statué qu’ils laisseraient croître leur chevelure, et qu’ils n’en couperaient aucune partie ; et même Nazaréen dans la langue Hébraïque signifie Chevelure. Il fut aussi statué que le grand Prêtre ne se raserait pas la tête, – Lévit., XXI. 10. – Il en était de même pour le Père de famille, – Lévit., XXI. 5. – De là vient que la Calvitie était pour eux un grand déshonneur, comme on peut le voir par ces passages :

 

« Toutes les têtes seront chauves et ils raseront tous leur barbe. » – Ésaïe, XV. 2. Jérémie, XLVIII. 37. – « La confusion sera sur tous les visages et toutes les têtes seront rasées. » – Ézéch., VII. 18. – « Toute tête est devenue chauve, et toute épaule a été pelée. » – Ézéch., XXIX. 18. – « Je mettrai le sac sur tous les reins, et je rendrai chauves toutes les têtes. » – Amos, VIII. 10. – « À la calvitie réduis-toi et tonds-toi, à cause des fils de tes délices ; élargis ta calvitie, parce qu’ils ont émigré loin de toi. » – Mich., I. 16.

 

Ici, par se réduire à la calvitie et l’élargir, il est signifié falsifier les vrais de la Parole dans ses derniers ; quand ces vrais sont falsifiés, comme ils l’ont été par les Juifs, toute la Parole est détruite ; car les derniers de la Parole sont ses appuis et ses supports ; et même, chaque mot est un appui et un support de ses vérités célestes et spirituelles. Comme la Chevelure signifie le Vrai dans les derniers, voilà pourquoi, dans le Monde Spirituel, tous ceux qui méprisent la Parole et falsifient le sens de sa lettre apparaissent chauves ; mais ceux qui l’honorent et qui l’aiment apparaissent avec une belle chevelure. Sur ce sujet, voir aussi ce qui est dit plus loin, No 49.

36. La Parole dans le sens dernier ou naturel, qui est le sens de sa lettre, est aussi signifiée par la Muraille de la Sainte Jérusalem, qui était bâtie de Jaspe, et par les Fondements de la muraille, qui étaient des Pierres précieuses, puis aussi par les Portes, qui étaient des Perles, – Apoc., XXI. 18 à 21 ; – car par Jérusalem est signifiée l’Église quant à la Doctrine : mais, sur ce sujet, il en sera dit davantage dans l’Article suivant. Maintenant, d’après ce qui a été rapporté, on peut voir que le sens de la lettre de la Parole, qui est le sens naturel, est la Base, le Contenant et le Soutien de ses sens intérieurs, qui sont le sens spirituel et le sens céleste.

 

 

 

LE DIVIN VRAI, DANS LE SENS DE LA LETTRE DE LA PAROLE,

EST DANS SA PLÉNITUDE, DANS SA SAINTETÉ ET DANS SA PUISSANCE.

 

 

37. La Parole, dans le sens de la lettre, est dans sa plénitude, dans sa sainteté et dans sa puissance, parce que les deux sens antérieurs ou intérieurs, qui sont appelés sens spirituel et sens céleste, sont ensemble dans le sens naturel, qui est le sens de la lettre, comme il a été dit ci-dessus, No 31, mais comment y sont-ils ensemble, c’est ce qui va être dit maintenant en peu de mots.

38. Il y a dans le Ciel et dans le monde un Ordre successif et un Ordre simultané. Dans l’Ordre successif les choses se succèdent et se suivent depuis les suprêmes jusqu’aux infimes ; dans l’Ordre simultané, au contraire, elles sont l’une à côté de l’autre depuis les intimes jusqu’aux derniers. L’Ordre successif est comme une Colonne avec des degrés depuis le sommet jusqu’au bas ; l’Ordre simultané, au contraire, est comme un Ouvrage cohérent avec ce qui l’entoure depuis le centre jusqu’à la surface. Maintenant, il sera dit comment, dans son Dernier, l’Ordre successif devient Ordre simultané ; cela arrive ainsi : les suprêmes de l’Ordre successif deviennent les intimes de l’Ordre simultané, et les infimes de l’Ordre successif deviennent les derniers de l’Ordre simultané ; c’est, par comparaison, comme une Colonne de degrés qui, en s’affaissant, devient un corps cohérent dans un plan. Ainsi, le Simultané est formé du Successif ; et cela dans toutes et dans chacune des choses du Monde naturel, et dans toutes et dans chacune des choses du Monde spirituel ; car partout il y a Premier, Moyen et Dernier ; et le Premier, par le Moyen, tend vers son Dernier. Maintenant, quant à la Parole, le Céleste, le Spirituel et le Naturel procèdent du Seigneur en Ordre successif, et dans le Dernier ils sont en ordre simultané ; ainsi le sens céleste et le sens spirituel de la Parole sont ensemble dans son sens naturel. Quand cela est compris, on peut voir comment le sens naturel de la Parole, qui est le sens de sa lettre, est la base, le contenant et le soutien de son sens spirituel et de son sens céleste ; et comment, dans le sens littéral de la Parole, le Divin Bien et le Divin Vrai sont dans leur plénitude, leur sainteté et leur Puissance.

39. D’après ces explications, on peut voir que la Parole, dans le sens de la lettre, est la Parole même ; car dans ce sens il y a intérieurement esprit et vie ; le sens spirituel est son esprit, et le sens céleste sa vie. C’est là ce que le Seigneur dit :

 

« Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » – Jean, VI. 63.

 

Le Seigneur a prononcé ses paroles devant le Monde et dans le sens naturel. Le sens spirituel et le sens céleste, sans le sens naturel, qui est le sens de la lettre, ne sont pas la Parole ; car ils sont aussi comme l’esprit et la vie sans le corps ; ils sont comme un palais qui n’a pas de fondement, ainsi qu’il a été dit précédemment, No 33.

40. Une partie des vérités du sens littéral de la Parole, ne sont pas des vérités nues, mais elles sont des apparences de vérités, et comme des similitudes et des comparaisons, prises de choses qui sont dans la nature, et qui, par des accommodements, sont mises à la portée des simples et à celle des enfants : mais, comme ces choses sont des Correspondances, elles sont les récipients et les habitacles du vrai réel, et elles sont comme des vases qui le renferment et le contiennent, de même qu’une coupe de cristal renferme un vin généreux, et qu’un plat d’argent contient des mets délicats ; elles sont aussi comme des vêtements qui couvrent le corps : des langes pour un enfant, une belle robe pour une vierge ; elles sont encore comme les scientifiques de l’homme naturel, qui comprennent en eux les perceptions et les affections du vrai de l’homme spirituel. Les vérités nues elles-mêmes, qui sont renfermées, contenues, revêtues et enveloppées, sont dans le sens spirituel de la Parole, et les biens nus dans son sens céleste. Mais cela va être éclairci par la Parole :

 

« Jésus dit : Malheur à vous, Scribes et Pharisiens, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant qu’au dedans vous êtes pleins de rapine et d’intempérance ! Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat afin que ce qui est dehors devienne aussi net. » – Matth., XXIII. 25, 26.

 

Ici, le Seigneur a parlé au moyen des Derniers qui sont les Contenants, et a dit la coupe et le plat, et par la coupe il est entendu le vin, et par le vin le vrai de la Parole, et par le plat il est entendu la nourriture, et par la nourriture le bien de la Parole ; par nettoyer l’intérieur de la coupe et du plat, il est entendu purifier les intérieurs, qui appartiennent à la volonté et à la pensée, et ainsi à l’amour et à la foi, au moyen de la Parole ; par « afin qu’ainsi l’extérieur devienne net » il est entendu qu’ainsi seraient purifiés les extérieurs, qui sont les œuvres et le langage, car ces extérieurs tirent des intérieurs leur essence. En outre :

 

« Jésus dit : Il y avait un homme riche, qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui se traitait magnifiquement tous les jours ; il y avait aussi un pauvre, nommé Lazare, qui était couché à la porte, et qui était couvert d’ulcères. » – Luc, XVI. 19, 20.

 

Ici aussi le Seigneur a parlé par des naturels, qui étaient des Correspondances et contenaient les spirituels ; par l’homme riche est entendue la Nation Juive, qui est appelée riche parce qu’elle avait la Parole dans laquelle sont les richesses spirituelles ; par la pourpre et le fin lin dont il se vêtait, il est signifié le bien et le vrai de la Parole, par la pourpre le bien, et par le fin lin le vrai ; par se traiter magnifiquement tous les jours est signifié le plaisir d’avoir la Parole et de la lire ; par Lazare le pauvre, sont entendues les Nations qui n’avaient pas la Parole ; par Lazare couvert d’ulcères, couché à la porte du riche, il est signifié que les Nations étaient méprisées et rejetées par les Juifs. Si les Nations sont entendues par Lazare, c’est parce que le Seigneur aimait les Nations, comme il aimait Lazare, qu’il a ressuscité des morts, – Jean, XI. 3, 5, 36 ; – qu’il appelle son ami, – Jean, XI. 11 ; – et avec lequel il se mit à table, – Jean, XII. 2. – D’après ces deux passages, il est évident que les vrais et les biens du sens de la lettre de la Parole sont comme les vases et comme les vêtements du vrai et du bien nus qui sont cachés dans le sens spirituel et dans le sens céleste de la Parole.

41. Comme telle est la Parole dans le sens de la lettre, il en résulte que ceux qui sont dans les Divins Vrais, et dans la foi que la Parole renferme intérieurement en elle la Sainteté Divine, et encore plus ceux qui sont dans la foi que la Parole est telle d’après son sens spirituel et son sens céleste, voient les Divines Vérités dans la lumière naturelle lorsqu’ils sont éclairés par le Seigneur en lisant la Parole ; car la lumière du Ciel, dans laquelle est le sens spirituel de la Parole, influe dans la lumière naturelle, dans laquelle est le sens de la lettre de la Parole, et éclaire l’intellectuel de l’homme, qui est appelé le rationnel, et fait qu’il voit et reconnaît les Divins Vrais où ils existent et où ils sont cachés : ces vrais avec la lumière du Ciel influent chez quelques-uns, parfois même à leur insu.

42. Notre Parole dans son intime, par la vertu de son sens céleste, étant comme une flamme qui embrase, et dans son intérieur, par la vertu de son sens spirituel, comme une lumière qui éclaire, il en résulte que dans son dernier, par la vertu de son sens naturel, dans lequel sont les deux sens intérieurs, elle est comme un rubis et comme un diamant, comme un rubis d’après la flamme céleste, et comme un diamant d’après la lumière spirituelle. Comme telle est la Parole dans le sens de la lettre d’après la transparence, voilà pourquoi la Parole dans ce sens est entendue par LES FONDEMENTS DE LA MURAILLE DE JÉRUSALEM ; par L’URIM ET LE THUMIM sur l’Éphod d’Aharon ; par LE JARDIN D’ÉDEN dans lequel avait été le roi de Tyr ; puis aussi, par LES RIDEAUX ET LES VOILES DU TABERNACLE ; et par LES EXTERNES DU TEMPLE DE JÉRUSALEM ; mais la Parole a été représentée dans sa gloire par LE SEIGNEUR QUAND IL S’EST TRANSFIGURÉ.

43. Que les vrais du sens de la lettre de la Parole soient entendus par les Fondements de la muraille de la Nouvelle Jérusalem dans l’Apocalypse, Chapitre XXI, c’est ce qui résulte de ce que, par la Nouvelle Jérusalem, il est entendu la Nouvelle Église quant à la Doctrine, comme il a été montré dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, Nos 62, 63 ; c’est pourquoi, par sa muraille et par les fondements de sa muraille, il ne peut pas être entendu autre chose que l’Externe de la Parole, qui est le sens de sa lettre ; car c’est d’après ce sens qu’il y a la Doctrine, et par la Doctrine l’Église ; et ce sens est comme une muraille avec ses fondements, qui entoure une ville et la met en sûreté. Voici ce qu’on lit, dans l’Apocalypse, au sujet de la muraille de la Nouvelle Jérusalem et de ses fondements :

 

« L’Ange mesura la muraille de la ville de Jérusalem, cent quarante-quatre coudées, mesure d’Homme, laquelle est (mesure) d’Ange. Et la muraille avait douze fondements : ils étaient ornés de toutes Pierres précieuses. Le premier fondement était de Jaspe ; le second de Saphir ; le troisième de Calcédoine ; le quatrième d’Émeraude ; le cinquième de Sardonyx ; le sixième de Sardoine ; le septième de Chrysolithe ; le huitième de Béryl ; le neuvième de Topaze ; le dixième de Chrysoprase ; le onzième d’Hyacinthe ; le douzième d’Améthyste. » – XXI. 17, 18, 19, 20.

 

Par le nombre cent quarante-quatre sont signifiés tous les vrais et tous les biens de l’Église d’après la doctrine tirée du sens de la lettre de la Parole ; pareillement par douze ; par l’homme est signifiée l’intelligence ; par l’Ange le Divin Vrai d’où procède l’intelligence ; par la mesure leur qualité ; par la muraille et par ses fondements le sens de la lettre de la Parole ; et par les pierres précieuses les vrais et les biens de la Parole dans leur ordre, d’après lesquels existe la Doctrine, et par la Doctrine l’Église.

44. Les vrais et les biens du sens de la lettre de la Parole sont entendus par l’Urim et le Thumim. L’Urim et le Thumim étaient sur l’Éphod d’Aharon, dont le Sacerdoce représentait le Seigneur quant au Divin Bien et quant à l’Œuvre du salut, par les habits du sacerdoce ou habits de sainteté était représenté le Divin Vrai d’après le Divin Bien ; par l’Éphod était représenté le Divin Vrai dans son dernier, ainsi la Parole dans le sens de la lettre, car c’est là le Divin Vrai dans son dernier, comme il a déjà été dit ; de là, par les douze pierres précieuses, avec les noms des douze tribus d’Israël, qui formaient l’Urim et le Thumim, étaient représentés les Divins Vrais d’après le Divin Bien dans tout leur ensemble. Voici ce qu’on lit sur ce sujet dans Moïse :

 

« Ils feront l’Éphod d’hyacinthe et de pourpre, d’écarlate double-teint et de fin lin tissu ; ensuite ils feront un Pectoral de jugement comme l’ouvrage d’Éphod, et tu le rempliras de remplage de pierre ; quatre rangs de pierres : Rubis, Topaze, Émeraude, premier rang ; Chrysoprase, Saphir et Diamant, second rang ; Lazuli, Agathe et Améthyste, troisième rang ; Chrysolithe, Sardoine et Jaspe, quatrième rang. Ces pierres seront d’après les Noms des fils d’Israël, à gravures de sceau, à chacun d’après son Nom, elles seront pour les douze Tribus. Et Aharon portera sur le Pectoral du jugement les Urim et les Thumim ; qu’ils soient sur le cœur d’Aharon, quand il entrera devant Jéhovah. » – Exod., XXVIII. 6, 15, 17 à 21, 30.

 

Ce qui a été représenté par les habits d’Aharon, par son Éphod, son Manteau, sa Tunique, sa Tiare, sa Ceinture, a été expliqué dans les ARCANES CÉLESTES sur ce Chapitre de l’Exode ; il a été aussi montré dans les ARCANES CÉLESTES que par l’Éphod était représenté le Divin Vrai dans son dernier ; que par les Pierres précieuses étaient représentés les vrais qui brillent d’après le bien ; par les douze pierres précieuses, tous les vrais derniers qui brillent dans leur ordre d’après le bien de l’amour ; par les douze Tribus d’Israël, toutes les choses de l’Église ; par le Pectoral, le Divin Vrai d’après le Divin Bien ; par les Urim et les Thumim, l’éclat du Divin Vrai d’après le Divin Bien dans les derniers ; car Urim, c’est un feu qui luit, et Thumim, c’est l’éclat dans la langue angélique, et l’intégrité dans la langue hébraïque ; il y a aussi été montré que les réponses étaient données par des variations de la lumière, et alors en même temps par une perception tacite, ou de vive voix, etc. D’après cela, on peut voir que par ces pierres précieuses ont aussi été signifiés les vrais d’après le bien dans le dernier sens de la Parole ; les réponses du Ciel ne sont données que par ces vrais, parce que dans ce sens le Divin procédant est dans sa Plénitude. Que les Pierres précieuses et les Diadèmes signifient les Divins Vrais dans leurs derniers, tels que sont les vrais du sens de la lettre de la Parole, c’est ce qui est devenu manifeste pour moi par les Pierres précieuses et par les Diadèmes qui sont dans le Monde spirituel chez les Anges et chez les esprits, et que j’ai vus sur eux, et aussi dans leurs cassettes ; et il m’a été donné de savoir que ces pierreries correspondaient aux vrais dans les derniers, et que c’est même de ces vrais qu’elles tirent leur origine et leur apparence. C’est parce que les diadèmes et les pierres précieuses ont cette signification, que Jean vit des diadèmes sur la tête du Dragon,– Apoc., XII. 3 ; – sur les cornes de la Bête, – Apoc., XII. 1 ; et des pierres précieuses sur la Prostituée assise sur la bête écarlate, –Apoc., XVII. 4 ; – il en fut ainsi, parce que par le Dragon, la Bête et la Prostituée sont signifiés ceux chez qui, dans le Monde Chrétien, il y a la Parole.

45. Les vrais du sens de la lettre de la Parole sont entendus par les pierres précieuses dans le Jardin d’Éden, où il est dit, dans Ézéchiel, que le Roi de Tyr avait été. On lit dans Ézéchiel :

 

« Roi de Tyr, toi qui scelles la mesure, plein de sagesse et parfait en beauté ; tu as été en Éden, le jardin de Dieu : ta couverture a été de pierre précieuse de toute sorte : Rubis, Topaze et Diamant ; Chrysolithe, Sardonyx et Jaspe ; Saphir, Chrysoprase et Émeraude, et Or. » – XXVIII. 12, 13.

