Nocturne

 

 

Ce n’est pas pour nous qu’elle a fait silence,

Ce n’est pas pour nous qu’elle est lourde et dense,

La calme nuit claire où tremble ta voix.

 

Il est transparent l’azur qui te voile.

Ô cher mort, parmi des clartés d’étoile

Ton sourire flotte et je te revois.

 

Oh ! non, ce n’est pas pour nous qu’elle est close

La chapelle blanche où l’ami repose;

Ce n’est pas pour nous, ce n’est pas pour nous.

 

La porte d’ivoire est ouverte encore :

La voûte muette est toujours sonore;

La Prière encore y veille à genoux.

 

L’Automne en sourdine au loin psalmodie.

La chapelle où va mon rêve irradie :

La lampe votive y brûle toujours.

 

D’où vient ce soupir de musique tendre ?

D’où viennent ces pas qui semblent descendre

Par quelque escalier léger de velours ?

 

Dans l’ombre, une main pieuse balance

L’encensoir d’argent, et, dans le silence,

J’entends une voix répondre à ma voix.

 

La chapelle d’or que l’hysope asperge,

S’emplit de clartés tremblantes de cierge,

Ton sourire flotte et je te revois.

 

 

 

Nérée BEAUCHEMIN, Les floraisons matutinales, 1897.

 

 

 

 

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