Le soir quand tu reviens

 

                                                À mon mari.

 

 

Quand j’ai depuis longtemps épié ton retour

Et que tu me reviens, las des ennuis du jour,

Je veux qu’autour de nous chaque chose te plaise

Et, revoyant ton fils, que tu soupires d’aise.

 

Je veux qu’indifférent aux jaloux, aux moqueurs,

Qui nourriront toujours l’amertume en leurs cœurs,

Tu goûtes près de nous un bonheur si tranquille

Qu’il te reposera des vains bruits de la ville.

 

Ne revenons jamais sur les discours des sots.

Ils ont pour nous blesser toujours de vilains mots.

Crois-moi, ces gens méchants dont l’âme est bien vulgaire,

Las de parler tous seuls, finiront par se taire.

 

Ceux qui sèment la haine et la division,

Ceux qui mêlent leur vie à tant d’aversion

Et qui vont s’abreuver aux flots de la rancune,

Ceux-là sont malheureux, plaignons leur infortune.

 

Mais pardonnons toujours, afin que l’Éternel,

Nous trouve préparés au grand jour du rappel

Et que nous jouissions du bonheur qu’Il accorde

À ceux qui sur la terre ont fait miséricorde.

 

À force de pardons, protégeons nos berceaux,

Que la haine jamais n’agite leurs rideaux,

Mais qu’un ange de paix, la nuit quand tout sommeille,

Vienne effacer le mal qui nous brisa la veille.

 

C’est pourquoi je voudrais, le soir à ton retour,

Lorsque tu me reviens, las des ennuis du jour,

Que tout autour de nous te sourie et te plaise,

Et revoyant ton fils, que tu soupires d’aise.

 

 

 

Éva O. DOYLE,

Le livre d’une mère,

1939.

 

 

 

 

 

 

 

 

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