 

Par Tyr, dans la Parole, sont signifiées les connaissances du vrai et du bien ; par le Roi, le vrai de l’Église ; par le Jardin d’Éden, la sagesse et l’intelligence d’après la Parole ; par les Pierres précieuses, les vrais qui brillent d’après le bien, tels qu’ils sont dans le sens de la lettre de la Parole ; et comme ces vrais sont signifiés par ces pierres, c’est pour cela qu’elles sont nommées sa Couverture ; que le sens de la lettre recouvre les intérieurs de la Parole, on le voit dans l’Article précédent.

46. Le sens de la lettre de la Parole est signifié par les Rideaux et par les Voiles du Tabernacle. Le tabernacle a représenté le Ciel et l’Église ; aussi sa forme a-t-elle été montrée par Jéhovah sur la montagne du Sinaï ; de là toutes les choses qui étaient dans le Tabernacle, à savoir : le Chandelier, l’Autel d’or pour les parfums, et la Table sur laquelle étaient les pains des faces, ont représenté et par conséquent signifié les choses Saintes du Ciel et de l’Église ; le Saint des saints, où était l’Arche de l’alliance, a représenté et par conséquent signifié l’intime du Ciel et de l’Église ; la Loi elle-même, gravée sur les deux Tables de pierre et renfermée dans l’Arche, a signifié le Seigneur quant à la Parole. Or, comme les Externes tirent leur essence des Internes, et que les uns et les autres tirent la leur de l’Intime, qui là était la Loi, c’est pour cela que les choses Saintes de la Parole ont aussi été représentées et signifiées par toutes les choses du Tabernacle ; il suit de là que les derniers du Tabernacle, qui étaient les Rideaux et les Voiles, par conséquent les couvertures et les contenants, ont signifié les derniers de la Parole, qui sont les vrais et les biens du sens de sa lettre : c’est à cause de cette signification que :

 

« Tous les Rideaux et tous les Voiles furent faits de fin lin tissu, et d’hyacinthe, et de pourpre, et d’écarlate double teint, à chérubins. » – Exod., XXVI. 1, 31, 36.

 

Ce qui a été représenté et signifié en général et en particulier par le Tabernacle, et par toutes les choses qu’il contenait, a été expliqué dans les ARCANES CÉLESTES sur ce Chapitre de l’Exode ; et il y a été montré que les Rideaux et les Voiles représentaient les externes du Ciel et de l’Église, par conséquent aussi les externes de la Parole ; que le fin lin signifiait le vrai d’origine spirituelle ; l’hyacinthe, le vrai d’origine céleste ; la pourpre, le bien céleste ; l’écarlate double teint, le bien spirituel ; et les Chérubins, les gardes des intérieurs de la Parole.

47. Par les externes du Temple de Jérusalem ont été représentés les externes de la Parole, qui appartiennent au sens de sa lettre. Cela vient de ce que le Temple représentait les mêmes choses que le Tabernacle, à savoir, le Ciel et l’Église, et par conséquent aussi la Parole. Que le Temple de Jérusalem ait signifié le Divin Humain du Seigneur, Lui-Même l’enseigne dans Jean :

 

« Abattez ce Temple, je le relèverai en trois jours ; il parlait du Temple de son corps. » – II. 19, 21.

 

Et là où il est entendu le Seigneur, il est aussi entendu la Parole, car le Seigneur est la Parole. Maintenant, comme les intérieurs du Temple représentaient les intérieurs du Ciel et de l’Église, par conséquent aussi ceux de la Parole, il en résulte que les extérieurs du temple représentaient et signifiaient les extérieurs du Ciel et de l’Église, par conséquent aussi ceux de la Parole, qui sont les choses appartenant au sens de sa lettre. Au sujet des extérieurs du Temple, on lit :

 

« Qu’ils furent construits de pierre entière non taillée, et de cèdre en dedans ; et que toutes les murailles en dedans avaient été sculptées de Chérubins, de palmes et de fleurs épanouies, et le sol couvert d’or. » – I Rois, VI. 7, 15, 29, 30.

 

Par toutes ces choses sont aussi signifiés les externes de la Parole, qui sont les choses Saintes du sens de la lettre.

48. La Parole dans sa gloire a été représentée par le Seigneur quand il fut transfiguré. On lit au sujet de la Transfiguration du Seigneur devant Pierre, Jacques et Jean :

 

« Que sa face resplendit comme le Soleil ; que ses vêtements devinrent comme la Lumière ; que Moïse et Élie furent vus s’entretenant avec Lui ; qu’une Nuée brillante couvrit les disciples, et que de la nuée fut entendue une voix, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le. » – Matth., XVII. 1 à 5.

 

Il m’a été enseigné que le Seigneur alors représentait la Parole ; par sa face qui resplendit comme le Soleil était représenté son Divin Bien ; par ses vêtements, qui devinrent comme la lumière, son Divin Vrai ; par Moïse et Élie, la Parole Historique et Prophétique ; par Moïse, la Parole qui fut écrite par lui, et en général la Parole Historique ; et par Élie, la Parole Prophétique ; par la Nuée brillante, qui couvrit les disciples, la Parole dans le sens de la lettre ; aussi est-ce de cette nuée que fut entendue une voix, disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-Le. En effet, toutes les Déclarations et les Réponses du Ciel ne se produisent jamais que par les derniers tels qu’ils existent dans le sens de la lettre de la Parole : elles s’y produisent dans sa plénitude par le Seigneur.

49. Il a été montré jusqu’ici que la Parole dans le sens naturel, qui est le sens de la lettre, est dans sa sainteté et dans sa plénitude ; maintenant il va être montré que la Parole dans ce sens est aussi dans sa PUISSANCE. D’après ce qui a été dit dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 228 à 233, sur la Puissance des Anges du Ciel, on peut voir combien grande est la Puissance du Divin Vrai dans les Cieux et sur les Terres, et quelle est sa nature. Le Divin Vrai est surtout puissant contre les faux et les maux, par conséquent contre les Enfers : il faut combattre contre eux par les vrais d’après le sens de la lettre de la Parole ; c’est aussi par les vérités qui sont chez l’homme que le Seigneur peut le sauver, car l’homme est réformé et régénéré par les vrais d’après le sens de la lettre de la Parole, et alors il est retiré de l’enfer et introduit dans le Ciel. Le Seigneur s’est revêtu de cette puissance jusque dans sa Divine Humanité après qu’il eut accompli toutes les choses de la Parole jusqu’à ses derniers ; c’est pourquoi il a dit au Prince des prêtres, en parlant du temps où il aurait accompli le reste de la Parole par la Passion de la croix :

 

« Désormais vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant dans les nuées du Ciel. » – Matth., XXVI. 64. Marc, XIV. 62.

 

Le Fils de l’homme est le Seigneur quant à la Parole ; les nuées du Ciel, c’est la Parole dans le sens de la lettre ; s’asseoir à la droite de Dieu, c’est la Toute-Puissance par la Parole, comme aussi dans Marc, – XVI. 19. – La Puissance du Seigneur d’après les derniers du Vrai a été représentée par les Nazaréens dans l’Église Juive, et par Samson, duquel il est dit qu’il était Nazaréen dès le sein de sa mère, et que sa puissance consistait dans ses cheveux : Nazéréen et Nazéréat signifient aussi chevelure : que sa puissance ait consisté dans ses cheveux, il le déclare lui-même, en disant :

 

« Le rasoir n’a pas monté sur ma tête, parce que je suis Nazaréen de Dieu, dès le sein de ma mère ; si je suis rasé, alors se retirera de moi ma force et je serai rendu faible, et serai comme tout autre homme. » – Juges, XVI. 17.

 

On ne peut pas savoir pourquoi a été institué le Nazaréat, qui signifie Chevelure, ni d’où vient que la force de Samson consistait dans ses cheveux, si l’on ne sait pas ce qui est signifié dans la Parole par la tête ; par la tête est signifiée la sagesse céleste que le Seigneur donne aux Anges et aux hommes par le Divin Vrai ; de là, par les cheveux de la tête est signifiée la sagesse céleste dans les derniers, et aussi le Divin Vrai dans les derniers. Comme c’est là ce qui était signifié par les cheveux d’après la correspondance avec les Cieux, c’est pourquoi il a été ordonné pour le Nazaréat :

 

« De ne point raser la chevelure de leur tête, parce qu’elle était le Nazaréat de Dieu sur leur tête. » – Nomb., VI. 1 à 21.

 

Et c’est aussi pour cela qu’il a été ordonné :

 

« Que le grand-prêtre et ses fils ne raseraient point leur tête ; de peur qu’ils ne mourussent, et que ne s’irritât toute la maison d’Israël. » – Lévit. X. 6.

 

Comme les cheveux, en raison de cette signification qui provient, de la correspondance, avaient une si grande sainteté, c’est pour cela que les cheveux du Fils de l’homme, qui est le Seigneur quant à la Parole, sont décrits, et qu’il en est dit que :

 

« Ils étaient comme de la laine blanche, comme de la neige. » – Apoc., I. 14.

 

De même pour l’ancien des jours, Daniel, VII, 9 ; – Voyez plus haut à ce sujet No 35. En somme, si la Puissance du Divin Vrai ou de la Parole est dans le sens de la lettre, c’est parce que la Parole y est dans sa plénitude et qu’en lui sont ensemble les Anges des deux Royaumes du Seigneur et les hommes.

 

 

 

LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE DOIT ÊTRE PUISÉE DANS LE SENS DE LA LETTRE DE LA PAROLE,

ET ÊTRE CONFIRMÉE PAR CE SENS.

 

 

50. Dans l’Article précédent il a été montré que la Parole, dans le sens de la lettre, est dans sa Plénitude, dans sa Sainteté et dans sa Puissance ; et comme le Seigneur est la Parole, car il est le tout de la Parole, il s’ensuit que le Seigneur est surtout présent dans ce sens, et que c’est par lui qu’il enseigne l’homme et l’éclaire. Mais cela va être démontré dans cet ordre : I. La Parole sans la Doctrine n’est point comprise. II. La Doctrine doit être puisée dans le sens de la lettre de la Parole. III. Mais le Divin Vrai, qui appartient à la Doctrine, ne se montre qu’à ceux qui sont dans l’illustration par le Seigneur.

51. I. La Parole sans la Doctrine n’est point comprise : c’est parce que la Parole, dans le sens de la lettre, consiste en de pures correspondances, afin que les spirituels et les célestes y soient en même temps, et que chaque mot en soit le contenant et le support ; c’est pour cela que, dans le sens de la lettre, les vrais dans certains passages ne sont pas nus, mais sont des vrais vêtus, qui sont appelés apparences du vrai, et sont pour la plupart accommodés à la conception des simples qui n’élèvent pas leurs pensées au-dessus des choses qu’ils voient devant leurs yeux ; il y a quelques vrais qui apparaissent comme des contradictions, lorsque cependant dans la Parole, considérée dans sa lumière, il n’y a aucune contradiction : il y a aussi dans certains passages, chez les Prophètes, des collections de noms de lieux et de personnes, dont on ne peut tirer aucun sens ; tels sont les passages rapportés ci-dessus, No 15. Puis donc que la Parole est telle dans le sens de la lettre, on peut voir qu’elle ne peut pas être comprise sans la Doctrine. Mais des exemples vont mettre ceci en lumière : il est dit que « Jéhovah se repent », – Exod., XXXII. 12, 14. Jonas, III. 9 ; IV. 2, – et il est dit aussi que « Jéhovah ne se repent point », – Nomb. XXIII., 19. – I Samuel, XV. 29. – Sans la Doctrine ces passages ne peuvent se concilier. Il est dit que :

 

« Jéhovah punit l’iniquité des pères sur les fils jusqu’à la troisième génération et à la quatrième génération. » – Nomb., XIV. 18 ; – et il est dit que « le père ne mourra pas pour le fils, ni le fils pour le père, mais chacun mourra dans son péché ». – Deut., XXIV. 16.

 

Ces passages sont non pas en discordance mais en concordance au moyen de la Doctrine. Jésus dit :

 

« Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert. Quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert. » – Matth., VII. 7, 8. XXI. 21, 22.

 

Sans la Doctrine, on croirait que chacun doit recevoir ce qu’il demande ; mais d’après la Doctrine on croit que tout ce que l’homme demande, non d’après lui-même, mais d’après le Seigneur, est donné ; car c’est même ce qu’enseigne le Seigneur :

 

« Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et il vous sera accordé. » – Jean, XV. 7.

 

Le Seigneur dit :

 

« Heureux les pauvres, parce que le royaume de Dieu est à eux. » – Luc, VI. 20.

 

Sans la Doctrine, on peut penser que le Ciel est aux pauvres et non aux riches ; mais la doctrine enseigne qu’il est entendu les pauvres en esprit, car le Seigneur dit :

 

« Heureux les pauvres en esprit parce que le royaume des Cieux est à eux. » – Matth., V. 3.

 

Le Seigneur dit :

 

« Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés ; car on vous jugera du même jugement que vous aurez jugé. – Matth., VII, 1. 2. – Luc, VI. 37.

 

Sans la Doctrine, on peut être conduit par ces paroles à confirmer qu’il ne faut pas dire que le mal est mal, ni par conséquent juger que le méchant est méchant ; toutefois d’après la Doctrine il est permis de juger, mais justement ; car le Seigneur dit :

 

« Jugez selon la justice. » – Jean, VII. 24.

 

Jésus dit :

 

« Ne vous faites pas appeler docteur, car vous n’avez qu’un seul Docteur, le Christ ; et n’appelez personne sur la terre votre père, car vous n’avez qu’un seul Père, Celui (qui est) dans les Cieux ; et ne vous faites pas appeler maître, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. » – Matth., XXIII. 8, 9, 10.

 

Sans la Doctrine, il en résulterait qu’il n’est pas permis d’appeler quelqu’un Docteur, Père ou Maître ; mais, d’après la Doctrine, on sait que cela est permis dans le sens naturel, mais non dans le sens spirituel. Jésus dit aux disciples :

 

« Quand le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous serez assis aussi, sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël. » – Matth., XIX. 28.

 

D’après ces paroles, on peut conclure que les disciples du Seigneur doivent aussi juger, tandis que cependant ils ne peuvent juger personne ; la Doctrine révélera donc cet arcane en disant que le Seigneur qui sait tout et qui connaît les cœurs de tous, doit seul juger et peut seul juger, et que par ses douze disciples est entendue l’Église quant à tous les vrais et à tous les biens qui lui viennent du Seigneur par la Parole, d’où la Doctrine conclut que ces biens et ces vrais doivent juger chacun, selon les paroles du Seigneur, dans Jean, III. 17, 18. XII. 47, 48. – Celui qui lit la Parole sans la Doctrine ne sait comment concilier ce qui est dit, dans les Prophètes sur la nation juive et sur Jérusalem, que l’Église doit rester éternellement chez cette nation, et avoir son siège dans cette ville, comme dans les passages suivants :

 

« Jéhovah visitera son troupeau, la maison de Juda, et il les constituera comme son cheval de gloire dans la guerre ; de lui viendra l’angle, de lui le clou, et de lui l’arc de guerre. » – Zach., X. 3, 4, 6, 7. – « Voici, je viens pour habiter au milieu de toi ; et Jéhovah se fera un héritage de Juda, et il choisira de nouveau Jérusalem. » – Zach., II. 10, 12. – « Il arrivera en ce jour-là que les montagnes distilleront du moût, et que les collines couleront en lait ; et Juda sera éternellement assis et Jérusalem d’âge en âge. » – Joël, III. 18,20. – « Voici, les jours viennent où j’ensemencerai la maison d’Israël et la maison de Juda de semence d’homme, et où je traiterai une alliance nouvelle avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda ; et voici cette alliance : Je mettrai ma loi au milieu d’eux et je l’écrirai sur leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » – Jérém., XXXI. 27, 31, 33. – « En ce jour-là, dix hommes de toutes langues des nations saisiront le pan de la robe d’un homme juif, en disant : Nous irons avec vous, parce que nous avons entendu que Dieu (est) avec vous. » – Zach., VIII. 23 ; – pareillement ailleurs, comme dans Ésaïe, XLIV. 24, 26. XLIX. 22, 23. LXV. 9. LXVI. 20, 22. – Jérém., III. 18. XXIII. 5. L. 19, 20. – Nahum, I. 15. – Malach., III. 4 ;

 

où il s’agit de l’Avènement du Seigneur, et où il est dit que cela doit arriver alors.

Mais le contraire est dit dans plusieurs autres passages, dont un seul sera rapporté ici :

 

« Je leur cacherai mes faces, je verrai quelle (sera) leur fin ; car ils sont une race perverse des enfants en qui on ne peut se fier. J’ai dit : Je les disperserai à l’extrémité des coins de la terre et j’abolirai leur mémoire d’entre les hommes ; car c’est une nation qui se perd par ses conseils et il n’y a en eux aucune intelligence. Leur vigne est du plan de Sodome et du terroir de Gomorrhe ; leurs grappes sont des grappes de fiel ; ils ont des raisins amers ; leur vin est un venin de dragons et un fiel d’aspic cruel. Cela n’est-il pas serré chez Moi, scellé dans mes trésors ? À Moi la vengeance et la rétribution. » – Deutér., XXXII. 20 à 35.

 

Ces choses ont été dites de cette nation ; on en trouve de semblables ailleurs ; par exemple, dans Ésaïe, III. 1, 2, 8. V. 3 à 6. – Deutér., IX. 5, 6. – Matth., XII. 39. XXIII. 27, 28. – Jean, VIII. 44, et de tous côtés dans Jérémie et dans Ézéchiel ; mais ces passages, qui paraissent contradictoires, se montreront en parfait accord, grâce à la Doctrine qui enseigne que, dans la Parole, par Israël et par Juda, il est entendu, non pas Israël ni Juda, mais l’Église dans l’un et dans l’autre sens ; dans un sens on entend l’Église qui a été dévastée, et dans l’autre sens l’Église qui doit être établie par le Seigneur. Il en est de même de beaucoup d’autres passages dans la Parole. D’après ces considérations il est bien évident que la Parole sans la Doctrine n’est point comprise.

