Un pauvre

 

 

Un pauvre frappe à ma porte,

Il est triste, il est glacé

Et de la douleur qu’il porte

Son pauvre cœur est blessé.

 

Son habit couvert d’usure

Insiste mieux que sa voix,

Et les traits de sa figure

Parlent d’épreuve et de croix.

 

Pendant qu’il fait sa tournée,

Qu’il va seul et défaillant,

Le feu dans ma cheminée

Reste clair et pétillant.

 

Ma vie a pourtant des charmes

Et des instants de bonheur,

Mais ce pauvre avec ses larmes

Hélas ! a troublé mon cœur.

 

Je ne serai pas heureuse

Qu’il n’ait partagé mon pain

Et qu’il n’ait de sa main creuse

Pris l’obole de ma main.

 

 

 

Éva O. DOYLE,

Le livre d’une mère,

1939.

 

 

 

 

 

 

 

 

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