À l’athée

 

                             À mon ami et maître Frédéric Bataille.

 

 

D’aucuns m’ont dit que Dieu, certes, n’existe pas,

Et goûtant par leurs sens les fruits de la matière

Ont nié devant moi toute cause première

Et refusé la vie à l’Auteur d’ici-bas.

 

– À sonder l’univers on est bien vite las,

Et devant l’infini l’âme la plus altière,

Oubliant son orgueil, murmure une prière ;

Car l’esprit s’épouvante à chacun de ses pas.

 

– Tu refuses de croire, athée au front morose ?

Que te sert de braver ? tu n’es pas le plus fort,

Et par la Mort demain ta bouche sera close !

 

Mais dans ta vanité tu t’insurges à tort ;

Car ton être a pâli, devant l’ouvrage immense

Qui nous parle de Dieu dans un vaste silence !

 

 

 

Georges FRANÇOIS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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