Le soir dans une église

 

 

Elle se baisse jusqu’à moi

et me visite la nuit.

                                Young, Nuit I.

 

 

Tout dort, mais au fond de l’hospice

Une lampe veille sans fin

Devant l’autel de Saint-Sulpice

Comme le brûlant séraphin.

 

Un pâle rayon dans l’enceinte

À l’ombre est venu déposer

Sur tes beaux yeux, ô vierge sainte,

Un mélancolique baiser.

 

Cloître pieux et où jamais l’heure

Ne mesure que la paix des jours,

Où jamais le mourant ne pleure

Près de s’endormir pour toujours.

 

Que n’ai-je, au sortir de l’enfance,

Pur encore, et sans repentir,

Du ciel imploré la défense,

Vécu saint et souffert martyr !

 

Que d’espérances éphémères

Qui trompent encore mon esprit,

Combien de désirs, de chimères

J’aurais absorbés dans le Christ !

 

 

 

Aloysius BERTRAND,

Vers et contes épars,

Choix de textes

et présentation :

Thierry Bissonnette

et Luc Bonenfant,

Éditions Nota Bene, 2002.

 

 

 

 

 

 

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