Bon sang ne ment

 

 

                                                 À mon ami Montreuil,

                                                         de l’Ancienne Lorette.

 

AIMONS-LA d’un amour infrangible et croissant,

La terre paternelle au cœur vaste et puissant,

La terre où fume encor dans l’ombre des broussailles

Le souvenir sacré des anciennes batailles.

Rentrons, l’œil fier, le front impassible comme eux

Dans le sillon béni qu’ouvrirent nos aïeux.

La terre a des trésors de joie insoupçonnée

Qu’on retrouve dans chaque gerbe moissonnée.

Tous les tressaillements d’espoir et de fierté

Dont le cœur des anciens se sentit transporté ;

La satisfaction de se savoir tranquille

Et libre du tracas de la cité servile ;

La gloire de régner, paisible souverain.

Sans épée homicide et sans masque d’airain ;

La sainte volupté des visions lointaines,

De l’air pur qu’on aspire et du bruit des fontaines ;

Le chant mystérieux qui proclame partout

Le divin Créateur et le Maître de tout :

Cet ensemble de paix et de beauté splendide

Partagera ta vie humble, simple et candide,

Cher ami de la glèbe, et sera le paiement

D’un devoir magnifique accompli vaillamment.

 

 

 

Alphonse DESILETS, Mon pays, mes amours, 1913.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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