Rêve ou combat ?

 

 

Comme l’herbe insensible au bruit de l’avalanche,

Comme un frêle oiseau calme auprès du torrent fou

Et gazouillant, les pieds dans la cascade blanche,

Il me plairait d’humer les parfums du rêve, où

Me les apporterait l’orage ou le vent mou...

Je voudrais délaisser le clairon pour la flûte,

M’isoler des courants humains, et, puisqu’il faut

Des combats, ne les voir que de loin et d’en haut...

Seigneur, dois-je y rentrer, dans la sanglante lutte,

Pour secourir le bien comme on défend le mal ?

Permettez que je sois le chantre virginal

De votre œuvre : des eaux, des bois, des rocs étranges...

Oh ! parlez-moi, Seigneur, faites parler vos anges :

Me faudra-t-il demain, sans cesse, agir, lutter,

Du gouffre où le torrent tombe m’inquiéter,

Tandis que, sur ses bords, il fait si bon chanter ?

 

 

 

Jean CASIER.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

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