Ésaü

 

 

Ésaü revenait de la chasse, très las.

– Frère Jacob, dit-il, vite un peu de laitage.

Je meurs de faim, de soif. – Avec toi je partage

Ces lentilles, je vais en préparer deux plats.

 

– Soit ! – Que me donnes-tu ? – Je n’ai rien pris, hélas !

– Ah ! ce n’est pas assez, j’exige davantage.

Il te faut renoncer à ton droit d’héritage.

– Eh soit ! fit le chasseur en riant aux éclats.

 

Mais plus tard il versa plus d’une larme amère

Quand il vit le puîné, dirigé par sa mère,

Prendre le droit d’aînesse autrefois acheté.

 

Pauvre pécheur, ainsi Satan de toi se joue :

Il te donne un moment pour une éternité,

Et tu lui vends le Ciel pour avoir de la boue.

 

 

 

Abbé Jules GROSS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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