La mort de Babylone

 

À Georges Rochegrosse.

 

 

Sous le vélum immense où se mirent les flammes

Des lampes, alanguis, les fronts sur les coussins,

Parmi les fleurs de pourpre, en des poses infâmes,

Exténués d’amour, ivres du sang des vins,

 

Gisent éperdument les buveurs et les femmes.

Voici l’instant fatal qu’ont prédit les devins :

L’orgie a terrassé leurs corps, tué leurs âmes ;

L’ange noir de la mort les livre aux assassins.

 

Nabuchodonosor, en sa robe magique,

Entouré de trésors, se dresse, léthargique,

Dominant le banquet encor silencieux ;

 

Et ses yeux n’ont pu voir, avec le jour livide,

S’avancer hardiment la multitude avide

Qui va piller la ville et briser les faux dieux.

 

 

 

Henri CORBEL.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1891.

 

 

 

 

 

 

 

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