À saint Bernard

 

 

Grand moine encor debout sur l’écran du passé,

Votre robe rayonne une blanche lumière,

Et huit siècles d’amour n’auront point remplacé

Le nom qui reste au cœur de vos fils : « Notre père ».

 

L’Europe vous a vu passer comme un flambeau,

Portant partout la paix, portant parfois la flamme,

Distribuant le baume au plus petit troupeau,

Réservant aux plus grands l’apostrophe et le blâme.

 

Les croisés qu’embrasait votre verbe de feu

Se sont taillé des croix dans votre humble tunique ;

Il suffisait de vous entendre pour que Dieu

Redevînt le seul but et le Seigneur Unique.

 

Et voici que, marchant par des routes sans fin,

Vous soupiriez après votre cellule basse

Où pouvoir seul à seul prier à votre faim,

Où terrasser le corps sous l’âme jamais lasse.

 

Alors, sous tous les cieux épris de chrétienté,

La terre s’habilla d’un manteau d’abbayes ;

L’art nouveau s’est accru dans la virilité,

Cîteaux a des marais fait des terres bénies.

 

Pour avoir exalté du meilleur de vos chants,

Maître du pur amour, la Femme incomparable,

C’est encore aujourd’hui par vos mêmes accents

Que s’épanche à ses pieds notre lèvre coupable.

 

Lorsque Dante à Marie élevant son regard

Voulut atteindre au Siège où règne la Sagesse,

Il vous choisit pour guide ô « fidèle Bernard » !

Soyez celui qu’attend de vous notre faiblesse !

 

 

 

Guy CHASTEL.

 

Paru dans Marie en mars-avril 1954.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net