L’Ave Maria du soir

 

 

Salut, Marie !... à toi, Vierge des douces heures,

Sur la terre et les eaux, salut, Reine des cieux,

Qui, d’un rayon d’amour versé sur nos demeures,

Comme un astre de paix, viens caresser nos yeux !

 

Salut, Marie !... est-il, dans la course ordonnée

Du temps comme à regret à l’homme mesuré,

Une heure plus suave, une heure couronnée

D’un plus saint diadème en l’espace azuré ?...

 

Ah ! bénis soient les lieux où mon âme ravie

De cette heure charmante a senti les douceurs,

Et, déployant son aile en des flots d’harmonie,

S’élançait loin du monde et des profanes cœurs !

 

La cloche du hameau dans les airs balancée

Jetait au jour mourant un solennel adieu ;

L’hymne du soir, unie à sa voix cadencée,

Montait, simple et pieuse, aux arceaux du saint lieu !

 

Dans un calme profond s’endormait la nature ;

Pas un souffle dans l’air ne glissait... Seulement,

Chaque feuille des bois, en son léger murmure,

Exhalait sa prière au Roi du firmament.

 

La prière ! l’amour !... c’est toute notre vie !

Trop heureux ici-bas le mortel que sa foi,

Blanche étoile du soir, tendre vierge Marie,

Par ce double chemin, élève jusqu’à toi !...

 

 

 

Lord BYRON, Don Juan, chant III.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.

 

 

 

 

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