Lorsque l’âpre mineur...

 

 

Lorsque l’âpre mineur pénètre, avec la sonde

Dans un sol où jamais les moissons n’ont mûri,

À son vaillant labeur l’espoir eût-il souri,

La première eau qui sort est un liquide immonde.

 

Lui, sans se rebuter, dans la couche profonde

Il pousse plus avant, et du terrain meurtri

Fait jaillir, sous l’effort de son bras aguerri,

Le jet pur et brillant d’une source féconde.

 

Ainsi quand la douleur, rude et sombre ouvrier,

Enfonce en nous son glaive à la pointe d’acier,

Le flot en bouillonnant s’échappe, noir de fange ;

 

Mais que le fer traverse encor ce dur milieu,

L’onde coule à pleins bords, limpide et sans mélange ;

Car l’aiguillon, sous l’homme, a creusé jusqu’à Dieu !

 

                                                            21 janvier 1861.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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