52. D’après cela on peut voir que ceux qui lisent la Parole sans la Doctrine, ou qui ne se font pas une Doctrine d’après la Parole, sont dans l’obscurité au sujet de toute vérité, et que leur esprit est vague et incertain, enclin à l’erreur, et facilement disposé aux hérésies, qu’ils embrassent même, s’ils aspirent à la faveur ou à l’autorité, et que leur réputation ne court aucun risque. La Parole, en effet, est pour eux comme un chandelier sans lumière, et ils voient dans l’ombre comme beaucoup de choses, et cependant à peine voient-ils quelque chose, car la Doctrine seule est un flambeau. J’ai vu de telles personnes examinées par les Anges, et il fut trouvé qu’elles pouvaient confirmer d’après la Parole ce qui leur plaisait, et qu’elles confirment ce qui a rapport à l’amour d’elles-mêmes et à l’amour de ceux auxquels elles s’intéressent ; je les ai même vues dépouillées de vêtements, signe qu’elles étaient sans vrais ; dans le monde spirituel les vêtements sont les vrais.

53. II. La Doctrine doit être puisée dans le Sens de la lettre de la Parole, et être confirmée par ce sens : C’est en effet dans ce sens et non ailleurs que le Seigneur est présent chez l’homme, qu’il l’éclaire et lui enseigne les vérités de l’Église. En outre le Seigneur n’opère jamais que dans la plénitude, et la Parole dans le sens de la lettre est dans sa plénitude, comme il a été montré ci-dessus : de là résulte que la Doctrine doit être puisée dans le sens de la lettre.

54. Par la Doctrine la Parole est non seulement intelligible mais quasi lumineuse, parce que la Parole sans Doctrine n’est pas comprise, elle est comme un chandelier sans lumière, ainsi qu’il a été montré ci-dessus ; c’est pourquoi par la Doctrine la Parole est comprise et est comme un chandelier allumé : l’homme alors voit plus de choses qu’il n’en avait vu auparavant, et il comprend aussi des choses qu’il n’avait pas comprises auparavant ; ou il ne voit pas les choses obscures et discordantes et les laisse de côté, ou il les voit et les explique, de sorte qu’elles sont d’accord avec la Doctrine. Que la Parole soit vue d’après la Doctrine, et soit aussi expliquée selon la Doctrine, c’est ce qu’atteste l’expérience dans le Monde Chrétien. Tous les Réformés, en effet, voient la Parole d’après leur doctrine et expliquent la Parole selon leur Doctrine ; de même les Catholiques-Romains d’après la leur et suivant la leur ; les Juifs aussi d’après la leur et suivant la leur conséquemment on y voit des faux d’après une Doctrine fausse, et des vrais d’après une Doctrine vraie. D’après cela il est évident que la vraie Doctrine est comme un flambeau dans les ténèbres, et comme un poteau indicateur au long des chemins. Mais il ne suffit pas que la Doctrine soit puisée dans le sens de la lettre de la Parole, il faut encore qu’elle soit confirmée par ce sens ; car si elle n’est pas confirmée par lui, le Vrai de la Doctrine apparaît comme si c’était seulement l’intelligence de l’homme et non la Divine Sagesse du Seigneur qui fût en elle, et ainsi la Doctrine serait comme une maison placée dans l’air et non sur la terre, ainsi n’ayant pas de fondement.

55. La doctrine du vrai réel peut même être puisée pleinement dans le sens littéral de la Parole ; car, dans ce sens, la Parole est comme un homme vêtu, dont la face et les mains sont nues ; toutes les choses qui concernent la vie de l’homme, et par conséquent son salut, y sont nues, mais toutes les autres sont vêtues ; et dans beaucoup d’endroits où elles ont été vêtues, elles sont vues à travers leur vêtement comme on voit un visage à travers une gaze légère. Et même les vrais de la Parole brillent et se montrent à travers leurs vêtements avec une clarté de plus en plus lumineuse, selon qu’ils sont multipliés d’après l’amour qu’on a pour eux, et selon qu’ils sont mis en ordre par cet amour ; mais cela aussi par la Doctrine.

56. On pourrait croire que la Doctrine du vrai réel peut être acquise par le sens spirituel de la Parole, qui est donné par la Science des Correspondances ; mais par ce sens la Doctrine n’est pas acquise, elle est seulement illustrée et corroborée ; car, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, No 26, on ne pénètre pas par les Correspondances dans le sens spirituel de la Parole, si on n’est pas auparavant dans les vrais réels d’après la Doctrine. Si l’homme n’est pas auparavant dans les vrais réels, il peut falsifier la Parole par quelques Correspondances qu’il connaît, en les liant ensemble et les expliquant pour confirmer quelque opinion enracinée dans son esprit, d’après un principe arrêté. D’ailleurs, le sens spirituel n’est donné à qui que ce soit que par le Seigneur Seul, et le Seigneur veille sur le sens spirituel comme il veille sur le Ciel, car le Ciel est dans ce sens. Il est donc de première importance que l’homme étudie la Parole dans le sens de la lettre ; c’est seulement par ce sens que la Doctrine est donnée.

57. III. Le vrai réel, qui constituera la Doctrine, ne se montre, dans le sens de la lettre de la Parole, qu’à ceux qui sont dans l’illustration par le Seigneur. L’illustration vient du Seigneur Seul, et elle est chez ceux qui aiment les vrais parce qu’ils sont des vrais, et qui les mettent en pratique ; chez les autres, il n’y a pas illustration par la Parole. Si l’illustration vient du Seigneur Seul, c’est parce que le Seigneur est dans toutes les choses de la Parole ; si l’illustration est chez ceux qui aiment les vrais parce qu’ils sont des vrais, et qui les mettent en pratique, c’est parce que ceux-là sont dans le Seigneur, et que le Seigneur est en eux, car le Seigneur est son Divin Vrai. Quand ce vrai est aimé parce qu’il est le Divin Vrai, et il est aimé quand il est mis en pratique, alors le Seigneur est dans ce vrai chez l’homme. C’est même ce que le Seigneur enseigne dans Jean :

 

« En ce jour-là, vous connaîtrez que vous (êtes) en Moi, et Moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime, et je l’aimerai, et je Me ferai connaître à lui, et je viendrai à lui et je ferai chez lui ma demeure. » – XIV. 20, 21, 23.

 

Et dans Matthieu :

 

« Heureux ceux qui ont le cœur pur ; car ils verront Dieu. » – V. 8.

 

Voilà ceux qui sont dans l’illustration quand ils lisent la Parole, et chez lesquels la Parole est dans son éclat et dans sa transparence.

58. Si chez eux la Parole est dans son éclat et dans sa transparence, c’est parce qu’il y a dans chaque chose de la Parole un sens spirituel et un sens céleste, et que ces sens sont dans la lumière du Ciel ; c’est pourquoi, par ces sens et par leur lumière, le Seigneur influe dans le sens naturel et dans sa lumière chez l’homme ; de là, l’homme, par une perception intérieure, reconnaît le vrai, et il le voit ensuite dans sa pensée, et cela a lieu toutes les fois qu’il est dans l’affection du vrai pour le vrai ; car de l’affection vient la perception, de la perception la pensée, et ainsi arrive la reconnaissance qui est appelée foi. Mais, sur ce sujet, il en sera dit davantage dans l’Article suivant sur la conjonction du Seigneur avec l’homme par la Parole.

59. La première chose que ceux-ci ont à faire, c’est de s’acquérir une Doctrine d’après le sens littéral de la Parole ; ils allument ainsi un flambeau pour avancer plus avant : or, après qu’ils se sont acquis une Doctrine, et qu’ainsi le flambeau est allumé, ils voient la Parole par cette lumière. Ceux qui ne s’acquièrent pas une Doctrine recherchent d’abord si la Doctrine donnée par d’autres, et communément reçue, concorde avec la Parole, et ils donnent leur assentiment aux points qui concordent, et le refusent à ceux qui ne concordent pas. C’est ainsi qu’ils se forment leur Doctrine, et par la Doctrine leur Foi. Mais cela n’arrive que chez ceux qui, n’étant pas distraits par les affaires du monde, peuvent voir ; ceux-ci sont par le Seigneur dans l’illustration, s’ils aiment les vrais parce qu’ils sont des vrais, et s’ils les mettent en pratique. Tous les autres, qui sont à quelque degré dans la vie selon les vrais, peuvent être instruits par eux.

60. Le contraire arrive à ceux qui lisent la Parole d’après la doctrine d’une religion fausse, et plus particulièrement à ceux qui confirment cette doctrine par la Parole, et qui ont alors en vue leur propre gloire ou les richesses du monde ; chez eux le vrai de la Parole est comme dans l’ombre de la nuit, et le faux comme dans la lumière du jour ; ils lisent le vrai, mais ils ne le voient pas ; et s’ils en voient l’ombre, ils le falsifient. C’est d’eux que le Seigneur dit :

 

« Ils ont des yeux et ne voient point, et des oreilles et n’entendent point. » – Matth., XIII. 14, 15.

 

Car rien n’aveugle davantage l’homme que son propre et la confirmation du faux. Le propre de l’homme est l’amour de soi, et par suite l’orgueil de la propre intelligence ; et la confirmation du faux est une obscurité qui simule la lumière ; leur lumière est purement naturelle, et leur vue est comme celle d’une personne qui voit des fantômes dans l’ombre.

61. Il m’a été donné de parler après leur mort avec plusieurs hommes qui avaient cru qu’ils brilleraient dans le Ciel comme des étoiles, parce que, selon ce qu’ils disaient, ils avaient considéré la Parole comme sainte, l’avaient lue très souvent, et en avaient recueilli plusieurs passages, par lesquels ils avaient confirmé les dogmes de leur foi, et par là avaient passé dans le monde pour savants, d’où ils avaient cru qu’ils seraient des Michel et des Raphaël ; mais plusieurs d’entre eux furent examinés sur l’amour d’après lequel ils avaient étudié la Parole, et il fut reconnu que quelques-uns avaient agi d’après l’amour de soi, afin de paraître grands dans le monde, et d’être honorés comme des primats de l’Église, et d’autres d’après l’amour du monde, afin d’acquérir des richesses. Lorsqu’ils furent examinés sur ce qu’ils savaient d’après la Parole, il fut découvert qu’ils ne savaient rien du vrai réel, mais qu’ils savaient seulement ce qui est appelé vrai falsifié, qui en soi est le faux ; et il leur fut dit que cela leur venait de ce que leurs fins, ou ce qui est la même chose, leurs amours, c’était eux-mêmes et le monde, et non le Seigneur et le Ciel ; et que, lorsqu’on a pour fins soi-même et le monde, le mental en lisant la Parole reste attaché à soi-même et au monde, et que par suite on pense continuellement d’après son propre, qui est dans l’obscurité quant à tout ce qui appartient au Ciel ; dans cet état l’homme ne peut être retiré de son propre par le Seigneur, et ainsi être élevé dans la lumière du Ciel, ni par conséquent recevoir aucun influx du Seigneur par le Ciel. J’ai vu aussi ceux-ci admis dans le Ciel, mais dès qu’il y fut découvert qu’ils n’avaient aucun vrai, ils furent chassés ; mais néanmoins ils conservaient l’orgueil de croire qu’ils avaient mérité. Il en fut tout autrement de ceux qui avaient étudié la Parole d’après l’affection de savoir le Vrai parce qu’il est le Vrai, et parce qu’il sert aux usages de la vie, non seulement de leur propre vie, mais aussi de celle du prochain ; je les ai vus élevés dans le Ciel, et là ainsi dans la lumière où est le Divin Vrai, et alors en même temps exaltés dans la sagesse angélique, et dans sa félicité, qui est la vie éternelle.

 

 

 

 

PAR LE SENS DE LA LETTRE DE LA PAROLE,

IL Y A CONJONCTION AVEC LE SEIGNEUR ET ASSOCIATION AVEC LES ANGES.

 

 

62. S’il y a conjonction avec le Seigneur par la Parole, c’est parce que la Parole traite du Seigneur Seul, et que par là le Seigneur est tout dans toutes les choses de la Parole, et est appelé la Parole, comme il a été montré dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR. Si la conjonction est dans le sens de la lettre, c’est parce que la Parole, dans ce sens, est dans sa plénitude, dans sa sainteté et dans sa puissance, comme il a été montré ci-dessus, Article IV. La conjonction n’est pas apparente pour l’homme, mais elle est dans l’affection du vrai et dans sa perception, ainsi dans l’amour et dans la foi du Divin Vrai chez lui.

63. Si par le sens de la lettre il y a association avec les anges du ciel, c’est parce que dans ce sens il y a le sens spirituel et le sens céleste, et que les Anges sont dans ces deux sens, les Anges du Royaume spirituel dans le sens spirituel de la Parole, et les Anges du Royaume céleste dans son sens céleste ; ces deux sens se dégagent du sens naturel de la Parole, qui est le sens de la lettre ; quand un homme sincère est dans ce sens, les deux autres se dégagent instantanément ; par conséquent aussi l’association est instantanée.

64. Que les Anges spirituels soient dans le sens spirituel de la Parole, et les Anges célestes dans son sens céleste, c’est ce qui m’a été manifesté par un grand nombre d’expériences : il m’a été donné de percevoir que, tandis que je lisais la Parole dans le sens de sa lettre, il se faisait une communication avec les Cieux, tantôt avec une de leurs sociétés, tantôt avec une autre ; et que ce que j’entendais selon le sens naturel, les Anges spirituels l’entendaient selon le sens spirituel, et les Anges célestes selon le sens céleste, et cela à l’instant même ; comme j’ai perçu des milliers de fois cette communication, il ne m’est resté aucun doute à son sujet. Il y a aussi des Esprits, qui sont au-dessous des Cieux, et qui abusent de cette communication, car ils récitent quelques passages d’après le sens de la lettre de la Parole, et aussitôt ils remarquent et notent la société avec laquelle se fait la communication ; c’est encore ce que j’ai souvent vu et entendu. D’après ces circonstances, il m’a été donné de savoir par vive expérience que la Parole, quant au sens de sa lettre, est un Divin Moyen de conjonction avec le Seigneur et avec le Ciel. Sur cette conjonction par la Parole, voir aussi ce qui a été rapporté dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 303 à 310.

65. Il sera dit aussi en peu de mots comment le sens spirituel et le sens céleste se dégagent du sens de la lettre ; mais pour que cela soit compris, il faut se rappeler ce qui a été dit ci-dessus, Nos 6, 38, sur l’Ordre successif et sur l’Ordre simultané, à savoir, que le céleste, le spirituel et le naturel se suivent en ordre successif, l’un après l’autre, depuis les suprêmes qui sont dans le Ciel jusqu’aux derniers qui sont dans le monde ; et que, dans l’Ordre simultané, ils sont dans le dernier, c’est-à-dire, dans le naturel, l’un près de l’autre, depuis les intimes jusqu’aux extimes ; et que de même, les sens successifs de la Parole, le sens céleste et le sens spirituel, sont ensemble dans le sens naturel. Cela étant compris, on peut en partie faire saisir par l’entendement la manière dont, quand l’homme lit la Parole, les deux sens, le sens spirituel et le sens céleste, se dégagent du sens naturel : car alors l’Ange spirituel évoque le spirituel, et l’Ange céleste le céleste, et ils ne peuvent agir autrement, parce que le spirituel et le céleste sont homogènes et conformes à la nature et à l’essence de ces Anges.

66. Mais cela sera d’abord éclairci par des comparaisons prises dans les trois Règnes de la nature, qui sont appelés Règne Animal, Règne Végétal et Règne Minéral. Dans le RÈGNE ANIMAL : De la nourriture, quand elle est devenue chyle, les vaisseaux tirent et font sortir leur sang, les fibres nerveuses leur suc, et les substances qui sont les origines des fibres leur esprit animal. Dans le RÈGNE VÉGÉTAL : L’arbre, avec son tronc, ses branches, ses feuilles et ses fruits, se tient sur sa racine, et de l’humus par sa racine il tire et fait sortir un suc plus grossier pour le tronc, les branches et les feuilles, plus pur pour la chair des fruits, et le plus pur pour les semences au dedans des fruits. Dans le RÈGNE MINÉRAL : Dans le sein de la terre il y a, en quelques endroits, des minerais imprégnés d’or, d’argent et de fer ; ce sont des vapeurs renfermées dans la terre que l’or tire son élément, l’argent le sien et le fer le sien.

67. Maintenant, il sera montré par un exemple comment les Anges spirituels tirent leur sens, et les Anges célestes le leur, du sens naturel dans lequel est la Parole chez les hommes. Prenons pour exemple cinq préceptes du Décalogue : LE PRÉCEPTE : Tu honoreras ton Père et ta Mère. Par le père et la mère l’homme entend le père et la mère sur la terre, et aussi tous ceux qui tiennent lieu du père et de la mère, et par honorer, il entend les avoir en honneur et leur obéir. Mais par le Père, l’Ange spirituel entend le Seigneur, et par la Mère, l’Église ; et par honorer il entend aimer. Par le Père, l’Ange céleste entend le Divin Amour du Seigneur ; par la Mère, sa Divine Sagesse, et par honorer, faire le bien par le Seigneur. LE PRÉCEPTE : Tu ne voleras point. Par voler, l’homme entend voler, frauder, et sous quelque prétexte que ce soit, enlever au prochain ce qui lui appartient. Par voler, l’Ange spirituel entend priver les autres des vrais de leur foi et des biens de leur charité par des faussetés et des maux. Par voler, l’Ange céleste entend s’attribuer ce qui appartient au Seigneur, et s’approprier sa justice et son mérite. LE PRÉCEPTE : Tu ne commettras point adultère. Par commettre adultère, l’homme entend commettre adultère, être débauché, faire des actions obscènes, tenir des propos lascifs, et avoir des pensées impures. Par commettre adultère, l’Ange spirituel entend adultérer les biens de la Parole et falsifier ses vrais. Par commettre adultère, l’Ange céleste entend nier le Divin du Seigneur, et profaner la Parole. LE PRÉCEPTE : Tu ne tueras point. Par tuer, l’homme entend aussi avoir de la haine et respirer la vengeance jusqu’à désirer la mort de celui que l’on hait. Par tuer, l’Ange spirituel entend agir comme un diable et faire périr l’âme de l’homme. Par tuer, l’Ange céleste entend avoir en haine le Seigneur et les choses qui appartiennent au Seigneur. LE PRÉCEPTE : Tu ne porteras point de faux témoignage. Par porter de faux témoignages, l’homme entend aussi mentir et diffamer. L’Ange spirituel entend, par porter de faux témoignages, dire et persuader que le faux est le vrai et que le mal est le bien, et réciproquement. L’Ange céleste entend, par porter de faux témoignages, blasphémer le Seigneur et la Parole. On peut voir d’après cela comment le sens spirituel et le sens céleste sont dégagés et tirés du sens naturel de la Parole dans lequel ils sont ; et, ce qui est surprenant, les Anges extraient les sens qui leur sont propres, sans qu’ils sachent ce que l’homme pense ; mais néanmoins les pensées des Anges et celles des hommes font un par les Correspondances, comme la fin, la cause et l’effet ; et même en actualité les fins sont dans le Royaume céleste, les causes dans le Royaume spirituel, et les effets dans le Royaume naturel : la conjonction elle-même par les Correspondances est telle d’après la création ; de là maintenant il résulte qu’il y a association avec les Anges par la Parole.

