Le joueur de vielle

 

 

Humble joueur de vielle aux naïves chansons,

Qui, plaisant, fais danser aux noces, aux moissons,

Tu tournes pour deux sous des refrains de naguère.

C’est l’adieu du soldat qui s’en va pour la guerre,

Ou la plainte d’amour sous les balcons fleuris.

Les fenêtres du bourg s’ouvrent, et tu souris,

Comme un artiste noble aux terrasses d’un prince,

D’enchanter un instant des âmes de province.

Et tandis que pensif tu joues un air très vieux,

Tu fais lever peut-être en un cœur anxieux,

Chez l’enfant qui t’écoute en sa ferveur première,

Un désir d’harmonie, une aube de lumière.

 

 

 

Auguste-Pierre GARNIER.

 

Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,

poèmes choisis, introduction, notices et analyses par

Charles-Théophile FÉRET, Raymond POSTAL et divers auteurs,

Paris, Librairie Garnier Frères, 1920.

 

 

 

 

 

 

 

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