Évocation

 

 

L’enclos n’est pas muet de nos vieux cimetières,

Leurs marbres sont moins froids que plus d’un cœur vivant ;

Allez parler à ceux qui dorment dans les bières,

Les aïeux répondront dans les soupirs du vent.

 

Vous écoutez nos voix, ô vieux amants des gerbes,

Vieux conquérants des flots et des sombres forêts ;

C’est vous que l’on entend dans le psaume des herbes

Chanter les blés nouveaux de vos anciens guérets.

 

Gloire à vous, défenseurs de nos plaines fertiles,

Gloire aux noms glorieux de vos ardents combats.

Gloire aux drapeaux sanglants de vos luttes viriles,

Héros qui fûtes grands mais ne le saviez pas.

 

Et vous, femmes, salut ! Vous gardiez vivace

L’amour de l’humble église et de l’humble terroir ;

Vous avez fait au sol se cramponner la race,

De vos âmes le ciel se faisait un miroir.

 

Comme l’ombre d’un mont au mur du crépuscule

S’allonge pour couvrir les pas des pèlerins,

Votre image grandit plus votre âge recule

Et plane sur nos fronts qu’elle garde sereins.

 

Salut, vous qui gisez sous les blancheurs tombales,

À l’ombre du calvaire où se tournaient vos yeux.

Nos fleurs pieusement vous ouvrent leurs pétales.

Votre mémoire en nous survit. Gloire aux Aïeux !

 

 

24 juin 1917.

 

 

 

Joseph GINGRAS, Fidélité,

Montréal, 1958.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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