68. Si l’association de l’homme avec les Anges se fait par le sens naturel ou littéral de la Parole, c’est aussi parce qu’il y a dans chaque homme, d’après la création, trois degrés de vie, le céleste, le spirituel et le naturel ; mais l’homme est dans le naturel, tant qu’il est dans le monde, et alors seulement dans le spirituel en tant qu’il est dans les vrais réels, et seulement dans le céleste en tant qu’il est dans la vie selon ces vrais, mais néanmoins il ne vient dans le spirituel même ou dans le céleste même qu’après la mort. Mais, sur ce sujet, il en sera dit davantage ailleurs.

69. D’après cela, on peut voir que dans la Parole seule, par cela qu’il y a conjonction avec le Seigneur et association avec les Anges, il y a esprit et vie comme le Seigneur l’enseigne.

 

« Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » – Jean, VI. 63. – « L’eau que Moi je vous donnerai, deviendra une source d’eau jaillissante pour la vie éternelle. » – Jean, IV. 14. – « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » – Matth., IV. 4. – « Travaillez pour la nourriture qui demeure jusqu’à la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera. » – Jean, VI. 27.

 

 

 

 

DANS TOUS LES CIEUX, IL Y A LA PAROLE, ET PAR SUITE IL Y A LA SAGESSE ANGÉLIQUE.

 

 

70. Que dans les Cieux, il y ait la Parole, jusqu’à ce jour on ne l’a pas su, et on n’a pas pu le savoir, tant que l’Église a ignoré que les Anges et les Esprits sont des hommes semblables aux hommes dans le monde, et que chez eux les choses sont en tout semblables à celles qui sont chez les hommes, avec cette seule différence, qu’eux sont spirituels, et que toutes les choses qui sont chez eux sont d’origine spirituelle, tandis que les hommes, dans le monde, sont naturels, et que toutes les choses qui sont chez eux sont d’origine naturelle. Tant qu’on a été dans cette ignorance, on n’a pas pu savoir que dans les Cieux il y a aussi la Parole, qu’elle est lue par les Anges qui s’y trouvent, et aussi par les Esprits qui sont au-dessous des Cieux. Mais, afin que cela ne restât pas perpétuellement inconnu, il m’a été donné d’être en société avec les Anges et avec les Esprits, de m’entretenir avec eux, et de voir ce qui existe chez eux, et ensuite de rapporter plusieurs choses que j’ai entendues et vues. Cela a été fait dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, publié à Londres en 1758 ; on peut y voir que les Anges et les Esprits sont des hommes, et qu’ils ont en abondance toutes les choses qui sont chez les hommes dans le monde. Que les Anges et les Esprits soient des hommes, on le voit dans ce Traité, Nos 73 à 77, et Nos 453 à 456 ; et aussi qu’il y a chez eux des choses semblables à celles qui sont chez les hommes dans le monde, Nos 170 à 190 ; qu’il y a aussi chez eux un Culte Divin, et des prédications dans des Temples, Nos 221 à 227 ; qu’ils ont des Écrits et aussi des Livres, Nos 258 à 264 ; et qu’ils possèdent la Parole, No 259.

71. Quant à ce qui concerne la Parole dans le Ciel, elle a été écrite dans un style spirituel, qui diffère entièrement du style naturel ; le style spirituel consiste en de pures lettres, dont chacune enveloppe un sens, et il y a sur les lettres des points qui exaltent le sens. Les lettres, chez les Anges du Royaume spirituel, sont semblables aux lettres typographiques dans notre monde ; et, chez les Anges du Royaume céleste, les lettres, dont chacune aussi enveloppe un sens entier, sont semblables aux anciennes lettres hébraïques ; elles sont infléchies de diverses manières, avec des signes au-dessus et à l’intérieur. Comme telle est leur écriture, il n’y a dans la Parole aucun des Noms de personnes et de lieux qui sont dans la nôtre, mais au lieu des Noms il y a les choses qu’ils signifient ; ainsi il y a, au lieu de Moïse, la parole historique ; au lieu d’Élie, la Parole prophétique ; au lieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Seigneur quant au Divin et quant au Divin Humain ; au lieu d’Aaron, le Sacerdoce ; au lieu de David, la Royauté, appartenant l’un et l’autre au Seigneur ; au lieu des noms des douze fils de Jacob ou des douze tribus d’Israël, les diverses choses du Ciel et de l’Église ; au lieu des noms des douze disciples du Seigneur, ces mêmes choses ; au lieu de Sion et de Jérusalem, l’Église quant à la Parole et quant à la Doctrine d’après la Parole ; au lieu de la terre de Chanaan, l’Église elle-même ; au lieu des Villes de cette terre en deçà et au-delà du Jourdain, différentes choses qui appartiennent à l’Église et à sa Doctrine ; et ainsi du reste. Il en est de même des Nombres ; ils ne se trouvent point non plus dans la Parole qui est dans le Ciel, mais à leur place il y a les choses auxquelles correspondent les nombres qui sont dans notre Parole. D’après cela, on peut voir que la Parole dans le Ciel est une Parole correspondante à notre Parole et qu’ainsi elles sont un, car les correspondances font l’unité.

72. Ce qu’il y a d’admirable, c’est que la Parole, dans les Cieux, a été écrite de manière que les simples la comprennent avec simplicité, et les sages avec sagesse ; car il y a sur les lettres des points et des signes qui, comme il a été dit, exaltent le sens ; les simples n’y font pas attention, et ne les connaissent pas ; mais les sages y font attention, chacun selon sa sagesse, et cela, jusqu’à la plus haute sagesse. Dans chaque grande société du Ciel, un Exemplaire de la Parole, écrit par des Anges sous l’inspiration du Seigneur, a été déposé dans le Sanctuaire de cette société, afin que la Parole ne soit nulle part changée quant à aucun de ses points. Notre Parole, il est vrai, est semblable à la Parole dans le Ciel, en ce que les simples la comprennent avec simplicité et les sages avec sagesse, mais cela se fait d’une manière différente.

73. Que les Anges aient toute leur sagesse par la Parole, ils l’avouent eux-mêmes ; en effet, autant ils sont dans l’entendement de la Parole, autant ils sont dans la lumière : la Lumière du Ciel est la Divine Sagesse, qui, à leurs yeux, est Lumière. Dans le Sanctuaire où est déposé l’Exemplaire de la Parole, il y a une Lumière flamboyante et d’un blanc éclatant, surpassant tout degré de la lumière qui brille hors de ce lieu dans le Ciel. La cause de cela est celle qui a été dite ci-dessus, c’est que le Seigneur réside dans la Parole.

74. La sagesse des Anges célestes surpasse la sagesse des Anges spirituels, à peu près de la même manière que la sagesse des Anges spirituels surpasse la sagesse des hommes ; et cela vient de ce que les Anges célestes sont par le Seigneur dans le bien de l’amour, et que les Anges spirituels sont par le Seigneur dans les vrais de la sagesse ; or, où est le bien de l’amour, là réside en même temps la sagesse ; mais là où sont les vrais, la sagesse ne réside qu’en proportion du bien de l’amour qui s’y trouve en même temps. C’est pour cette raison que la Parole dans le Royaume céleste a été écrite autrement que la Parole dans le Royaume spirituel ; car dans la Parole du Royaume céleste sont exprimés les biens de l’amour, et les signes sont des affections, tandis que dans la Parole du Royaume spirituel sont exprimés les vrais de la sagesse, et les signes sont des perceptions.

75. De là on peut conclure quelle sagesse profonde est cachée dans la Parole qui est dans le monde, car en Elle est cachée toute la sagesse angélique, qui est ineffable, elle en est le contenant ; et dans cette sagesse vient, après la mort, l’homme qui est fait Ange par le Seigneur au moyen de la Parole.

 

 

 

 

L’EXISTENCE DE L’ÉGLISE VIENT DE LA PAROLE ET SA QUALITÉ EST EN RAISON DE SON ENTENDEMENT DE LA PAROLE.

 

 

76. On ne peut mettre en doute que l’existence de l’Église vienne de la Parole, car la Parole est le Divin Vrai même, Nos 1 à 4 ; la Doctrine de l’Église est tirée de la Parole, Nos 50 à 61 : et par la Parole, il y a conjonction avec le Seigneur, Nos 62 à 69. Mais on peut mettre en doute que l’entendement de la Parole fasse l’Église, parce qu’il y en a qui croient être de l’Église, en raison de ce qu’ils ont la Parole, la lisent ou l’entendent lire par un prédicateur, et savent quelque chose du sens de la lettre, tandis qu’ils ignorent comment tel et tel passage de la Parole doit être compris, et que plusieurs d’entre eux pensent que cela est peu important ; il devient donc nécessaire de prouver ici que c’est l’entendement de la Parole et non la Parole qui fait l’Église, et que tel est l’entendement de la Parole chez ceux qui sont dans l’Église, telle est l’Église. Cela est confirmé par ce qui suit.

77. La Parole est la Parole selon son entendement chez l’homme, c’est-à-dire, selon qu’elle est comprise ; si elle n’est point comprise, la Parole est, il est vrai, appelée Parole, mais elle n’est point chez l’homme. La Parole est la Vérité selon la manière dont on la comprend ; en effet, la Parole peut ne pas être la Vérité, car elle peut être falsifiée. La Parole est esprit et vie selon qu’elle est comprise, car la lettre non comprise est morte. Puisqu’il y a pour l’homme vérité et vie selon l’intelligence de la Parole, il y a aussi pour lui foi et amour selon cette intelligence, car la vérité appartient à la foi, et l’amour appartient à la vie. Maintenant, comme l’Église existe par la foi et l’amour, et selon la foi et l’amour, il s’ensuit que l’Église est l’Église par l’intelligence de la Parole et selon cette intelligence, Église noble si elle est dans les vrais réels, Église déchue si elle n’est pas dans les vrais réels, et Église détruite si elle est dans les vrais falsifiés.

78. De plus, le Seigneur par la Parole est présent chez l’homme et en conjonction avec lui puisque le Seigneur est la Parole, et qu’en elle il parle pour ainsi dire avec l’homme ; puis aussi, parce que le Seigneur est le Divin Vrai même, et que la Parole est aussi ce Divin Vrai. D’après cela, il est évident que le Seigneur est présent chez l’homme, et en même temps conjoint à l’homme selon l’entendement de la Parole ; car selon cet entendement l’homme possède la vérité et par suite la foi, puis aussi l’amour et par suite la vie : or, le Seigneur est présent chez l’homme par la lecture de la Parole, mais il est conjoint à lui par l’entendement du vrai d’après la Parole, et selon cet entendement ; et autant le Seigneur a été conjoint à l’homme, autant l’Église est dans l’homme. L’Église est dans l’homme ; l’Église qui est en dehors de lui c’est celle qui existe chez plusieurs autres qui ont aussi l’Église en eux. Cela est entendu par les paroles du Seigneur aux Pharisiens qui demandaient quand viendrait le Royaume de Dieu :

 

« Le Royaume de Dieu est au dedans de vous. » – Luc, XVII. 21.

 

Ici, par le Royaume de Dieu, il est entendu le Seigneur, et d’après Lui l’Église.

79. Chez les Prophètes, dans beaucoup de passages, il s’agit de l’entendement de la Parole lorsqu’il s’agit de l’Église, et il est enseigné que l’Église ne peut exister que là où la Parole est comprise avec justesse, et que tel est l’entendement de la Parole chez ceux qui sont dans l’Église, telle est l’Église. En plusieurs endroits, dans les Prophètes, l’Église, chez la nation Israélite et Juive, est même décrite comme totalement détruite et anéantie, par cela que le sens ou l’entendement de la Parole avait été falsifié, car rien autre chose ne détruit l’Église. L’entendement de la Parole, tant vrai que faux, est décrit dans les Prophètes par Éphraïm, surtout dans Osée ; car par Éphraïm, dans la Parole, est signifié l’entendement de la Parole dans l’Église, et comme l’entendement de la Parole fait l’Église, voilà pourquoi Éphraïm est nommé :

 

« Fils précieux et enfant des délices, – Jérém., XXXI. 20 ; – Premier-né, – Jérém., XXXI. 9 ; – la Force de la tête de Jéhovah, – Ps., LX. 9 ; CVIII. 9 ; – Puissant, – Zach., X. 7 ; – muni d’un arc, Zach., IX. 13 ; – et les fils d’Éphraïm sont appelés armés et tireurs d’arc, – Ps., LXXVIII. 9 ; – par l’arc est signifiée la doctrine d’après la Parole, combattant contre les faux. C’est aussi pour cela qu’Éphraïm fut transféré à la droite d’Israël, et béni ; et qu’ensuite il fut accepté à la place de Ruben, – Genèse, XLVIII. 5, 11 et suiv. C’est encore pour cela que dans la bénédiction des fils d’Israël par Moïse, Éphraïm, conjointement avec son frère Manassé, fut élevé au-dessus de tous les autres, sous le nom de Joseph leur père, – Deutér., XXXIII. 13 à 17.

 

Ce que devient l’Église, quand l’entendement de la Parole est détruit, est aussi décrit par Éphraïm, dans les Prophètes et surtout dans Osée, on le voit par ces passages :

 

« Israël et Éphraïm tomberont. Éphraïm sera en solitude. Éphraïm est foulé et frappé par le jugement : Je serai comme un lion à Éphraïm ; je ravirai et m’en irai, j’emporterai, et personne ne m’arrachera ma proie. » – Osée, V. 5, 9, 11, 14. – « Que te ferai-je, Éphraïm, puisque ta sainteté s’en est allée comme une nuée de l’aurore et comme la rosée qui tombe le matin. » – Osée, VI. 4. – « Ils n’habiteront point dans la terre de Jéhovah ; Éphraïm retournera en Égypte, et il mangera en Assyrie la viande souillée. » – Osée, IX. 3.

 

La terre de Jéhovah est l’Église ; l’Égypte est le scientifique de l’homme naturel ; l’Assyrie est le raisonnement qui en procède ; c’est par ce scientifique et ce raisonnement que la Parole est falsifiée quant à son entendement, aussi est-il dit qu’Éphraïm retournera en Égypte, et qu’en Assyrie il mangera ce qui est impur.

 

« Éphraïm se repaît de vent et suit le vent d’Orient ; il multiplie tous les jours ses mensonges et sa ruine ; il traite alliance avec Assur et l’huile est portée en Égypte. » – Osée. XII. 2.

 

Se repaître de vent, suivre le vent d’Orient et multiplier les mensonges et la ruine, c’est falsifier les vrais, et ainsi détruire l’Église. La même chose est aussi signifiée par la prostitution d’Éphraïm, car la prostitution signifie la falsification de l’entendement de la Parole, c’est-à-dire, de son vrai réel ; dans ces passages :

 

« Je connais Éphraïm ; il s’est entièrement prostitué et Israël a été souillé. » – Osée, V. 3. – « Dans la maison d’Israël j’ai vu une chose affreuse ; là, Éphraïm s’est prostitué, et Israël a été souillé. » – Osée, VI. 10.

 

Israël est l’Église elle-même, et Éphraïm est l’entendement de la Parole, d’après lequel et selon lequel est l’Église : aussi est-il dit qu’Éphraïm s’est prostitué et qu’Israël a été souillé. Comme l’Église chez les Juifs a été complètement détruite par les falsifications de la Parole, c’est pour cela qu’il est dit d’Éphraïm :

 

« Comment te traiterai-je, Éphraïm ? comment te livrerai-je, Israël ? te traiterai-je comme Adama, et te réduirai-je dans l’état de Séboïm ? » – Osée, XI. 8.

 

Maintenant, parce que dans le Prophète Osée, depuis le premier Chapitre jusqu’au dernier, il s’agit de la falsification de la Parole, et de la destruction de l’Église par cette falsification, et que la débauche signifie la falsification du vrai dans la Parole, il a été, en conséquence, ordonné à ce Prophète, pour qu’il représentât cet état de l’Église, de prendre pour femme une prostituée et d’en avoir des enfants, Chap. I ; et une seconde fois de prendre une femme adultère, Chap. III. Ces passages ont été rapportés, afin qu’on sache et qu’il soit prouvé par la Parole que l’Église est telle qu’est l’entendement de la Parole ; éminente et richement dotée, si son entendement vient de vrais réels d’après la Parole ; mais détruite, et même souillée, s’il vient de vrais falsifiés. Pour prouver que par Éphraïm est signifié l’entendement de la Parole, et dans le sens opposé cet entendement falsifié, et que de là vient la destruction de l’Église, on peut se référer aux autres passages, où il est question d’Éphraïm ; par exemple : – Osée, IV. 17, 18. VII. 1, 11. VIII. 9, 11. IX. 11, 12, 13, 16. X. 11. XI. 3. XII. 1, 9, 15. XIII. 1, 12. – Ésaïe, XVII. 3. XXVIII. 1. – Jérém., IV. 15. XXXI, 6, 18. L. 19. – Ézéch., XXXVII. 16. XLVIII. 5. – Abdias, Vers 19. – Zach., IX. 10.

