Petits oiseaux, chantez

 

 

De la branche qui vous vit naître,

Gentils oisillons du printemps,

Vous égayez l’écho champêtre

Par le ramage de vos chants.

 

Pour vous entendre ici les roses

Penchent leur petit front soyeux,

Répétez-leur les tendres choses

Que vous ont apprises les cieux.

 

Enorgueillissez la nature

Qui, pour vous payer de retour,

Vous prodigue la nourriture

Avec les soins de son amour.

 

Et chantez, pour l’âme qui prie,

La paix des séjours inconnus ;

V os voix adoucissent la vie

Que rudoient nos espoirs déçus.

 

Chantez pour celui qui soupire

Le bonheur qu’il a regretté ;

Et, sur le front qui peut sourire,

Petits, rappelez la gaîté.

 

Chantez la fin du jour qui tombe

Et ses prismes mystérieux ;

Chantez la nuit, chantez la tombe

Et leur repos majestueux....

 

Ainsi que vous l’essaim des songes

Au reflet de l’illusion,

Chemine à travers les mensonges

Que berce l’humaine raison.

 

Car, hélas ! nous n ‘avons point d’ailes

En notre course à l’idéal,

Et nos chimères infidèles

Sombrent en leur courant fatal.

 

Pour obvier à la tristesse

Que forment nos soins répétés,

Ici, semant un peu d’ivresse,

Petits oiseaux, chantez, chantez !

 

Chantez la chimère inconnue

Et notre espoir en l’avenir ;

Chantez pour les âmes émues

Les pardons et le souvenir !

 

Venez, par vous les voix célestes

Semblent toucher le cœur humain ;

Venez chantez, aux toits agrestes

Vivra l’espoir d’un lendemain.

 

 

 

Louis-Joseph DOUCET, Ode au Christ

suivie de Pièces religieuses et patriotiques, 1910.

 

 

 

 

 

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