Tu m’apparais souvent...

 

 

Tu m’apparais souvent, quand mon cœur attristé

Sur l’abîme des jours avec douleur se penche ;

Tu m’apparais, le front couronné de pervenche,

Ô bel ange du ciel, hélas, trop redouté !

 

Ton œil bleu resplendit d’un éclat velouté

Qui promet un bonheur où toute soif s’étanche,

Et je vois rayonner ta lèvre pâle et blanche

D’un sourire profond comme l’éternité.

 

L’homme n’a fait de toi qu’une affreuse merveille ;

Il te croit dure et froide, il te croit laide et vieille ;

Il cache tes attraits sous un spectre trompeur ;

 

Tes saintes voluptés, il les change en souffrance ;

Ta voix mélancolique et douce, il en a peur ;

Il t’appelle la Mort : – Ton nom est l’Espérance !

 

                                                           20 mars 1849.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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