 

 

 

 

DANS CHAQUE CHOSE DE LA PAROLE IL Y A LE MARIAGE DU SEIGNEUR ET DE L’ÉGLISE,

ET PAR SUITE LE MARIAGE DU BIEN ET DU VRAI.

 

 

80. Que dans chaque chose de la Parole il y ait le mariage du Seigneur et de l’Église, et par suite le mariage du bien et du vrai, cela jusqu’à ce jour n’a pas été vu, et n’a pas pu être vu, parce que le sens spirituel de la Parole n’avait pas encore été dévoilé, et que ce mariage ne peut être vu que par ce sens. En effet, il y a dans la Parole, cachés dans le sens de sa lettre, deux sens, le sens spirituel et le sens céleste ; dans le sens Spirituel, les choses qui sont dans la Parole se réfèrent principalement à l’Église, et dans le sens Céleste, elles se réfèrent principalement au Seigneur ; puis, dans le sens Spirituel elles se réfèrent au Divin Vrai, et dans le sens Céleste elles se réfèrent au Divin Bien ; par suite ce mariage est dans le sens littéral de la Parole. Mais cela n’est évident que pour celui qui, d’après le sens spirituel et le sens céleste de la Parole, connaît les significations des mots et des noms ; car certains mots et certains noms se disent du bien, d’autres du vrai, et d’autres renferment l’un et l’autre ; c’est pourquoi, sans cette connaissance, ce Mariage dans chaque chose de la Parole n’a pas pu être vu. Telle est la raison pour laquelle cet Arcane n’a point été dévoilé auparavant.

81. Comme il existe un tel Mariage dans chaque chose de la Parole, voilà pourquoi il y a si souvent dans la Parole deux Expressions qui semblent être des Répétitions d’une même chose ; cependant elles ne sont pas des répétitions, mais l’une se réfère au bien et l’autre au vrai, et toutes deux prises ensemble conjoignent le bien au vrai et, par conséquent, font une seule chose. De là vient aussi la Divinité de la Parole et sa Sainteté ; car dans toute Œuvre Divine il y a le bien conjoint au vrai, et le vrai conjoint au bien.

82. Il est dit que dans chaque partie de la Parole, il y a le mariage du Seigneur et de l’Église, et par suite le mariage du bien et du vrai, parce que, où est le mariage du Seigneur et de l’Église, là aussi est le mariage du bien et du vrai, car ce mariage-ci vient de l’autre ; en effet, quand l’Église ou l’homme de l’Église est dans les vrais, le Seigneur influe avec le bien dans ses vrais et les vivifie ; ou, ce qui revient au même, quand l’Église ou l’homme de l’Église est par les vrais dans l’intelligence, le Seigneur par le bien de l’amour et de la charité influe dans son intelligence, et ainsi il y répand la vie.

83. Il y a chez chaque homme deux Facultés de la vie, qui sont appelées Entendement et Volonté ; l’Entendement est le réceptacle du vrai et par conséquent de la sagesse, et la Volonté est le réceptacle du bien et par conséquent de l’amour ; ces deux facultés doivent faire un pour que l’homme soit homme de l’Église ; et elles font un quand l’homme forme son entendement d’après des vrais réels, ce qui a lieu en apparence comme par lui, et quand sa Volonté est remplie du bien de l’amour, ce qui a lieu par le Seigneur ; de là chez l’homme il y a la vie du vrai et la vie du bien, la vie du vrai dans l’entendement venant de la volonté, et la vie du bien dans la volonté par l’entendement ; c’est là le mariage du bien et du vrai chez l’homme, et aussi le mariage du Seigneur et de l’Église chez lui. Mais, sur cette conjonction réciproque qui est ici appelée mariage, on en verra davantage dans les Traités de la Sagesse Angélique sur la DIVINE PROVIDENCE, sur le DIVIN AMOUR ET LA DIVINE SAGESSE, et dans la DOCTRINE DE VIE.

84. Tout lecteur, lorsqu’il fait attention, peut voir qu’il y a dans la Parole deux Expressions qui semblent être des Répétitions d’une même chose ; par exemple : Frère et (compagnon, pauvre et) indigent, désert et solitude, vide et creux, adversaire et ennemi, péché et iniquité, colère et emportement, nation et peuple, joie et allégresse, deuil et larmes, justice et jugement, etc. ; ces expressions semblent être synonymes, et cependant elles ne le sont point : car frère, pauvre, désert, vide, adversaire, péché, colère, nation, joie, deuil, justice, se disent du bien, et dans le sens opposé se disent du mal, tandis que compagnon, indigent, solitude, creux, ennemi, iniquité, emportement, peuple, allégresse, larmes, jugement, se disent du vrai, et dans le sens opposé se disent du faux ; et cependant il semble au lecteur qui ne connaît pas cet arcane que pauvre et indigent, désert et solitude, vide et creux, adversaire et ennemi, sont une seule chose, et pareillement péché et iniquité, colère et emportement, nation et peuple, joie et allégresse, deuil et larmes, justice et jugement ; et néanmoins ils ne sont pas une seule chose, mais ils deviennent une seule chose par la conjonction. Il y a aussi dans la Parole plusieurs expressions qui sont accouplées, comme feu et flamme, or et argent, airain et fer, bois et pierre, pain et eau, pain et vin, pourpre et fin lin, etc. ; et cela, parce que le feu, l’or, l’airain, le bois, le pain, la pourpre, signifient le bien, et que la flamme, l’argent, le fer, la pierre, l’eau, le vin et le fin lin, signifient le vrai. C’est par la même raison qu’il est dit qu’on doit aimer Dieu de tout son cœur et de toute son âme, et que Dieu créera dans l’homme un nouveau cœur et un nouvel esprit ; car le cœur se dit du bien de l’amour, et l’âme et l’esprit se disent du vrai d’après ce bien. Il y a aussi des mots qui, parce qu’ils participent de l’un et de l’autre, tant du bien que du vrai, sont employés isolément sans être joints à d’autres mots ; mais ces particularités et plusieurs autres ne se manifestent que devant les Anges, et devant ceux qui, lorsqu’ils sont dans le sens naturel, sont aussi dans le sens spirituel.

85. Il serait trop long de montrer, d’après la Parole, qu’elle renferme ces expressions doubles qui semblent être des répétitions d’une même chose, car pour cela il faudrait remplir des volumes ; mais pour lever le doute, je vais rapporter des passages où il est dit en même temps JUGEMENT et JUSTICE ; puis des passages où il y a NATION et PEUPLE, et d’autres où il y a JOIE et ALLÉGRESSE. Les Passages où JUGEMENT et JUSTICE sont nommés simultanément sont ceux-ci : « La ville qui était pleine de Jugement, où la Justice habitait. » – Ésaïe, I. 21. – « Sion sera rachetée dans la Justice et ceux qui y retourneront seront rachetés dans le Jugement. » – Ésaïe, I. 27. – « Jéhovah Sébaoth sera exalté dans le Jugement, et le Dieu Saint sera Sanctifié dans la Justice. » – Ésaïe, V. 16. – « Il se tiendra sur le trône de David et sur son royaume, pour l’affermir en Jugement et en Justice. » – Ésaïe, IX. 6. – « Jéhovah sera exalté parce qu’il habite haut, et qu’il a rempli la terre de Jugement et de Justice. » – Ésaïe, XXXIII. 5. – « Ainsi a dit Jéhovah : Gardez le Jugement et faites la Justice, parce que proche est mon Salut, pour que ma Justice soit révélée. » Ésaïe, LVI. 1. – « Comme une nation qui a fait la Justice, et n’a pas abandonné le Jugement de son Dieu ; qu’ils me demandent des Jugements de Justice. » Ésaïe, LVIII. 2. – « Jure par Jéhovah qui est vivant en Jugement et en Justice. » – Jérém., IV. 2. – « Que celui qui se glorifie, se glorifie de ce que Jéhovah fait Jugement et Justice sur la terre. » Jérém., IX. 24. – « Faites Jugement et Justice. Malheur à celui qui bâtit sa maison sans Justice, et ses appartements sans Jugement ! Ton père n’a-t-il pas fait Jugement et Justice ? alors il a prospéré. » – Jérém., XXII. 3, 13. 15. – « Je susciterai à David un germe juste, qui régnera comme roi et il exercera le Jugement et la Justice sur terre. » – Jérém., XXIII. 5. XXXIII. 15. – « S’il y a eu un homme juste, qui ait fait Jugement et Justice. » – Ézéchiel, XVIII. 5. – Si l’impie s’est retourné et qu’il ait fait Jugement et Justice, il ne sera pas fait mention contre lui ; Jugement et Justice il a fait, vivant il vivra. » – Ézéchiel, XXXIII. 14, 16, 19. – « Je me fiancerai à toi pour l’éternité en Justice, en Jugement, en Miséricorde et en Compassions. » – Osée, II. 19. – « Que le Jugement coule comme l’eau et la Justice comme un torrent impétueux. » – Amos, V. 24. – « Vous avez changé en fiel le Jugement, et le fruit de la Justice en absinthe. » – Amos, VI. 12. – « Jusqu’à ce que Jéhovah plaide mon procès et qu’il me fasse Jugement, et qu’il me conduise dans la lumière, et que je voie sa Justice. » – Mich., VII. 9. – Jéhovah ! ta Justice (est) comme de hautes montagnes, tes Jugements (sont) un grand abîme. » – Ps. XXXVI. 7. – « Jéhovah fera sortir sa Justice comme la lumière et son Jugement comme le midi. » – Ps. XXXVII. 6. – « Jéhovah jugera son peuple en Justice et ceux qui sont affligés en Jugement. » – Ps. LXXII. 2. – « La Justice et le Jugement (sont) le soutien de ton trône. » – Ps. LXXXIX, 15. – « Quand j’aurai appris les Jugements de ta Justice. Sept fois dans le jour, je Te loue sur les Jugements de ta Justice. » – Ps. CXIX. 7, 164. – « Gad fait la Justice de Jéhovah, et Son Jugement avec Israël. » – Deutér., XXXIII. 21. – « L’esprit de vérité réprimandera le monde au sujet de la Justice et au sujet du Jugement. » – Jean, XVI. 8. 10 ; – et ailleurs. S’il est dit si souvent Jugement et Justice, c’est parce que le Jugement se dit des vrais, et que la Justice se dit du bien ; c’est pourquoi, par faire Jugement et Justice, il est même entendu agir d’après le vrai et d’après le bien. Que le Jugement se dise du vrai et la Justice du bien, c’est parce que le Gouvernement du Seigneur dans le Royaume spirituel est appelé JUGEMENT, et que le Gouvernement du Seigneur dans le Royaume céleste est appelé JUSTICE ; voir, sur ce sujet, dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 214, 215. Comme le Jugement se dit du vrai, c’est pour cela que dans quelques passages il est dit la Vérité et la Justice ; par exemple, dans – Ésaïe, XI. 5. Ps. LXXXV. 12, et ailleurs.

86. Que dans la Parole, à cause du mariage du bien et du vrai il y ait comme des Répétitions d’une même chose, on peut le voir plus clairement d’après les passages où il est dit NATIONS et PEUPLES ; par exemple dans ceux-ci : « Malheur à la Nation pécheresse, au Peuple chargé d’iniquité ! » – Ésaïe, 1. 4. – « Les Peuples qui marchaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière ; tu as multiplié la Nation. » – Ésaïe, IX. 1, 2. – « Assur, verge de ma colère, je l’enverrai contre la Nation hypocrite, contre le Peuple de mon emportement je le dépêcherai. » – Ésaïe, X. 5, 6. – « Il arrivera, en ce jour-là, que les Nations rechercheront la racine d’Isaï dressée pour enseigne des Peuples. » – Ésaïe, XI. 10. « Jéhovah qui frappe les Peuples d’une plaie incurable, qui domine avec colère sur les Nations. » – Ésaïe, XIV. 6. – « En ce jour-là, on apportera en présent à Jéhovah Sébaoth un Peuple dispersé et pillé, et une Nation nivelée et foulée. » – Ésaïe, XVIII. 7. – Un Peuple fort T’honorera, une ville de Nations puissantes Te craindra. » – Ésaïe, XXV. 3. – Jéhovah enlèvera l’enveloppe (qui est) sur tous les Peuples et le voile étendu sur toutes les Nations. » – Ésaïe, XXV, 7. – « Approchez, Nations ; et vous, Peuples, soyez attentifs. » – Ésaïe, XXXIV. 1. – « Je t’ai appelé pour être l’alliance du Peuple et la lumière des Nations. » – Ésaïe, XLII. 6. – « Que toutes les Nations se réunissent ensemble, et que s’assemblent les Peuples. » – Ésaïe, XLIII. 9. – « Voici, je lèverai vers les Nations ma main, et vers les Peuples mon étendard. » – Ésaïe, XLIX. 22. – « Témoin aux Peuples je l’ai donné, Prince et Législateur aux Nations. » – Ésaïe, LV. 4. – Voici, un Peuple vient de la terre du septentrion, et une grande Nation des côtés de la terre. » – Jérém., VI. 22. – « Je ne te ferai plus entendre la calomnie des Nations et tu ne porteras plus l’opprobre des Peuples. » – Ézéch., XXXVI. 15. – « Tous les Peuples et toutes les Nations Le serviront. » – Daniel, VII. 14. – « Pour que les Nations ne se raillent pas d’eux et qu’on ne dise pas parmi les Peuples : Où (est) leur Dieu ? » – Joël, II. 17. – « Les restes de mon Peuple les pilleront et les restes de ma Nation les posséderont. » – Sophonie, II. 9. – « Et viendront plusieurs Peuples et des Nations nombreuses pour chercher Jéhovah Sébaoth dans Jérusalem. » – Zach., VIII. 22. – « Mes yeux ont vu ton Salut, que tu as préparé devant la face de tous les Peuples, pour être la lumière qui doit éclairer les Nations. » – Luc, II. 30, 31, 32. – « Tu nous as rachetés par ton sang de tout Peuple et de toute Nation. » – Apoc., V. 9. – « Il faut que de nouveau tu prophétises sur les Peuples et les Nations. » – Apoc., X. 11. – « Tu Me mettras à la tête des Nations, un Peuple, que je n’avais pas connu, Me servira. » – Ps. XVIII. 44. – « Jéhovah rend inutile le conseil des Nations ; il renverse la pensée des Peuples. » – Ps. XXXIII. 10. – « Tu nous mets en proverbe parmi les Nations (tu as fait) que les Peuples ont hoché la tête (sur nous). » – Ps. XLIV. 15. – « Jéhovah rangera les Peuples sous nous, et les Nations sous nos pieds ; Jéhovah a régné sur les Nations ; les Peuples se sont assemblés d’eux-mêmes. » – Ps. XLVII. 4, 9, 10. – « Les Peuples Te confesseront ; les Nations seront dans l’allégresse et dans la jubilation de ce que tu jugeras les Peuples avec droiture, et de ce que tu conduiras les Nations dans la terre. » – Ps. LXVII. 3, 4, 5. – « Souviens-toi de moi, Jéhovah ! dans le bon plaisir de ton Peuple, afin que je me réjouisse dans la joie de tes Nations. » – Ps. CVI. 4, 5 ; – et en outre ailleurs. S’il est dit en même temps les Nations et les Peuples, c’est parce que par les Nations sont entendus ceux qui sont dans le bien, et dans le sens opposé ceux qui sont dans le mal ; et par les Peuples, ceux qui sont dans les vrais, et dans le sens opposé ceux qui sont dans les faux ; c’est pourquoi ceux qui sont du Royaume Spirituel du Seigneur sont nommés Peuples, et ceux qui sont du Royaume Céleste du Seigneur sont nommés Nations : car dans le Royaume Spirituel tous sont dans les vrais et par suite dans la sagesse, et dans le Royaume Céleste tous sont dans le bien et par suite dans l’amour.

87. Il en est de même pour les autres expressions ; ainsi, lorsqu’il est dit JOIE, il est dit aussi ALLÉGRESSE, comme dans ces passages : « Voici, Joie et Allégresse, on tue le bœuf. » – Ésaïe, XXII. 13. – « Joie et Allégresse ils obtiendront ; et s’enfuiront tristesse et gémissement. » – Ésaïe, XXXV. 10. LI. 11. – « De la maison de notre Dieu ont été retranchées l’Allégresse et la Joie. » – Joël, I. 16. – « Je les priverai de la voix de Joie et de la voix d’Allégresse. » – Jérémie, VII. 34. XXV. 10. – « Le jeûne du dixième sera pour la maison de Juda en Joie et en Allégresse. » – Zacharie, VIII. 19. – « Afin que nous soyons dans la Joie pendant tous nos jours, Donne-nous de l’Allégresse. » – Ps. XC. 14, 15. – « Soyez en Allégresse dans Jérusalem, ayez de la Joie en elle. » – Ésaïe, LXVI. 10. – « Sois dans la Joie et dans l’Allégresse, fille d’Édom. » – Lament., IV. 21. – « Dans l’Allégresse seront les cieux, et dans la Joie sera la terre. » – Ps. XCVI. 11. – « Tu me feras entendre Joie et Allégresse. » – Ps. LI. 10. – « La Joie et l’Allégresse se trouveront en Sion, la louange et la voix de cantique. » – Isaïe, LI. 3. – « Il sera pour toi un sujet d’Allégresse, et plusieurs, à cause de sa naissance, auront de la Joie. » – Luc, I. 14. – « Je ferai cesser la voix de Joie et d’Allégresse, la voix du fiancé et la voix de la fiancée. » – Jérém., VII. 34. XVI. 9. XXV. 10. – « Dans ce lieu on entendra encore la voix de Joie et la voix d’Allégresse, la voix du fiancé et la voix de la fiancée. » – Jérém., XXXIII. 10, 11 ; – et ailleurs. S’il est dit l’une et l’autre, tant la Joie que l’Allégresse, c’est parce que la joie appartient au bien, et l’allégresse au vrai, ou parce que la joie appartient à l’amour, et l’allégresse à la sagesse ; car la joie appartient au cœur et l’allégresse à l’esprit, ou bien la joie appartient à la volonté et l’allégresse à l’entendement. Que le mariage du Seigneur et de l’Église soit aussi dans ces expressions, cela est évident en ce qu’il est dit : « La voix de joie et la voix d’allégresse, la voix du Fiancé et la voix de la Fiancée. » – Jérém., VII. 34. XVI. 9. XXV. 10. XXXIII. 11 ; – et le Seigneur est le Fiancé et l’Église la Fiancée ; que le Seigneur soit le Fiancé, en le voit dans Matth. – IX. 15. Marc, II. 19, 20. Luc, V. 35 ; et que l’Église soit la fiancée, on le voit dans l’Apocalypse, XXI. 2, 9. XXII. 17 ; – c’est pourquoi Jean-Baptiste dit, en parlant de Jésus : « Celui qui a la Fiancée est le Fiancé. » – Jean, III. 29.

