Le vieux cahier

 

 

J’ai gardé d’elle, ainsi qu’une exquise relique,

Un des premiers cahiers qu’elle écrivait enfant :

Son souvenir y dort, tendre et mélancolique.

C’est un livre sorti de l’ombre d’un couvent.

 

C’est un cours tout entier d’histoire, écrit devant

Un crucifix, et fait par un bon catholique,

Où, depuis Pharamond jusqu’à la République,

Chacun se voit jugé d’un petit ton savant.

 

Ah ! vous ne saurez pas, je ne veux pas vous dire

Combien je suis heureux de me prendre à relire

Dans ces récits naïfs mes rêves enfermés,

 

Combien j’en sais par cœur jusqu’aux moindres passages,

Et combien mes baisers ont suivi, dans ces pages,

Tous les mots qu’ont tracés ses petits doigts aimés !

 

 

 

Jules d’AURIAC.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

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