Hymne au Soleil

 

 

Soleil ! dispensateur de la vie éphémère,

Flambeau mystérieux des sombres infinis,

Creuset inépuisable ou fuse la lumière,

Toi par qui tout commence et meurt, – je te bénis !

 

Des siècles a passé la cohorte éperdue,

Feuilles qu’un souffle chasse en épars tourbillons,

Et tu verses encor par delà l’étendue,

Monarque de l’azur, ta gloire et tes rayons.

 

Dans leurs cercles étroits s’agitent les planètes

Que fascine l’éclat de tes lourdes splendeurs ;

Elles sont ta poussière, et c’est toi qui les jettes

Et les tiens en suspens au bord des profondeurs.

 

Et pendant que Véga sur sa Lyre étoilée

Charme de ses accords les espaces sans fond,

Et pendant qu’Altaïr prend sa fière envolée

Dans la blancheur que par milliards les globes font ;

 

Pendant que Sirius, de son éclat multiple,

Brille, dans le lointain, sur nos pâles hivers,

Toi, Soleil, à la fois le maître et le disciple,

Tu vas draper l’aurore aux murs de l’univers.

 

Chacun de tes rayons est un faisceau de vie,

Chacun de tes rayons est une âme qui naît :

Ta flamme crée, elle ranime ou vivifie

Et c’est par toi qu’on pense et c’est par toi qu’on est.

 

C’est par toi que le cœur humain bat et qu’il aime,

Cœur du monde, qui fait dans les mondes germer

Les blés aux cheveux d’or, les aubes au front blême,

Tous ces divins décors qui nous disent d’aimer.

 

C’est par toi que l’espoir, comme un vin vieux, crépite

Et que la liberté mousse dans nos cerveaux,

Soleil; et c’est par toi que l’on se précipite

Aveuglément, jouet du sort, vers les tombeaux.

 

Car de vivre sans trêve au sein de ta lumière,

D’aspirer constamment vers ton divin foyer,

L’âme ne peut rester loin de toi prisonnière

Elle s’élance – et dans ton sein va se noyer.

 

Je te bénis, toi qui demeures quand tout passe !

Je te bénis, miroir de la Divinité !

Incessamment, transporte aux confins des espaces

L’amour de Sa Grandeur, l’amour de Sa Clarté.

 

 

 

Germain BEAULIEU.

 

 

 

 

 

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