88. C’est à cause du mariage du Seigneur avec l’Église, ou, ce qui revient au même, c’est à cause du mariage du Divin Bien et du Divin Vrai dans chaque chose de la Parole, que dans un grand nombre de passages il est dit Jéhovah et Dieu, et aussi Jéhovah et le Saint d’Israël, comme s’ils étaient deux, lorsque cependant ils sont un ; car par Jéhovah il est entendu le Seigneur quant au Divin Bien, et par Dieu le Seigneur quant au Divin Vrai. Que les expressions Jéhovah et Dieu, et Jéhovah et le Saint d’Israël, soient employées dans un grand nombre de passages de la Parole, et que cependant par elles il soit entendu Un Seul qui est le Seigneur, on le voit dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, Nos 34, 38, 46.

89. Puisque dans toute la Parole et dans chacune de ses parties il y a le mariage du Seigneur et de l’Église, il devient évident que, dans son ensemble et dans chacune de ses parties, la Parole traite du Seigneur, comme j’ai commencé à le démontrer dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, Nos 1 à 7. L’Église, de laquelle la Parole traite également, est aussi le Seigneur ; car le Seigneur enseigne que l’homme de l’Église est en Lui, et que Lui est en cet homme, – Jean, VI. 56. XIV. 20, 21. XV. 5, 7.

90. Comme il s’agit ici de la Divinité et de la Sainteté de la Parole, il m’est permis d’ajouter à ce qui a été dit jusqu’à présent quelque chose qui mérite d’être rapporté. – Un jour, il me fut envoyé du Ciel un petit papier couvert de lettres hébraïques, mais tracées comme chez les Anciens, chez lesquels ces lettres, qui aujourd’hui sont composées de lignes droites dans quelques-unes de leurs parties, étaient formées de lignes courbes avec des petits crochets tournés vers le haut ; et les Anges qui étaient alors auprès de moi me disaient que, d’après les lettres elles-mêmes, ils connaissaient des sens entiers, et qu’ils les connaissaient surtout d’après les courbures des lignes et des accents de la lettre ; et ils expliquaient ce qu’elles signifiaient prises séparément, et prises ensemble, disant que la lettre H, qui a été ajoutée aux noms d’Abram et de Saraï, signifiait l’Infini et l’Éternel ; ils expliquèrent même devant moi le sens de la Parole, – Ps. XXXII. 2, – par les lettres seules ou par les syllabes ; le sens sommaire de ces lettres était que le Seigneur est même miséricordieux pour ceux qui font le mal : ils m’informèrent que, dans le Troisième Ciel, l’Écriture consistait en lettres arquées et diversement courbées, dont chacune contenait un certain sens ; que là les Voyelles étaient pour le son qui correspond à l’affection, et que dans ce Ciel ils ne pouvaient pas prononcer les Voyelles i et é, mais qu’ils les remplaçaient par l’y et l’eu ; qu’ils faisaient un grand usage des Voyelles a, o et u, parce qu’elles donnent un son plein ; qu’ils ne pouvaient prononcer qu’avec douceur certaines Consonnes dont l’articulation est dure, et que c’est de là que quelques lettres hébraïques ont été ponctuées intérieurement, pour indiquer qu’elles doivent être prononcées avec douceur ; ils me disaient que la rudesse dans les lettres était en usage dans le Ciel Spirituel, par la raison que là on est dans les vrais, et que le vrai admet la rudesse, tandis que le bien dans lequel sont les Anges du Royaume Céleste ou du Troisième Ciel ne l’admet pas. Ils me dirent aussi qu’ils avaient chez eux la Parole écrite en lettres courbées avec des petits crochets et des accents significatifs ; d’après cela je vis clairement ce que signifient ces paroles du Seigneur :

 

« Il n’y aura rien dans la Loi qui ne s’accomplisse, jusqu’à un seul Iota, et à un seul trait de lettres. » – Matth., V. 18.

 

Puis :

 

« Il est plus facile que le Ciel et la Terre passent, qu’il ne l’est qu’un seul Accent tombe de la Loi. » – Luc, XVI. 17.

 

 

 

 

DES HÉRÉSIES PEUVENT ÊTRE TIRÉES DU SENS DE LA LETTRE DE LA PAROLE,

MAIS LES CONFIRMER EST DANGEREUX.

 

 

91. Il a été montré ci-dessus que la Parole ne peut être comprise sans la Doctrine, et que la Doctrine est comme un flambeau pour que les vrais réels soient vus ; et cela, parce que la Parole a été écrite par de pures Correspondances, d’où il résulte que plusieurs choses y sont des Apparences du vrai, et non des vérités nues, et que plusieurs ont été écrites selon la conception de l’homme naturel et même de l’homme sensuel, mais cependant de telle manière que les simples peuvent comprendre la Parole avec simplicité, les intelligents avec intelligence, et les sages avec sagesse. Maintenant, puisque telle est la Parole, les apparences du vrai, qui sont des vérités vêtues, peuvent être prises pour des vérités nues, et lorsqu’elles sont confirmées, elles deviennent des faux ; mais cela est fait par ceux qui se croient supérieurs aux autres en sagesse, quand cependant ils ne sont pas sages ; car être sage, c’est voir si une chose est vraie avant de la confirmer, et non confirmer tout ce qui plaît ; confirmer tout ce qui plaît, c’est ce que font ceux qui excellent dans la faculté de confirmer, et qui sont dans l’orgueil de la propre intelligence ; mais voir si une chose est vraie avant de la confirmer, c’est ce que font ceux qui aiment les vrais et en sont affectés parce que ce sont des vrais, et qui les mettent en pratique ; car ceux-ci sont éclairés par le Seigneur, et ils voient les vrais par la lumière des vrais, tandis que ceux-là sont éclairés par eux-mêmes et voient les faux aussi par la lumière des faux.

92. Que les Apparences du vrai, qui sont des vérités vêtues, puissent être saisies d’après la Parole pour des vérités nues, et que, lorsqu’elles sont confirmées, elles deviennent des faux, on peut le voir d’après tant d’hérésies qui ont été et sont encore dans le Christianisme. Les hérésies elles-mêmes ne damnent pas les hommes, mais ce qui damne, c’est quand, d’après la Parole et par les raisonnements qui procèdent de l’homme naturel, on confirme les faussetés qui sont dans l’hérésie, et qu’on mène une vie mauvaise. En effet, chacun naît dans la religion de ses parents, y est initié dès son enfance, puis la retient et ne peut lui-même se dégager des faux de cette religion, entraîné qu’il est par les affaires du monde ; mais vivre mal et confirmer les faux jusqu’à détruire le vrai réel, voilà ce qui damne ; car celui qui reste dans sa Religion et croit en Dieu, et qui, – s’il est dans le sein du Christianisme, –croit au Seigneur, considère la Parole comme Sainte, et vit par religion selon les préceptes du Décalogue, celui-là n’est pas lié aux faux comme par serment (non jurat in falsa) ; aussi, dès qu’il entend les vrais et les perçoit à sa manière, il peut les embrasser, et ainsi être retiré des faux ; mais il n’en est pas de même de celui qui a confirmé les faux de sa religion, car le faux confirmé reste et ne peut être extirpé ; en effet, après la confirmation, le faux est comme si l’homme s’était lié à lui par serment, surtout si ce faux est cohérent avec l’amour du propre et par suite avec l’orgueil de la sagesse.

93. Je me suis entretenu, dans le Monde Spirituel, avec quelques hommes, qui avaient vécu il y a plusieurs siècles, et s’étaient confirmés dans les faux de leur Religion ; et j’ai reconnu qu’ils restaient encore constamment dans ces mêmes faux : je m’y suis aussi entretenu avec d’autres qui avaient été de la même Religion, et avaient pensé comme ceux-là, mais n’avaient pas confirmé chez eux les faux de cette Religion ; et j’ai reconnu que, ayant été instruits par les Anges, ils avaient rejeté les faux et reçu les vrais, et que ceux-ci avaient été sauvés, mais non ceux-là. Chaque homme, après la mort, est instruit par les Anges ; et ceux qui voient les vrais, et d’après les vrais les faux, sont reçus ; car, après la mort, il est donné à chacun de voir spirituellement les vrais ; ceux qui ne se sont pas confirmés voient les vrais, mais ceux qui se sont confirmés ne veulent pas voir les vrais, et s’ils les voient, ils s’en détournent ; et alors, ou ils s’en moquent, ou ils les falsifient.

94. Mais cela va être éclairci par un Exemple : Dans plusieurs passages de la Parole, la colère, l’emportement, la vengeance, sont attribués au Seigneur, et il est dit qu’il punit, jette en enfer, tente, et qu’il fait plusieurs autres choses semblables ; celui qui croit cela avec simplicité, et qui, en raison de cette croyance, craint Dieu et se garde de pécher contre Lui, celui-là n’est pas damné pour cette foi simple ; mais celui qui confirme chez lui cette foi au point de croire que la colère, l’emportement, la vengeance, et ainsi des choses qui ont pour origine le mal, sont chez le Seigneur, et que par colère, emportement et vengeance il punit l’homme et le jette en enfer, celui-là est damné, parce qu’il a détruit le vrai réel, qui est que le Seigneur est l’Amour Même, la Miséricorde Même, et le Bien Même, et que Celui qui a ces qualités ne peut se livrer ni à la colère, ni à l’emportement, ni à la vengeance. Si de telles passions sont attribuées au Seigneur, c’est d’après l’apparence. Il en est de même de beaucoup d’autres choses qui lui sont attribuées.

95. Que plusieurs choses dans le sens de la lettre de la Parole soient des vrais en apparence dans lesquels sont cachés des vrais réels, et qu’il ne soit pas dangereux de penser et de parler selon ces vrais apparents, mais qu’il soit dangereux de les confirmer au point de détruire le vrai réel qui est caché en dedans, c’est ce qui peut aussi être éclairci par un Exemple que je prendrai dans la nature, parce que l’enseignement tiré du naturel est plus clair et plus probant que celui qui est tiré du spirituel. Il semble à la vue que le Soleil tourne tous les jours autour de la terre, et qu’il fait en outre autour d’elle une révolution annuelle ; de là il est dit dans la Parole que le Soleil se lève et se couche, qu’il fait le matin, le midi, le soir et la nuit, et aussi les saisons du printemps, de l’été, de l’automne et de l’hiver, et par conséquent les jours et les années, quoique cependant le Soleil reste immobile, car c’est un Océan de feu, et c’est la Terre qui tourne chaque jour sur elle-même, et chaque année autour du Soleil ; l’homme qui, par simplicité et par ignorance, pense que le Soleil exécute ces mouvements, ne détruit pas la vérité naturelle, qui est que la Terre tourne chaque jour sur son axe, et suit chaque année la direction de l’écliptique : mais celui qui, par la Parole et par des raisonnements de l’homme naturel, confirme le mouvement et le cours apparents du soleil, celui-là infirme la vérité et la détruit. Le vrai apparent, c’est que le Soleil exécute ces mouvements ; le vrai réel, c’est qu’il ne les exécute pas ; chacun peut parler selon le vrai apparent, et c’est aussi de cette manière qu’on parle ; mais se confirmer dans cette opinion, cela paralyse et obscurcit l’entendement rationnel. Il en est de même pour les astres de la voûte céleste ; le vrai apparent, c’est qu’ils exécutent aussi une fois chaque jour, comme le soleil, leur révolution ; c’est pour cela qu’on dit aussi, en parlant des étoiles, qu’elles se lèvent et se couchent ; mais le vrai réel, c’est que les étoiles sont fixes, et que la voûte céleste reste immobile ; cependant chacun peut parler selon l’apparence.

96. S’il est dangereux de confirmer le vrai apparent de la Parole au point de détruire le vrai réel qui est caché en dedans, c’est parce que, selon ce qui a été dit ci-dessus, Nos 62 à 69, toutes et chacune des choses du sens de la lettre de la Parole communiquent avec le Ciel et l’ouvrent. Quand donc l’homme applique ce sens pour confirmer des amours du monde, contraires aux amours du Ciel, alors l’interne de la Parole devient faux ; c’est pourquoi, quand son externe, qui est le sens de la lettre, dont l’interne est faux, communique avec le Ciel, le Ciel se ferme, car les Anges, qui sont dans l’interne de la Parole, le rejettent. D’après cela, il est évident que le faux interne ou le vrai falsifié enlève la communication avec le Ciel, et le ferme. Telle est la cause pour laquelle il est dangereux de confirmer un faux hérétique quelconque.

96 (bis). La Parole est comme un Jardin, qu’on peut appeler Paradis céleste, renfermant en tout genre des choses savoureuses et délicieuses, savoureuses en raison des fruits, et délicieuses en raison des fleurs, ayant à son centre les arbres de vie près desquels sont des sources d’eau vive, et à sa circonférence des arbres forestiers. L’homme qui est, d’après la Doctrine, dans les Divins Vrais, est au milieu du jardin, où sont les arbres de vie, et il a en actualité la jouissance de ces choses savoureuses et délicieuses ; l’homme qui est dans les vrais, non d’après la Doctrine, mais d’après le seul sens de la lettre, est à la circonférence, et voit seulement les arbres forestiers : mais celui qui est dans la Doctrine d’une religion fausse, et qui en a confirmé chez lui le faux, n’est pas même dans la forêt ; il réside au-delà dans des plaines sablonneuses, où il n’y a point de verdure. Que tel soit aussi l’état de ces hommes après la mort, c’est ce qui sera confirmé en son lieu.

97. Il faut en outre qu’on sache que le sens de la lettre de la Parole est une garde pour les vrais réels qui sont cachés en dedans ; et cette garde consiste en ce que ce sens peut être tourné de toute manière, et être expliqué selon qu’il est saisi, sans que pour cela le sens interne soit altéré et violé ; car il n’est pas préjudiciable que le sens de la lettre de la Parole soit compris par l’un autrement que par l’autre ; mais ce qui est préjudiciable, c’est que les Divins Vrais qui sont intérieurement cachés soient pervertis, car par là il est fait violence à la Parole. Le sens de la lettre est une garde pour empêcher que cela n’arrive ; et il exerce cette garde chez ceux qui sont dans des faux par religion et qui ne confirment pas ces faux, car ceux-ci ne font aucune violence à la Parole. Cette garde est signifiée par les Chérubins, elle est aussi décrite par eux dans la Parole. Elle est signifiée par les Chérubins, qui, après qu’Adam eut été chassé avec son épouse du jardin d’Éden, furent placés à l’entrée de ce jardin, et au sujet desquels on lit ces paroles :

 

« Lorsque Jéhovah Dieu eut chassé l’homme, il fit habiter du côté de l’Orient, vers le jardin d’Éden, des Chérubins arec une flamme d’épée qui se tournait çà et là, pour garder le chemin de l’Arbre de vie. » – Gen., III. 23, 24.

 

Par les Chérubins est signifiée la garde, par le chemin de l’arbre de vie est signifiée l’entrée vers le Seigneur, laquelle a lieu pour les hommes par la Parole ; par la flamme d’épée qui se tourne de côté et d’autre est signifié le Divin Vrai dans les derniers, lequel est comme la Parole dans le sens littéral, sens qui peut être tourné ainsi. La même chose est entendue par :

 

« Les Chérubins d’or placés sur les deux extrémités du Propitiatoire, qui était sur l’Arche dans le Tabernacle. » – Exod., XXV. 18 à 21.

 

C’est en raison de cette signification que le Seigneur parlait entre ces Chérubins avec Moïse, Exod., XXV. 22. XXXVII. 9. Nomb., VII. 89. – Que le Seigneur ne parle avec l’homme que dans la plénitude, et que la Parole dans le sens de la lettre soit le Divin Vrai dans la plénitude, on le voit ci-dessus, Nos 37 à 49 ; c’est pourquoi le Seigneur parlait entre les Chérubins avec Moïse. Il n’est pas non plus signifié autre chose par les Chérubins sur les Rideaux du Tabernacle et sur le Voile, – Exod., XXVI, 1, 31 ; car les rideaux et les voiles du Tabernacle représentaient les derniers du Ciel et de l’Église, et par conséquent aussi les derniers de la Parole ; voir ci-dessus, No 46. Il n’est pas non plus signifié autre chose par les Chérubins dans le milieu du Temple de Jérusalem, – I Rois, VI. 23 à 28, – ni par les Chérubins sculptés sur les murailles et sur les portes du Temple, – I Rois, VI. 29, 32, 35, – ni par les Chérubins dans le nouveau Temple, – Ézéch., XLI. 18, 19, 20 ; – voir aussi ci-dessus, No 47. – Comme les Chérubins signifiaient la garde afin que le Seigneur, le Ciel, et le Divin Vrai tel qu’il est dans l’intérieur de la Parole, ne soient pas approchés immédiatement, mais afin qu’ils le soient par l’intermédiaire des derniers, il est pour cela même parlé ainsi du roi de Tyr :

 

« Toi, qui scelles la mesure, plein de sagesse et parfait en beauté, tu as été en Éden, le Jardin de Dieu, toute pierre précieuse (a été) ta couverture ; toi, Chérubin, expansion de ce qui protège. Je t’ai perdu, Chérubin protecteur, du milieu des pierres de feu. » – Ézéch., XXVIII. 12, 13, 14, 16.

