Épithalame

 

À L’OCCASION

DU MARIAGE DE MADEMOISELLE BLANCHE VERGÈS DE RICAUDY

AVEC MONSIEUR EDMOND DONNEZAN

 

 

 

L’ÉPOUX

 

Qu’elle soit à jamais bénie, l’heure où, le cœur enlacé, nous nous sommes donné l’un à l’autre, touchés d’amour, le oui qui a lié notre vie. Mais, ô ma douce et chère colombe, que signifie ton regard muet ? pourquoi me refuses-tu ton joli sourire ? Et pourquoi ne pas mêler tes chats aux miens ?

 

 

L’ÉPOUSE

 

Pardonne, ami, je rêvais... Les cloches de Saint-Jean ne carillonnent donc plus ? Je pensais, je pensais à mon immense bonheur. Heures de joie, comme vous allez vite ! L’anneau que tu m’as mis au doigt me verse ton amour avec ses rayons : tu y verras toujours écrit mon serment éternel.

 

 

L’ÉPOUX

 

La perle brillante et choisie qui faisait envie au roi Salomon ; la femme forte et d’un si haut prix, sage en action et en paroles ; le baume qui endort les peines ; la fleur qui émerveille par sa couleur ; le lien de douces chaînes : j’ai tout trouvé en toi, ô mon riche trésor !

 

 

L’ÉPOUSE

 

Tu es l’étoile qui me guide, la lumière de mes yeux charmés ; la source de ma pure allégresse, et le ciel de ma félicité : comme le lierre qui grimpe en s’accrochant à l’arbre altier et luxuriant, je me suis suspendue à ton cou, et tu me vois gentille et amoureuse, mon doux époux.

 

 

L’ÉPOUX

 

Lorsque, attristée, ma vue se mire en ton regard où rit le soleil, ton sourire me ranime... et mon esprit prend un nouvel essor. Et s’il arrive que le courage me manque, si le long de mes joues coulent des pleurs, ton baiser les essuie infailliblement, et tes chants angéliques apaisent mes douleurs.

 

 

L’ÉPOUSE

 

Oh ! laisse-moi rêver endormie ! vivre en extase de toi ! Ma bouche crie à tous avec lièvre : – Personne n’a éprouvé une joie comme la mienne ! je puis bien me comparer à la Sulamite, chère au cœur de l’unique aimé : Filles de Sion, célébrez sans réserve, d’une voix claire, mon sort fortuné !

 

 

DUO

 

L’ÉPOUX

 

Reine adorée, aimable joyau, allons prier ensemble à l’autel. Comme en ce jour où nous nous sommes donné avec allégresse le oui sacré ; nous emporterons au ciel, avec une ardeur toujours nouvelle, notre promesse et notre tendresse réciproques.

 

L’ÉPOUSE

 

Je veux proclamer avec amour la foi sacrée que je viens de te donner. À longs traits, j’ai puisé près de toi, ô chère âme, la pureté d’un amour fidèle et la douceur de ruisseaux de miel.

 

 

PRIÈRE

 

L’ÉPOUX

 

Cette fleur d’un parfum si pénétrant, que tu as créée pour moi, ô mon Dieu, laisse-la moi sentir sans trouble jusqu’à la fin de ma vie.

 

L’ÉPOUSE

 

Ce cœur que je verrai toujours s’ouvrir amoureusement avec une nouvelle constance, ô Dieu, je te le demande instamment, avec lui je veux vivre, avec lui mourir !

 

 

Joseph BONAFONT.

 

Traduit du catalan par Jean Amade.

 

Recueilli dans Anthologie catalane (1re série : Les poètes roussillonnais),

avec Introduction, Bibliographie, Traduction française et Notes

par Jean Amade, agrégé de l’Université, professeur au Lycée

de Montpellier, 1908.

 

 

 

 

 

 

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