L’âne

 

 

Quand les poissons volaient et les forêts marchaient,

Et que les figues poussaient sur les épines,

Par une nuit que la lune était de sang,

C’est alors, pour sûr, que je suis né.

 

Moi ? Une tête énorme, un cri navrant,

Des oreilles comme des ailes errantes ;

Une démarche qui parodie le diable

Quand il se fait quadrupède ;

 

Un minable paria de la terre,

Une sempiternelle tête croche ;

Un affamé, un roué de coups, un bafoué,

Une bête muette, qui garde jalousement son secret.

 

Insensés ! J’ai connu aussi mon heure,

Ardente et douce, il y a longtemps :

Cette clameur joyeuse dans mes oreilles,

Et ces palmes sous mes pieds !

 

 

 

Gilbert Keith CHESTERTON.

 

Traduit de l’anglais par Paul Desmarins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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