 

Par Tyr, il est signifié l’Église quant aux connaissances du vrai et du bien, et par suite par son Roi la Parole où sont ces connaissances et d’où elles viennent ; qu’ici la Parole dans son dernier, qui est le sens de la lettre, soit signifiée par ce roi, et la garde par le Chérubin, cela est évident, car il est dit : « Toi qui scelles la mesure, toute pierre précieuse a été ta couverture » ; et aussi, « toi, Chérubin, expansion de ce qui protège » ; puis, « Chérubin protecteur » : par les pierres précieuses, qui sont aussi nommées ici, sont entendus les vrais du sens de la lettre de la Parole ; voir ci-dessus, No 45. Puisque par les Chérubins il est signifié le dernier du Divin Vrai comme Garde, c’est pour cela qu’il est dit dans David :

 

« Jéhovah inclina les Cieux, et descendit, et il chevauchait sur un Chérubin. » – Ps. XVIII. 10, 11. – « Pasteur d’Israël, qui es assis sur les Chérubins, montre-toi avec éclat. » – Ps. LXXX. 2. – « Jéhovah assis entre des Chérubins. » – Ps. XCIX. 1.

 

Chevaucher sur les Chérubins, être assis sur eux, et être assis entre eux, c’est s’appuyer sur le dernier sens de la Parole. Le Divin Vrai dans la Parole et sa qualité sont décrits par des Chérubins dans Ézéchiel, Chapitre I, IX et X ; or, personne ne pouvant savoir ce qui est signifié par chacune des choses de leur description, sinon celui pour qui le sens spirituel a été ouvert, c’est pour cela qu’il m’a été découvert ce qui est signifié sommairement par toutes les choses qui sont dites des Chérubins dans le Premier Chapitre d’Ézéchiel ; voici ce sommaire : La Divine sphère externe de la Parole est décrite, Vers. 4 : cette sphère représentée comme un homme, Vers. 5 : elle est conjointe aux spirituels et aux célestes, Vers. 6 : le naturel de la Parole ; quel il est, Vers. 7 : le spirituel et le céleste de la Parole conjoints à son naturel ; quels ils sont, Vers. 8, 9 : le Divin Amour du bien et du vrai célestes, spirituels et naturels, spécifiés ici, ensemble et séparément, Vers. 10, 11 : ils tendent à être un, Vers. 12 : la sphère de la Parole provenant du Divin Bien et du Divin Vrai du Seigneur, par lesquels la Parole est vivante, Vers. 13, 14 : la doctrine du bien et du vrai dans la Parole et d’après la Parole, Vers. 15 à 21 : le Divin du Seigneur au-dessus d’elle et en elle, Vers. 22, 23, et venant d’elle, Vers. 24, 25 : le Seigneur est au-dessus des Cieux, Vers. 26 : à Lui appartiennent le Divin Amour et la Divine Sagesse, Vers. 27, 28. Ce sommaire a même été conféré avec la Parole dans le Ciel, et il a été trouvé en conformité avec elle.

 

 

 

 

LE SEIGNEUR EST VENU DANS LE MONDE POUR ACCOMPLIR TOUT CE QUE RENFERME LA PAROLE

ET POUR DEVENIR PAR LÀ LE DIVIN VRAI OU LA PAROLE, MÊME DANS LES DERNIERS.

 

 

98. Que le Seigneur soit venu dans le monde pour accomplir toutes les choses de la Parole, on le voit dans la DOCTRINE SUR LE SEIGNEUR, Nos 8 à 11. Que par là il ait été fait le Divin Vrai, ou la Parole, même dans les derniers, c’est ce qui est entendu par ces paroles dans Jean :

 

« La Parole a été faite Chair et elle a habité parmi nous ; et nous avons vu Sa gloire, une gloire telle que celle du Fils Unique venu du Père, plein de grâce et de vérité. » – I, 14.

 

Être fait Chair, c’est être fait la Parole dans les derniers. Le Seigneur a montré à ses disciples ce qu’il était comme Parole dans les derniers, quand il s’est transfiguré, – Matth., XVII. 2 et suiv., Marc, IX. 2 et suiv., Luc, IX, 28 et suiv. ; – et là, il est dit que Moïse et Élie apparurent dans la gloire ; par Moïse et Élie il est entendu la Parole ; voir ci-dessus, No 48. Le Seigneur comme Parole dans les derniers est aussi décrit par Jean dans l’Apocalypse, I. 13 à 16 ; – Toutes les parties de cette description signifient les derniers du Divin Vrai ou de la Parole. Le Seigneur auparavant avait été il est vrai la Parole, mais dans les Premiers, car il est dit :

 

« Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et cette Parole était Dieu. Elle était au commencement chez Dieu. » – Jean, I. 1, 2, 3.

 

Mais, quand la Parole a été faite Chair, le Seigneur a été fait Parole même dans les derniers ; c’est de là qu’il est appelé le Premier et le Dernier, – Apoc., I. 8, 11, 17. II. 8. XXI. 6. XXII. 12, 13.

99. Par cela même que le Seigneur a été fait aussi Parole dans les derniers, l’état de l’Église a été entièrement changé ; toutes les Églises qui ont existé avant son Avènement ont été des Églises représentatives, qui n’ont pu voir la Vérité Divine que dans l’ombre ; mais après l’Avènement du Seigneur dans le Monde, il a été institué par Lui une Église qui a vu la Vérité Divine dans la lumière : il y a en cela la même différence qu’entre le soir et le matin ; l’état de l’Église avant l’Avènement du Seigneur est aussi appelé le Soir, et l’état de l’Église après son Avènement est appelé le Matin. Avant son Avènement dans le monde, le Seigneur était, à la vérité, présent chez les hommes de l’Église, mais médiatement par le Ciel, mais depuis son Avènement dans le monde il est présent chez les hommes de l’Église immédiatement ; car dans le monde il a revêtu aussi le Divin Naturel dans lequel il est présent chez les hommes : la Glorification du Seigneur est la Glorification de l’Humanité qu’il a prise dans le monde ; et l’Humanité du Seigneur glorifié est le Divin Naturel.

100. Peu de personnes comprennent comment le Seigneur est la Parole, car on pense que le Seigneur par la Parole peut, il est vrai, éclairer et instruire l’homme, et que cependant ce n’est pas une raison pour qu’il puisse être appelé la Parole ; mais qu’on sache que chaque homme est son propre amour, et par suite son propre bien et son propre vrai ; l’homme n’est pas homme par un autre motif et rien autre chose chez lui n’est homme. Par cela même que l’homme est son bien et son vrai, les Anges et les Esprits sont aussi hommes ; car tout bien et tout vrai procédant du Seigneur est homme dans sa forme : or, le Seigneur est le Divin Bien Même et le Divin Vrai Même, ainsi il est l’Homme Même, par qui tout homme est homme. Que tout Divin Bien et tout Divin Vrai dans sa forme soit homme, on le voit dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, No 460, et on le verra plus clairement dans les Ouvrages suivants, qui traiteront de LA SAGESSE ANGÉLIQUE.

 

 

 

 

AVANT LA PAROLE QUI EXISTE AUJOURD’HUI DANS LE MONDE,

IL Y AVAIT UNE PAROLE QUI A ÉTÉ PERDUE.

 

 

101. On peut voir, par ce qui est rapporté dans les livres de Moïse, qu’avant la Parole donnée à la nation Israélite par Moïse et par les Prophètes, le culte par les sacrifices avait été connu et qu’on avait prophétisé par Jéhovah. Que le culte par les sacrifices ait été connu, on le voit par ces passages : « Il fut ordonné aux fils d’Israël de renverser les autels des Nations, de briser leurs statues et de couper leurs bocages. » – Exod., XXXIV. 13. Deutér., VII. 5. XII. 3. – « Israël commença dans Sittim à commettre fornication avec les filles de Moab ; elles appelèrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux, et le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux, et il s’attacha surtout à Bahal-Péhor, et c’est pour cela que la colère de Jéhovah s’enflamma contre Israël. » – Nornb., XXV. 1, 2, 3. – « Balaam, qui était de Syrie, fit construire des Autels, et, sacrifia des bœufs et du bétail. » – Nomb., XXII. 40. XXIII. 1, 2, 14, 29, 30. – Qu’on ait prophétisé aussi par la bouche de Jéhovah, on le voit par les prophéties de Balaam, – Nomb., XXIII. 7 à 10, 18 à 24. XXIV. 3 à 9, 16 à 24. – Il a aussi prophétisé sur le Seigneur, en disant « qu’il sortirait une étoile de Jacob, et un sceptre d’Israël », – Nomb., XXIV. 17 ; – et qu’il ait prophétisé par la bouche de Jéhovah, on le voit, – Nomb., XXII. 13, 18. XXIII. 3, 5, 8, 16, 26. XVIV. 1, 13. – D’après ces passages, il est évident qu’il y a eu chez les Nations un culte divin semblable au culte institué par Moïse chez la Nation Israélite. Que ce culte ait existé même avant le temps d’Abram, cela semble résulter des paroles de Moïse, – Deutér., XXXII. 7, 8 ; – mais cela devient encore plus évident du fait de Melchisédech, Roi de Salem, en ce qu’il présenta du Pain et du Vin, et bénit Abram, et qu’Abram lui donna la dîme de tout, – Gen., XIV. 18 à 20, – et en ce que Melchisédech représentait le Seigneur, car il est appelé Prêtre du Dieu Très-Haut, – Gen., XIV. 18, – et il est dit du Seigneur dans David : « Tu es Sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. » – Ps. CX. 4 ; – c’est pour cela que Melchisédech avait présenté le Pain et le Vin, comme choses saintes de l’Église, de même qu’ils le sont dans le Sacrement de la Cène ; et qu’il a pu bénir Abram, et qu’Abram lui a donné la dîme de tout.

102. La Parole chez les Anciens avait été écrite par de pures Correspondances ; mais cette Parole a été perdue. C’est ce qui m’a été rapporté par les Anges du Ciel. Ils m’ont dit que cette Parole était conservée chez eux et qu’elle était en usage dans le Ciel des Anciens parmi ceux qui l’avaient possédée lorsqu’ils vivaient dans le monde. Ces Anciens, chez qui cette Parole est encore en usage dans le Ciel, avaient pour la plupart habité la terre de Canaan, et les contrées environnantes, telles que la Syrie, la Mésopotamie, l’Arabie, la Chaldée, l’Assyrie, l’Égypte, Sidon, Tyr et Ninive, Royaumes dont les habitants avaient été dans le culte représentatif et par suite dans la Science des Correspondances ; la sagesse de ce temps venait de cette Science, et par elle ils avaient une perception intérieure et une communication avec les Cieux. Ceux qui connaissaient intérieurement les correspondances de cette Parole ont été appelés Sages et Intelligents, et plus tard Devins et Mages. Mais comme cette Parole était remplie de ces Correspondances, qui signifiaient d’une manière éloignée les célestes et les spirituels, et qu’en raison de cela elle avait commencé à être falsifiée par plusieurs, la Divine Providence du Seigneur la fit disparaître avec le temps, et enfin elle se perdit ; et une autre Parole, écrite par des correspondances moins éloignées, fut donnée, et cela, par les Prophètes, chez les fils d’Israël. Cependant dans cette Parole ont été retenus plusieurs noms de lieux, qui sont dans la terre de Canaan et dans ses environs en Asie, noms qui ont conservé la signification qu’ils avaient dans l’ancienne Parole. C’est pour cela qu’Abram reçut ordre d’aller dans cette terre, et que sa postérité issue de Jacob y fut introduite.

103. On voit aussi par les écrits de Moïse qu’il y eut une Parole chez les Anciens. Moïse l’a nommée et il en a donné des extraits, – Nomb., XXI. Vers. 14, 15, 27 à 30 ; – et on y voit que les Historiques de cette Parole étaient appelés LES GUERRES DE JÉHOVAH, et les Prophétiques, LES ÉNONCÉS. Moïse emprunte le passage qui suit aux Historiques de cette Parole.

 

« C’est pourquoi il est dit dans le LIVRE DES GUERRES DE JÉHOVAH : Vaheb en Suphah, et les torrents d’Arnon, et le cours des torrents qui tend vers le lieu où Har est située et qui se rend aux frontières de Moab. » – Nomb., XXI. 14, 15.

 

Par les Guerres de Jéhovah, dans cette Parole comme dans la nôtre, ont été entendus et décrits les Combats du Seigneur contre l’Enfer et les Victoires qu’il remporterait sur l’Enfer, quand il viendrait dans le monde : les mêmes combats sont aussi entendus et décrits en beaucoup d’endroits dans les Historiques de notre Parole, comme dans les Guerres de Josué contre les nations de la terre de Canaan, et dans les Guerres des Juges et des Rois d’Israël. Moïse emprunte aux Prophétiques de cette Parole les passages suivants :

 

« C’est pourquoi disent les ÉNONCIATEURS : Entrez à Hesçbon ; la ville de Sihon sera bâtie et affermie ; car un feu est sorti de Hesçbon ; une flamme, de la ville de Sihon ; elle a dévoré Har de Moab, les possesseurs des hauteurs d’Arnon. Malheur à toi, Moab ! tu as péri, peuple de Kémos ; il a donné en captivité au roi Amorrhéen en Sihon ses fils qui se sauvaient et ses filles ; à coups de flèches nous les avons défaits ; elle a péri, Hesçbon, jusqu’à Dibon ; et nous avons dévasté jusqu’à Nophah, qui s’étend jusqu’à Médéba. » – Nomb., XXI. 27, 28, 29, 30.

 

Les Traducteurs écrivent COMPOSITEURS DE PROVERBES, mais ils faut dire ÉNONCIATEURS ou ÉNONCÉS PROPHÉTIQUES, comme on peut le voir par la signification du mot MOSCHALIM dans la langue Hébraïque, qui ne signifie pas seulement des Proverbes, mais aussi des Énoncés Prophétiques, ainsi qu’il résulte des Nomb. XXIII. 7, 18 ; XXIV. 3, 15, où il est dit que Balaam prononça SON ÉNONCÉ, qui était Prophétique, et qui concernait le Seigneur ; là, son énoncé est nommé Maschal au singulier ; il faut ajouter que les passages qui en ont été pris par Moïse sont des Prophétiques et non des Proverbes. Que cette Parole ait été également Divine ou Divinement inspirée, cela résulte clairement des paroles presque semblables qu’on lit dans Jérémie :

 

« Un feu est sorti de Hesçbon, et une flamme d’entre Sihon ; elle a dévoré l’angle de Moab, et le sommet des fils de tumulte. Malheur à toi, Moab ! le peuple de Kémos a péri ; car tes fils et tes filles ont été enlevés en captivité. » – Jérém., XLVIII. 45, 46.

 

En outre, un Livre Prophétique de l’Ancienne Parole, appelé livre de Jaschar, ou Livre du Juste, est nommé par David et par Josué ; par David :

 

« David prononça une lamentation sur Saül et sur Jonathan, et il l’inscrivit pour enseigner l’arc aux fils de Juda ; voici, (elle est) écrite dans le Livre de Jaschar. » – II. Samuel. I. 17. 18.

 

Et par Josué :

 

« Josué dit : Soleil, repose en Gabaon et (toi) Lune, dans la vallée d’Ajalon, cela n’est-il pas écrit dans le Livre de Jaschar ? » – Josué, X. 12, 13.

 

De plus, il m’a été dit que les sept premiers Chapitres de la Genèse étaient dans cette Ancienne Parole, et qu’il n’y manque pas le moindre mot.

 

 

 

 

PAR LA PAROLE, LA LUMIÈRE EST MÊME COMMUNIQUÉE

À CEUX QUI SONT HORS DE L’ÉGLISE ET QUI N’ONT PAS LA PAROLE.

 

 

104. Il n’y a point de conjonction possible avec le Ciel, s’il n’y a quelque part sur la Terre une Église qui soit en possession de la Parole, et qui par elle connaisse le Seigneur ; car le Seigneur est le Dieu du Ciel et de la Terre, et sans le Seigneur point de salut. Il suffit qu’il y ait une Église en possession de la Parole, quand bien même elle serait relativement composée d’un petit nombre ; par là néanmoins le Seigneur est partout présent sur tout le globe, car par là le Ciel est conjoint au Genre Humain ; que la conjonction existe par la Parole, on le voit ci-dessus, Nos 62 à 69.

105. Il va être dit comment par la Parole il y a présence et conjonction du Seigneur et du Ciel dans toutes les terres. Le Ciel tout entier, en présence du Seigneur, est comme un seul Homme, pareillement l’Église ; que le Ciel et l’Église apparaissent même en réalité comme un Homme, on le voit dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 59 à 87. Dans cet Homme, l’Église où la Parole est lue et où par Elle le Seigneur est connu, est comme le CŒUR et comme le POUMON, le Royaume céleste est comme le Cœur, et le Royaume spirituel comme le Poumon. De même que dans le Corps Humain toutes les autres choses, Membres et Viscères, subsistent et vivent d’après ces deux sources de la vie, de même aussi tous les habitants du Globe qui ont une religion, qui adorent un seul Dieu et vivent bien, et qui par là sont dans cet Homme, et ont leur rapport avec les Membres et les Viscères en dehors du Thorax où sont le Cœur et le Poumon, subsistent et vivent d’après la conjonction du Seigneur et du Ciel par la Parole avec l’Église ; car la Parole dans l’Église, bien que l’Église soit chez un petit nombre relativement, transmet chez tous les autres la vie procédant du Seigneur par le Ciel, comme le cœur et le poumon transmettent la vie aux membres et aux viscères de tout le corps ; la communication aussi est pareille. C’est même pour cela que les Chrétiens, chez lesquels la Parole est lue, constituent la Poitrine de cet Homme : aussi sont-ils au centre de tous ; autour d’eux sont les Catholiques-Romains, et autour de ceux-ci les Mahométans qui reconnaissent le Seigneur comme Très-Grand Prophète et comme Fils de Dieu ; après eux viennent les Africains, et la dernière circonférence est formée par les Nations et par les Peuples de l’Asie et des Indes ; sur cette Ordination, voir quelques détails dans l’Opuscule sur le JUGEMENT DERNIER, No 48. Tous ceux qui sont dans cet Homme regardent aussi vers le Milieu où sont les Chrétiens.

