Cantique à la Vierge Marie

 

 

Quand au somme mortel la Vierge eut clos les yeux,

Les Anges qui veillaient autour de leur maîtresse

Élevèrent son corps en la gloire des cieux,

Et les cieux furent pleins d’immortelle allégresse,

     Les plus beaux séraphins à son avènement

Volaient au-devant d’elle et lui cédaient leur place,

Se sentant tous ravis d’aise et d’étonnement

De pouvoir contempler la splendeur de sa face.

     Dessus les cieux des cieux elle va paraissant,

Les flambeaux étoilés lui servent de couronne,

La lune est sous ses pieds en forme de croissant,

Et comme un vêtement le soleil l’environne.

     Elle est là-haut assise auprès du Roi des rois

Pour rendre à nos clameurs ses oreilles propices,

Et sans cesse l’adjure au saint nom de sa Croix,

De purger en son sang nos erreurs et nos vices.

     C’est l’astre lumineux qui jamais ne s’éteint,

Où comme en un miroir, tout le ciel se contemple,

Le luisant tabernacle et le lieu pur et saint

Où Dieu même a voulu se consacrer un temple.

     C’est le palais royal tout rempli de clarté,

Plus pur et transparent que le ciel qui l’enserre,

C’est le beau paradis vers l’Orient planté,

Les délices du ciel et l’espoir de la terre.

     C’est la myrrhe et la fleur et le baume odorant

Qui rend de sa senteur nos âmes consolées ;

C’est le jardin reclus suavement fleurant,

C’est la rose des champs et le lys des vallées.

     C’est l’aube du matin qui produit le soleil

Tout couvert de rayons et de flammes ardentes,

L’astre des navigants, le phare non pareil

Qui la nuit leur éclaire au milieu des tourmentes.

     Étoile de la mer, notre sûr réconfort,

Sauve-nous des rochers, du vent et des naufrages ;

Aide-nous de tes vœux pour nous conduire au port,

Et nous montre ton Fils sur le bord du rivage.

 

 

 

Jacques DU PERRON.

 

 

 

 

 

 

 

 

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