Merci !

 

 

                            À Mademoiselle Marie-Jeanne D...

 

 

Puisqu’il n’est rien en nous, rien de vrai que le cœur,

Rien de bon que l’amour, sur la terre éplorée ;

Puisque plaisir, et gloire, et fortune adorée,

Sans lui, ne sont jamais que l’ombre du bonheur ;

 

Puisque rien n’est plus frais que vos accents limpides ;

Puisque rien n’est plus beau, ni plus doux, sous les cieux,

Que votre front penché, qu’un regard de vos yeux,

Que le sourire éclos à vos lèvres candides ;

 

Puisqu’en ces jours bénis, ou, dans les bois chantants,

Dans les prés, la Nature est partout refleurie,

Vous avez fait briller, si pur, Jeanne-Marie,

Sur mon âme un rayon de votre gai printemps ;

 

Puisque rien ne mérite, ici-bas, qu’on l’honore,

Hors le bien et le beau, fleur et parfum du ciel,

Et, puisqu’auprès de vous j’en ai goûté le miel,

Dans les heures du jour, et du soir à l’aurore ;

 

Enfant, votre regard, votre limpide voix,

– Sans cesse en moi chantant – votre divin sourire,

Votre grâce mignonne où la bonté respire,

Je les adore, et les entends, et les revois.

 

Votre image est partout dans l’air qui m’environne :

Elle pare les fleurs, elle éblouit mes yeux,

Si belle, qu’on dirait un séraphin joyeux,

Dont le front vers la terre, en se penchant, rayonne,

 

Et je me sens meilleur, et bienheureux aussi

D’aimer en vous un ange incliné sur ma vie ;

Et, de ce monde entier, il n’est rien que j’envie,

Rien que le cher bonheur de vous dire : « Merci ! »

 

 

 

V. FOULON.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1892.

 

 

 

 

 

 

 

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