Sonnet

 

 

TU seras donc toujours le douteur éternel,

Sombre chercheur humain ? Ta raison qui vacille

Va, d’erreur en erreur, à tout joug indocile,

Proclamant du néant le règne solennel.

 

Contente si tu veux, ton désir criminel,

Va, soutiens fièrement ta lutte difficile,

Chasse de ton foyer comme un hôte inutile

La pauvre âme accouplée à son tyran charnel ;

 

Creuse-toi, pour dormir, un lit dans la poussière,

Et dans ce trou profond, impénétrant et sourd,

Ô brute ! si tu peux, rends ton somme plus lourd,

 

Car si les âpres vers entrouvraient ta paupière,

Peut-être verrais-tu, fuyant l’œil de son Dieu,

Passer ton âme errante en un coin du ciel bleu !...

 

 

 

Amélie GEX.

 

Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,

publié par Charles Buet, 1889.

 

 

 

 

 

 

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