Vanité de la science humaine

 

 

Qui se connaît soi-même en a l’âme peu vaine :

Sa propre connaissance en met bien bas le prix ;

Et tout le faux éclat de la science humaine

N’est pour lui que l’objet d’un généreux mépris.

 

Au grand jour du Seigneur, sera-ce un grand refuge

D’avoir connu de tout et la cause et l’effet ?

Et ce qu’on aura su fléchira-t-il un juge

Qui ne regardera que ce qu’on aura fait ?

 

Borne tous tes désirs à ce qu’il te faut faire ;

Ne les porte point trop vers l’amas du savoir ;

Les soins de l’acquérir ne font que te distraire,

Et quand tu l’as acquis il peut te décevoir.

 

Car enfin plus tu sais, et plus a de lumière

Le jour qui se répand sur ton entendement ;

Plus tu seras coupable à ton heure dernière,

Si tu n’en as vécu d’autant plus saintement.

 

La vanité par là ne te doit point surprendre ;

Le savoir t’est donné pour guide à moins faillir ;

Il te donne lui-même un plus grand compte à rendre,

Et plus lieu de trembler que de t’enorgueillir.

 

 

 

Pierre CORNEILLE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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