106. Dans le Milieu, où sont les Chrétiens qui ont la Parole, la Lumière est la plus grande ; en effet, dans les Cieux, la Lumière est le Divin Vrai qui procède, là, du Seigneur comme Soleil ; et comme la Parole est ce Divin Vrai, la Lumière la plus grande est où sont ceux qui ont la Parole. De là, comme de son Centre, la lumière se propage à l’entour de toutes les périphéries jusqu’à la dernière : de là vient aussi que les Nations et les Peuples hors de l’Église sont éclairés par la Parole. On voit dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 126 à 140, que la lumière, dans les Cieux, est le Divin Vrai procédant du Seigneur, et que cette Lumière donne l’intelligence, non seulement aux Anges, mais aussi aux hommes.

107. Qu’il en soit ainsi dans le Ciel tout entier, on peut le conclure de ce qu’il en est de même dans chaque société du Ciel, car chaque société du Ciel est un Ciel dans une forme plus petite, et elle est aussi comme un Homme ; on peut voir qu’il en est ainsi dans le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 41 à 87. Dans toute Société du Ciel, ceux qui sont au milieu ont pareillement leur rapport avec le Cœur et le Poumon, et chez eux il y a la plus grande lumière ; la Lumière elle-même, et par suite la Perception du vrai, se répandent de ce milieu vers les périphéries de tout côté, ainsi vers tous ceux qui sont dans la Société, et elles font leur vie spirituelle. Il m’a été montré que, quand ceux qui étaient au milieu et constituaient la province du Cœur et des Poumons, et chez qui il y avait la plus grande Lumière, étaient ôtés de là, ceux qui étaient alentour se trouvaient dans l’ombre, et ils étaient alors dans une si faible perception du vrai, qu’elle existait à peine ; mais dès que ceux du centre revenaient, ceux d’alentour voyaient la Lumière et avaient la Perception du vrai comme auparavant.

108. Cela peut aussi être mis en lumière par cette expérience : Il y avait chez moi des Esprits africains de l’Abyssinie ; un jour, leurs oreilles furent ouvertes pour qu’ils entendissent chanter dans un Temple du Monde un Psaume de David ; ils étaient si délicieusement affectés, qu’ils joignaient leur voix à celles des personnes qui chantaient : peu après, leurs oreilles furent fermées pour qu’ils n’entendissent plus rien ; mais alors ils furent encore plus délicieusement affectés, parce que leur plaisir était spirituel ; et ils furent en même temps remplis d’intelligence, parce que ce Psaume traitait du Seigneur et de la Rédemption : la cause de cette augmentation de délices venait de ce qu’il leur avait été donné communication avec la Société qui, dans le Ciel, était en conjonction avec ceux qui chantaient ce Psaume dans le Monde. Cette expérience et plusieurs autres me prouvèrent qu’il y a par la Parole communication avec le Ciel tout entier. C’est pour cette raison que, par la Divine Providence du Seigneur, les Royaumes de l’Europe, et principalement ceux où la Parole est lue, sont en relations universelles avec les Nations qui sont hors de l’Église.

109. On peut faire une comparaison avec la chaleur et la lumière du Soleil du monde qui donnent la végétation aux arbres et aux arbustes, même à ceux qui sont sur les côtés et à ceux qui se trouvent sous un nuage, pourvu que le Soleil soit levé et paraisse dans le monde. Il en est de même de la Lumière et de la Chaleur du Ciel procédant du Seigneur comme Soleil ; cette Lumière est le Divin Vrai, d’où les Anges et les hommes tirent toute intelligence et toute sagesse ; aussi est-il dit, au sujet de la Parole, qu’elle était chez Dieu et qu’elle était Dieu ; qu’elle éclaire tout homme venant au Monde, – Jean, I. 1, 9 ; – et que cette Lumière luit aussi dans les ténèbres, – Vers. 5.

110. D’après cela, on peut voir que la Parole, qui est dans l’Église des Réformés, éclaire toutes les Nations et tous les Peuples par une communication spirituelle ; et qu’en outre il est pourvu par le Seigneur à ce qu’il y ait toujours sur la Terre une Église où la Parole soit lue, et où par elle le Seigneur soit connu. C’est pourquoi, lorsque la Parole eut été presque rejetée par les Catholiques-Romains, la Réformation a été faite par l’intervention de la Divine Providence du Seigneur, et par suite la Parole fut reçue de nouveau : il fut aussi pourvu à ce que la Parole fût considérée comme Sainte par une Noble nation parmi les Catholiques-Romains.

111. Comme il ne peut y avoir, sans la Parole, aucune connaissance du Seigneur, ni par conséquent aucun salut, c’est pour cela que, lorsque la Parole eut été entièrement falsifiée et adultérée chez la Nation Juive, et rendue par suite presque nulle, il plut alors au Seigneur de descendre du Ciel, et de venir dans le monde, et d’accomplir la Parole, et ainsi de la réintégrer et de la rétablir, et de donner de nouveau la lumière aux habitants de la terre, selon ces paroles du Seigneur :

 

« Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et la lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort. » – Matth., IV. 16. – Ésaïe, IX., 1.

 

112. Comme il a été prédit qu’à la fin de cette Église il s’élèverait aussi des ténèbres parce que ses membres ne connaissaient et ne reconnaissaient pas que le Seigneur est le Dieu du Ciel et de la Terre, et parce qu’ils séparaient la foi d’avec la charité, en conséquence, pour que l’entendement réel de la Parole ne pérît pas, il a plu au Seigneur de révéler maintenant le Sens spirituel de la Parole, et de montrer clairement que la Parole, dans ce sens, et, d’après ce sens, dans le sens naturel, traite du Seigneur et de l’Église, et même ne traite que du Seigneur et de l’Église, et de révéler plusieurs autres choses, par le moyen desquelles la Lumière presque éteinte du vrai procédant de la Parole puisse être rétablie. Que la lumière du vrai à la fin de cette Église serait presque éteinte, cela est prédit dans beaucoup de passages de l’Apocalypse, et est entendu aussi par ces paroles du Seigneur dans Matthieu :

 

« Aussitôt après l’affliction de ces jours-là, le Soleil sera obscurci, et la Lune ne donnera point sa clarté, et les étoiles tomberont du Ciel, et les Puissances des Cieux seront ébranlées, et alors les tribus de la terre verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du Ciel avec gloire et puissance. » – Matth., XXIV. 29, 30.

 

Là, par le Soleil est entendu le Seigneur quant à l’amour ; par la Lune, le Seigneur quant à la foi ; par les Étoiles, le Seigneur quant aux connaissances du bien et du vrai ; par le Fils de l’homme, le Seigneur quant à la Parole ; par la Nuée, le Sens de la lettre de la Parole ; et par la Gloire, le Sens spirituel et sa transparence dans le sens de la lettre.

113. Il m’a été donné, par de nombreuses expériences, de savoir que par la Parole l’homme a communication avec le Ciel : Pendant que je lisais attentivement la Parole depuis le premier Chapitre d’Ésaïe jusqu’au dernier de Malachie, et les Psaumes de David, il m’a été donné de percevoir clairement que chaque verset communiquait avec quelque Société du Ciel, et qu’ainsi toute la Parole communiquait avec tout le Ciel.

 

 

 

 

S’IL N’Y AVAIT PAS UNE PAROLE, PERSONNE NE SAURAIT

QU’IL Y A UN DIEU, UN CIEL ET UN ENFER, UNE VIE APRÈS LA MORT,

ET PERSONNE À PLUS FORTE RAISON NE CONNAÎTRAIT LE SEIGNEUR.

 

 

114. Ceci résulte, comme Conclusion générale, de tout ce qui a été dit et expliqué jusqu’ici, à savoir, que la Parole est le Divin Vrai même, Nos 1 à 4. Que la Parole est le moyen de conjonction avec les Anges du Ciel, Nos 62 à 69. Que partout dans la Parole il y a le mariage du Seigneur et de l’Église, et par suite le mariage du bien et du vrai, Nos 80 à 89. Que tel est l’entendement de la Parole chez l’homme de l’Église, telle est l’Église chez lui, Nos 76 à 79. Que la Parole est aussi dans les Cieux, et que c’est par elle que les Anges ont la sagesse, Nos 70 à 75. Que par la Parole il y a aussi lumière spirituelle pour les nations et les peuples qui sont hors de l’Église, Nos 104 à 113, etc. De là on peut conclure que, sans la Parole, personne ne peut avoir l’intelligence spirituelle qui consiste à savoir qu’il y a un Dieu, un Ciel et un Enfer, et une Vie après la mort ; et que sans elle on ne peut absolument rien savoir sur le Seigneur, sur la foi et l’amour envers Lui, ni par conséquent rien savoir sur la Rédemption, de laquelle cependant vient le salut. Le Seigneur dit aussi à ses disciples :

 

« Sans Moi vous ne pouvez rien faire. » – Jean ; XV. 5.

 

Et Jean dit :

 

« L’homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il ne lui ait été donné du Ciel. » – Jean, III. 27.

 

115. Comme il y a des gens qui ont arrêté et confirmé en eux-mêmes que l’homme pouvait, sans la Parole, connaître l’existence de Dieu, et aussi celle du Ciel et de l’Enfer, et quelques-unes des autres choses que la Parole enseigne, et comme ces hommes affaiblissent par là l’autorité et la sainteté de la Parole, sinon de bouche, du moins de cœur, on ne peut pas se servir de la Parole pour discuter avec eux, mais il faut recourir à la lumière rationnelle, car ils croient, non pas à la Parole, mais à eux-mêmes. Faites des recherches d’après la lumière rationnelle, et vous trouverez qu’il y a chez l’homme deux facultés de la vie, qui sont appelées Entendement et Volonté, que l’Entendement a été soumis à la Volonté, et non la Volonté à l’Entendement ; car l’Entendement ne fait qu’enseigner et montrer le chemin. Faites encore des recherches, et vous trouverez que la Volonté de l’homme est son propre, et que ce propre considéré en lui-même est purement le mal, et que de là vient le faux dans l’Entendement. Quand vous aurez trouvé cela, vous verrez que de lui-même l’homme ne veut comprendre autre chose que ce qui procède du propre de sa Volonté, et que même il ne peut comprendre autre chose, s’il ne l’apprend d’autre part : l’homme d’après le propre de sa volonté ne veut comprendre autre chose que ce qui le concerne lui et le monde ; tout ce qui est au-dessus est pour lui dans l’obscurité ; par exemple, quand il voit le soleil, la lune et les étoiles, si, par aventure, il réfléchissait alors sur leur origine, pourrait-il ne pas penser que ces astres existent par eux-mêmes ? Aurait-il des pensées plus élevées que celles de plusieurs Savants du monde, qui, quoiqu’ils sachent d’après la Parole que la Création de toutes choses est due à Dieu, l’attribuent cependant à la Nature ? Qu’auraient donc pensé ces Savants, s’ils n’eussent rien su d’après la Parole ? Croyez-vous que les anciens Sages, et Aristote, Cicéron, Sénèque et autres, qui ont écrit sur Dieu et sur l’Immortalité de l’âme, aient tiré de leur propre leurs premières idées sur ces sujets ? Non, mais ils les ont puisées chez d’autres, lesquels les avaient reçues par tradition de ceux qui les avaient primitivement connues par (l’Ancienne) Parole. Ceux qui écrivent sur la Théologie naturelle ne tirent pas non plus d’eux-mêmes rien de semblable, mais ils confirment seulement par les rationnels ce qu’ils savent par l’Église dans laquelle est la Parole ; et parmi eux il peut y en avoir qui confirment, et cependant ne croient pas.

116. Il m’a été donné de voir des peuples, nés dans des îles, et rationnels quant aux choses civiles, lesquels n’avaient aucune connaissance sur Dieu ; ceux-là, dans le Monde Spirituel, apparaissent comme des singes, et ont une vie à peu près semblable à celle de ces animaux ; mais comme ils sont nés hommes, et sont par suite dans la faculté de recevoir la vie spirituelle, ils sont instruits par les Anges et sont vivifiés par les connaissances qu’ils acquièrent sur le Seigneur comme Homme. Ce qu’est l’homme par lui-même, on le voit avec évidence d’après ceux qui sont dans l’Enfer, parmi lesquels se trouvent aussi quelques Prélats et quelques Savants qui ne veulent pas même entendre parler de Dieu, et qui pour cette raison ne peuvent pas prononcer le mot Dieu ; je les ai vus, et je me suis entretenu avec eux ; je me suis aussi entretenu avec ceux qui entraient dans une ardente colère et s’emportaient lorsqu’ils entendaient quelqu’un parler de Dieu. Considérez donc quel serait l’homme qui n’aurait jamais entendu parler de Dieu, lorsqu’il en est qui ont parlé de Dieu, écrit au sujet de Dieu, et prêché sur Dieu et qui se comportent ainsi ; il y en a plusieurs qui sont tels parmi les Jésuites. S’ils sont tels, c’est à cause de leur volonté qui est mauvaise ; et celle-ci, comme il a été dit précédemment, conduit l’entendement, et enlève le vrai qui s’y trouve par la Parole. Si l’homme avait pu par lui-même savoir qu’il y a un Dieu, et une vie après la mort, pourquoi ignorerait-il que l’homme est homme après la mort ? pourquoi croit-il que son âme ou son esprit est comme le vent ou comme l’éther, et que cette âme ou cet esprit ne voit pas par les yeux, n’entend pas par les oreilles et ne parle pas par la bouche, avant d’avoir été conjoint et uni avec son cadavre et avec son squelette ? Supposez donc une Doctrine pour le culte tirée de la seule clarté rationnelle, ne consisterait-elle pas en ce que l’homme se rendrait un culte à lui-même, comme il est arrivé dans les temps passés, et comme il arrive aujourd’hui à ceux qui savent d’après la Parole que Dieu seul doit être adoré ? Nul autre culte ne peut provenir du propre de l’homme, pas même le culte du soleil et de la lune.

117. Si depuis les temps les plus anciens il y a eu une Religion, et si les Habitants du globe ont eu partout des connaissances sur Dieu et quelques notions de la vie après la mort, ce ne fut pas d’après eux-mêmes, ni par leur propre pénétration, mais d’après l’Ancienne Parole dont il a été question ci-dessus, Nos 101 à 103, et ensuite d’après la Parole Israélite : c’est de ces deux Paroles que les notions religieuses se sont répandues dans les Indes et dans leurs îles, et par l’Égypte et l’Éthiopie dans les Royaumes de l’Afrique, et par les côtes maritimes de l’Asie dans la Grèce, et de là en Italie. Mais comme la Parole n’a pu être écrite autrement que par des Représentatifs, qui sont des choses de ce monde, lesquelles correspondent aux choses célestes, et par suite les signifient, il en est résulté que les notions religieuses de plusieurs Nations ont été changées en idolâtries, et dans la Grèce en fables, et les Attributs Divins et les Propriétés Divines en autant de Dieux gouvernés par une Déité Suprême qu’on nomma Jupiter (Jovem), mot dérivé de Jéhovah : que les nations aient eu connaissance du Paradis, du Déluge, du Feu sacré, des quatre Âges, à commencer par l’âge d’or jusqu’au dernier, l’âge de fer, par lesquels, dans la Parole, sont signifiés les quatre états de l’Église, comme dans Daniel, Chap. II, Vers. 31 à 35, cela est bien connu. Que la Religiosité Mahométane, qui s’établit ensuite et qui détruisit les Religiosités précédentes de plusieurs nations, ait été tirée de la Parole des Deux Testaments, cela est bien connu aussi.

118. En dernier lieu, je dirai quel est, après la mort, l’état de ceux qui attribuent tout à la propre intelligence, et peu de chose à la Parole, si toutefois ils lui accordent quelque chose ; d’abord ils deviennent comme ivres, ensuite comme fous, et enfin ils tombent dans la stupidité, et restent assis dans des lieux obscurs. Qu’on se garde donc d’une pareille aberration.

 

 

 

 

FIN

 

 

 

 

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

 

 

L’Écriture sainte ou la parole est le divin vrai même.

Dans la parole il y a un sens spirituel ignoré jusqu’à présent.

Le sens de la lettre de la parole est la base, le contenant et le soutien de son sens spirituel et de son sens céleste.

Le divin vrai, dans le sens de la lettre de la parole, est dans sa plénitude, dans sa sainteté et dans sa puissance.

La doctrine de l’Église doit être puisée dans le sens de la lettre de la parole, et être confirmée par ce sens.

Par le sens de la lettre de la parole, il y a conjonction avec le Seigneur et association avec les anges.

Dans tous les cieux, il y a la parole, et par suite il y a la sagesse angélique.

L’existence de l’Église vient de la parole et sa qualité est en raison de son entendement de la parole.

Dans chaque chose de la parole il y a le mariage du Seigneur et de l’Église, et par suite le mariage du bien et du vrai.

Des hérésies peuvent être tirées du sens de la lettre de la parole, mais les confirmer est dangereux.

Le Seigneur est venu dans le monde pour accomplir tout ce que renferme la parole et pour devenir par là le divin vrai ou la parole, même dans les derniers.

Avant la Parole qui existe aujourd’hui dans le monde, il y avait une Parole qui a été perdue.

Par la Parole, la Lumière est même communiquée à ceux qui sont hors de l’Église et qui n’ont pas la Parole.

S’il n’y avait pas une Parole, personne ne saurait qu’il y a un Dieu, un ciel et un enfer, une vie après la mort, et personne à plus forte raison ne connaîtrait le Seigneur.

 

 

 



1 Les Cieux consistent en deux Royaumes, dont l’un est appelé Royaume Céleste et l’autre Royaume Spirituel. Voir le Traité DU CIEL ET DE L’ENFER, Nos 20 à 28.

 

 

 

 

 

 

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