Le cœur

 

                                                  À M. Ph. Pierrot.

 

 

Il est des sols ingrats que couvrent en partie

Des végétaux suspects ou d’un contact mordant :

L’euphorbe, l’ononis y frôlent le chiendent ;

Le chardon, la stramoine y caressent l’ortie ;

 

L’aethuse y pousse encor, sous l’épine blottie ;

La cardère sauvage y dresse son trident ;

Mais l’églantine aussi, suave cependant,

De cette flore inculte est maintes fois sortie.

 

Et tel est notre cœur. Pêle-mêle, indistincts,

Là, vices, passions, tous les mauvais instincts,

Germent avec les pleurs, croissent auprès des transes.

 

Eh bien ! bénissons Dieu... Car sa droite a planté,

Dans les ronces du mal, dans le houx des souffrances.

Cette rose : l’amour, ce lis : la charité !

 

 

 

P. GENQUIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net