Ainsi que la vieille...

 

 

AINSI que la vieille à la mèche grise

                Vouée à l’église

Frotte lentement avec ses doigts gourds

                Tout au long du jour

 

Les joyaux d’argent qui dans l’ombre éclairent

                Le vieux reliquaire

Il faudrait frotter avec un velours

                Les mots de toujours

 

Les vieux mots usés par tant de souffrances

                Depuis chaque enfance

Par tant de manants et par tant de rois

                Par de saintes voix

 

Par tant d’amoureux à la bouche folle

                De chaudes paroles

Et les reposer avec douce main

                Avec tendre soin.

 

Ils feraient alors si brillant poème

                Que l’on verrait même

Dans son ciel d’amour un Dieu se pencher

                Pour mieux l’écouter.

 

 

 

Jules GILLE, Panier de pommes,

Éditions des Artistes, 1961.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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