Sur la fosse

 

 

                                       La tombe donne un ciel au juste qui

                                          s’endort.

                                                                   ARNAULT

 

 

Mon fils, ne pleure pas sur cette chose inerte

Que présente à tes yeux ma tombe encore ouverte ;

Hâte-toi de couvrir ces restes refroidis,

Nourriture des vers, terribles ennemis.

 

Quitte ce lieu funèbre où plane la tristesse ;

Regarde vers le ciel, le séjour d’allégresse

Qui s’ouvre pour mon âme et l’invite à bénir

Le Dieu qu’elle a servi sans jamais en rougir.

 

Ton cœur, dans son exil, vers ce bonheur doit tendre ;

Et si parfois le ciel ne semble pas t’entendre,

C’est pour mieux éprouver ton amour et ta foi :

Aime, crois ; mais espère en la divine loi.

 

Retourne à la chaumière, enfant de ma tendresse,

Et pour vivre plus tard l’éternelle jeunesse

Garde ton âme à Dieu dans toute sa beauté :

Aujourd’hui c’est le temps ; demain, l’éternité !

 

 

 

Jean-Louis GUAY, Moisson de vie, 1931.

 

 

 

 

 

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