La cavalcade

 

 

Au-dessus des passants s’agitaient dans les airs

Les drapeaux attachés à chaque balustrade ;

La foule emplissait tout, du quai jusqu’à l’estrade,

Où pour le grand banquet s’alignaient les couverts.

 

Velours rouges et bleus, satins jaunes et verts,

Galons, plumes, maillots, costumes de parade !

Moins les masques, c’était comme une mascarade ;

La bienfaisance prend des chemins si divers !

 

J’avançais, en quêtant, les yeux sur la fenêtre,

Où, dès les premiers pas, j’avais su reconnaître

Celle dont la beauté met les cœurs en émoi.

 

Un long regard tomba, quand tomba son offrande.

Le pauvre a reçu l’or – ah ! que Dieu le lui rende ! –

Mais lui, ce doux regard je l’ai gardé pour moi.

 

 

 

Eugène DALZAC.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1892.

 

 

 

 

 

 

 

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