Bouquets rustiques

 

 

                                                                 À ma Mère

 

 

J’AI fait pour la maison deux gros bouquets champêtres

Comme ceux que faisaient autrefois nos ancêtres

Pour la Vierge qu’ils priaient le soir assemblés,

Afin qu’elle bénît et protégeât leurs blés.

L’un est sur la corniche et l’autre sur la table.

L’odeur qui s’en dégage est fraîche et délectable ;

Et la Madone à qui j’ai donné le plus beau

Sourit à mon offrande en haut du vieux tableau.

Lorsqu’approche le soir, et que par la croisée

Entre-baillée encor s’évade ma pensée,

Dans les friches obscures que la nuit met en pleurs

Je rêve de marcher en odorant des fleurs.

Et quand l’aube renaît, – parmi les clématites,

Les roses de forêt, les pâles marguerites,

Rêvant d’avoir dormi, – je m’éveille en chantant

Le poème éternel d’un éternel printemps.

 

 

                                            VICTORIAVILLE, MAI 1011.

 

 

 

Alphonse DESILETS, Mon pays, mes amours, 1913.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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