Les hirondelles

 

 

     Les noires hirondelles reviendront

Suspendre à ta fenêtre leurs doux nids

Et de nouveau, de l’aile, dans leurs jeux,

          Frapperont à ta vitre.

 

     Mais celles qui volaient plus doucement

Pour mieux voir ta beauté et mon bonheur,

Celles qui surent ton nom et le mien,

          Non, ne reviendront plus.

 

     Le chèvrefeuille en touffes reviendra

Escalader les murs de ton jardin

Et de nouveau, le soir, encor plus belles,

          Les fleurs en écloront.

 

     Mais celles dont nous regardions les gouttes

De la rosée qui les comblait trembler

Et s’écouler comme larmes du jour,

          Non, ne reviendront plus.

 

     Les accents de l’amour, à tes oreilles,

Reviendront faire leur ardent murmure ;

De son profond sommeil ton cœur peut-être,

          Ton cœur s’éveillera.

 

     Mais, en suspens, muet, agenouillé,

Comme on adore Dieu devant l’autel,

Comme je t’ai aimée, détrompe-toi,

          On ne t’aimera plus.

 

 

 

Gustavo Adolfo BÉCQUER, Rimes.

 

Traduit par Mathilde Pomès.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie espagnole, Stock, 1957.

 

 

 

 

 

 

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