La berceuse à l’Enfant-Jésus

 

 

La Vierge berce, berce encor,

Mais son Jésus point ne s’endort.

 

Dormez, les bergers vers la lande

Sont repartis tout pleins de Ciel.

Ils ont laissé leur humble offrande :

Du beurre et ce gâteau de miel.

Fermant vos yeux couleur du jour

Endormez-vous, mon bel Amour.

 

Apportant l’or, l’encens, la myrrhe,

Mages viendront sur leurs chameaux ;

Gentiment daignerez sourire

À vos adorateurs royaux.

Fermant vos yeux couleur du jour

Endormez-vous, mon bel Amour.

 

L’heure sera si tôt venue

De vous fatiguer, bon Pasteur,

À chercher vos brebis perdues...

Mais maintenant, contre mon cœur,

Fermant vos yeux couleur du jour

Endormez-vous, mon bel Amour.

 

Au temps de la grande torture

Hélas vous ne dormirez pas

Sur votre couche étroite et dure !

Mais maintenant, entre mes bras,

Fermant vos yeux couleur du jour

Endormez-vous, mon bel Amour.

 

La Vierge berce, berce encor,

Mais son Jésus point ne s’endort.

 

C’est qu’Il attend qu’on lui ramène

Un pauvre gosse endolori...

Mais le voici, jetant sa peine

Aux pieds du Bambin qui sourit.

Fermant vos yeux couleur du jour

Vous dormirez, mon bel Amour.

 

Vierge, voyez, l’Enfant repose !

Pour s’endormir jusqu’à demain

Il ne voulait pas autre chose

Que mon cœur entre ses deux mains.

 

Fermant vos yeux couleur du jour

Dormez enfin, mon bel Amour.

 

 

 

André CAILLOUX, Fredons et couplets,

Beauchemin, 1958.

 

 

 

 

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