Le Christ

 

 

Et, dans la solitude immense de la grève

Que traversent les vols larges des goélands,

Sur une croix, en un Christ aux membres dolents,

Un artiste pieux crucifia son rêve.

 

Or, l’heure fuit ; le vent bruit ; l’orage crève.

Le soleil arde et flambe en des midis brûlants ;

La lune dans les nuits traîne ses rayons lents,

Et les flots, hurleurs ou berceurs, chantent sans trêve.

 

Et là, dans l’or sanglant des couchers éclatants,

Dans les aubes d’argent, toujours, depuis les temps,

Par les printemps de joie et les étés de flammes,

 

Par les automnes doux et les hivers transis,

Les pieds usés par les baisers brisés des lames,

Le rédempteur de pierre ouvre ses bras noircis.

 

 

 

Maurice DONNAY.

 

Paru dans Les Annales politiques

et littéraires en 1908.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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