Premier enfant

 

 

Le front de tous les deux reflétait la jeunesse :

Elle, sur Lui, versait un long regard d’amour.

Lui, l’en récompensait d’un baiser plein d’ivresse ;

Le sourire habitait leurs lèvres tout le jour.

 

Il semblait cependant qu’un voile de tristesse

Vînt assombrir, parfois, de leurs fronts le contour,

Comme sur un lac bleu que le soleil caresse

Font, en s’y projetant, les ombres d’une tour.

 

Au bonheur de tous deux, il manquait quelque chose

À leur bouquet d’amour il manquait une rose...

Un soir de propos tendre, elle tomba du Ciel.

 

Un mignonnet berceau reçut le petit ange.

Tous deux, baisant l’enfant, bénissent l’Éternel.

Sur leurs têtes, dès lors, l’azur est sans mélange.

 

 

 

Raoul BONNERY.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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