Cantique d’un plus haut amour

 

 

Qui le dit c’est le vent qui souffle à mes roseaux

                Un air de solitude

Qui la chante à cent voix dans le jeu des oiseaux

Cette fureur d’aimer cette plaintive étude

Et ce seul testament ce long miserere

                D’un cœur plein d’éclater

Qui le dit, qui le clame en mille orgues fatales

C’est le jour, c’est la nuit, c’est à l’Agnus Dei

Tout au fond de la plainte une larme envahie

                Par des rumeurs d’étoile

Tout le dit ton malheur en ce qui te séduit

C’est l’amour qui te fuit aux forêts de la nuit

 

Nuit mon immense mer et ma rive incertaine

                Nuit qui connaît mon cœur

Et que je meurs de soif au bord de la fontaine

O ma prodigue nuit vers un hymne vainqueur

Pour gagner tes diamants à la force des rêves

                Mes jours n’ont point de trêve

Mais les jours mais ta soif et cette hydre toujours

Et ta folle dépense et ta même espérance

D’une coupe où goûter une yseulte présence

                Tout faut à ton amour

Amertume est le nom de tes pauvres délices

Et la plus douce coupe étincelle en calice

 

Qui le dit tout le dit le jour endolori

                Et cette solitude

Et toujours en ta nuit ce feu que tu nourris

De la cire des pleurs cette sollicitude

À quoi nul ne répond sinon sur une croix

                Ta plus intime voix

Pauvrette écoute-toi dans la rumeur commune

Confère ton enfance, écarte ton regret

Devers ta mort il est un horizon secret

                Qui change l’infortune

Il est dessous le bruit qui dévaste nos jours

Une fontaine où tinte un merveilleux amour

 

Cet amour qui le dit c’est la nuit d’ironie.

 

 

 

Jacques DURON.

 

Extrait de Poèmes retrouvés, Cailler.

 

 

 

 

 

 

 

 

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