Rêve d’enfant

 

 

                L’enfant sourit, dans son sommeil,

                À mille séduisantes choses.

                Tout prend sous ses paupières closes

Plus d’éclat que jamais n’en eut aucun soleil !

 

                Il lui semble, dans son beau rêve,

                Qu’il va ramasser, simplement,

                Comme des cailloux sur la grève,

Les étoiles dont Dieu sema le firmament.

 

                Il entend chanter sur sa tête

                Tout un concert mélodieux

                D’anges ou d’oiseaux qui font fête

Aux espoirs dont s’emplit son cœur insoucieux.

 

                Sous des lueurs d’apothéoses,

                En fantastiques tourbillons,

                Il voit sans surprise les roses

S’envoler, et courir après les papillons.

 

                Enfin, dans sa gloire éternelle,

                Dominant tout, planant sur tout,

                Le bon ami Polichinelle

Dans un nuage d’or et de pourpre est debout !

 

 

 

Paul COLLIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

 

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