Féerie alpine

 

 

                                                      À M. de Venose.

 

Immense, immaculé sous le firmament bleu,

L’Oisans a déployé ses froides draperies,

Sa givrante candeur et ses cristalleries

Que l’aurore parfait de ses ailes de feu.

 

Les monts se sont parés de leur splendeur d’hermine,

Les crêtes et les dents semblent mordre l’azur,

Et l’on voit revêtant de grâces le roc dur,

Des étoiles de neige et des fleurs d’opaline.

 

La source dans son lit n’a plus que des glaçons,

Le sapin disparaît sous sa mantille blanche,

Parfois le grondement lointain d’une avalanche

Ébranle les versants de terribles frissons.

 

Les gouffres fascinants du néant des abîmes

Fissurent des séracs le verglas virginal,

Et par-delà le jeu des orgues de cristal,

S’entend la voix de Dieu qui souffle sur les cimes.

 

 

 

Frédérique DECLÈVE.

 

Paru dans Rythmes et couleurs  en 1961.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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