Les hirondelles

 

 

Le peuple des oiseaux, comme celui des hommes,

                       A des penchants divers ;

Les uns quittent aussi le pays où nous sommes

                       En fuyant les hivers ;

 

D’autres dans les sillons d’une mer orageuse

                       Aiment à se croiser ;

Et le nocher pliant sa toile aventureuse

                       Voit leur ombre passer.

 

Quand la faux a tondu la blonde chevelure

                       De nos champs moissonnés,

Plusieurs glanent l’épi qui doit sous la ramure

                       Nourrir leurs nouveau-nés.

 

L’un cherche le grand jour, l’autre fuit la lumière

                       Et veut l’obscurité ;

L’un au palais des rois, l’autre sous la chaumière

                       Prend l’hospitalité.

 

Mais dans ce lieu d’exil, pour compagne fidèle,

                       Parmi tous les oiseaux,

Mon cœur par sympathie a choisi l’hirondelle

                       Qui vole sur les eaux.

 

Comme elle nous passons, comme elle, dans ce monde,

                       Cherchons des cieux meilleurs,

Et nous allons tous deux, rasant la mer profonde,

                       Nous reposer ailleurs !

 

Tu cherches le printemps, hirondelle légère,

                       Et l’homme le bonheur ;

Tu dois l’aller trouver sur la rive étrangère,

                       Et lui dans le Seigneur.

 

 

 

Alphonse ESQUIROS.

 

Recueilli dans Souvenirs poétiques

de l’école romantique, 1879.

 

 

 

 

 

 

 

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