Conseil

 

 

Et Toi, mon Seigneur, Tu m’as dit : va devant toi sans plus t’inquiéter ni du temps ni de la distance

 

Puisque Je suis désormais près de toi, habile à te porter secours en cas de défaillance.

 

Et si l’hiver, ayant tout quitté, tu te retrouves seul sur la route

 

Frappe à la porte marquée de Mon signe et la maison s’ouvrira toute,

 

Et tu verras la part du pauvre chaque soir mise

 

Ainsi que le lit fait et l’hôte t’accueillant comme un autre moi-même.

 

Mais si tu pars au plus fort de l’été ou quand l’automne fait saigner la grappe lourde de Ma vigne,

 

Mêle-toi aux ouvriers sans attendre Mon signe

 

Afin qu’il te soit fait justice de ta peine

 

En ce lieu préservé où Mes granges sont pleines...

 

Et si le soir tu n’as personne à qui chanter ta joie de vivre

 

Recueille-toi sous le vieux chêne et laisse errer ton âme libre

 

En cette procession d’astres diamantés louant, d’un bout du monde à l’autre, Dieu trois fois saint

 

Que chaque chose en soi-même révère : l’arbre en sa prédication sublime dans le vent

 

Et ce soleil qui n’en finit pas de tourner vertigineusement

 

Rouge et superbe à l’horizon comme une rose de cathédrale...

 

 

 

Maurice GÉRIN,

Hymnes dans la Fournaise, 1960.

 

Recueilli dans

La nouvelle poésie belge d’expression française,

anthologie 1950-1960,

préfacée par Pierre-Louis Flouquet,

Unimuse, 1961.

 

 

 

 

 

 

 

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