L’ermite

 

 

Viens, calme nuit, toi qui consoles le monde !

Ton silence doucement descend sur la terre.

Les doux zéphyrs sommeillent.

Seul, dans le port, un nautonier,

Las d’errer sur les mers,

Chante à la gloire de Dieu son chant du soir.

 

Les nuages passent ; les années fuient.

Je reste seul et solitaire.

Le monde entier m’oublie...

Mais la nuit m’offre ses splendeurs,

Lorsqu’au bruissement des bois,

Je reste perdu dans mes pensées.

 

Ô calme nuit, toi qui consoles le monde !

Le jour m’accable et me lasse,

Déjà, la mer immense s’efface.

Ô, oublier mes peines et mes joies

Et dormir jusqu’à l’heure,

Où dans le silence de ces bois

Resplendit l’éternelle aurore !

 

 

 

Joseph von EICHENDORFF, Poèmes religieux.

 

Traduit de l’allemand par Albert Spaeth.

 

Recueilli dans Eichendorff, Poésies,

préface et traduction

par Albert Spaeth, Aubier, 1953.

 

 

 

 

 

 

 

 

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