Le devoir

 

 

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Sous le ciel large et clair, sous le grand ciel de cuivre

Où s’égare l’haleine immense des autans,

Le voyageur pâli, que la douleur enivre,

Ouvre à l’air embrasé ses poumons haletants.

 

Il aspire on ne sait quel appétit de vivre ;

Et, la poitrine en feu, les membres palpitants,

Sentant, derrière lui, la mort qui doit le suivre,

Il en a le mépris dans ses yeux éclatants.

 

Et, sur la route grise où le marcheur s’avance,

Son pas sonore bat une grave cadence

Des sourires de l’aube aux silences du soir.

 

Les pieds dans la poussière et le front dans le rêve,

Il va, – car il entend là-haut, sans fin, sans trêve,

Les trompettes d’airain qui sonnent le devoir.

 

 

 

J. COURDIL.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1892.

 

 

 

 

 

 

 

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