François de Laval

 

 

Sur les flots miroitants, comme un oiseau lassé,

Refermant lentement la blancheur de ses ailes,

Le navire du Roi dans la rade a glissé...

C’est l’heure où sur Québec, l’or du couchant ruisselle ;

 

Figure sombre auprès des habits chamarrés,

Le prêtre, dominant son escorte à la proue,

Vers la ville a tourné son visage éthéré,

Plus irréel encor dans la lumière floue...

 

Au pied du roc casqué, couronné de son fort,

Le jour, qu’aide l’éclat des voiles et de l’onde

Qui blanchit les brisants, comme d’un glaive d’or,

Résiste au soir d’un long rayon de clarté blonde...

 

Mais l’ombre, surgissant de son rideau d’instants,

S’empare pas à pas du fleuve et des nacelles

Et repousse le jour vers la côte où s’étend,

De gradins en gradins, la Fille-Sentinelle...

 

Bientôt le soir s’élance à l’attaque des quais,

Et rongeant routes et maisons, une par une,

Escalade le cap, les remparts, les bosquets...

Et cette vision de Québec, toute brune,

 

Sur un ciel de printemps strié comme un émail

D’or, de vert, d’orangé, au prêtre qu’immobilise

Un son lointain de cloche, a semblé le vitrail,

Symbolique et troublant, de quelque immense église !

 

 

 

Paul GOUIN,

Médailles anciennes, 1927.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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