Le pèlerin

 

 

Va, pèlerin, poursuis ta route,

Prends ton bâton, boucle ton sac,

Reprends ta fatigue et ton doute

Chauffés au feu de ce bivouac.

 

Ce n’est plus l’heure de la halte,

L’ombre blêmit dans les lointains ;

Le rêve du départ t’exalte ;

Les derniers tisons sont éteints.

 

Laisse glisser au fond des mares

Ton reflet saisi par les eaux

Tandis que d’étranges fanfares

Montent des touffes de roseaux.

 

À travers le cuir des sandales

Les cailloux sont durs à tes pas ;

Les échos sonnant sur les dalles

Montent et n’en finissent pas.

 

Suis cette espérance qui guide

Ton cœur par l’amour écorché ;

L’étoile annonce au ciel livide

Le pardon pour prix du péché.

 

Sur le chemin qu’éclaire à peine

Le premier rayon du matin,

Marche jusqu’au bout de ta peine...

Va jusqu’au bout de ton destin !

 

 

 

Gaston BOURGEOIS,

Au bout du vent,

Éditions Revue moderne,

1959.

 

 

 

 

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