Neige

 

                                                                       À Tony Beltrand,

                                                                       xylographe.

 

 

Tombant du ciel ainsi que d’un manteau d’hermine

Qu’une déesse chaste à son col secouerait,

Par lents flocons la Neige a blanchi la forêt,

Argenté le sillon et coiffé la chaumine.

 

Toute herbe par les champs et les bois disparaît ;

Mais dans le sol profond où la sève chemine,

Jusqu’aux temps où l’azur de soleil s’illumine,

La Neige endort les blés et les couve en secret.

 

La semaille, plus tard, jaillira, gerbe vive,

Pour l’éternel festin dont l’homme est le convive ;

Et les grains précieux mûriront, épis d’or !

 

Ô Neige, tombe aussi dans nos âmes lassées,

Y glaçant vains désirs, égoïstes pensées,

Et fais germer le grain d’amour qui, frêle, y dort !

 

 

 

Philippe DUFOUR,

Poèmes légendaires, 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

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